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11 / 09 / 2012 | 5 vues
Audrey Minart / Membre
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Retour aux sources de la solidarité syndicale

Beaucoup craignent une approche individualisée de la santé mentale. « C’est l’approche que privilégie le patronat. Envoyer leurs salariés vers les psychologues est plus facile que de discuter des conditions de travail », affirme Alain Alphon-Layre, de la commission santé CGT. Mais tous les salariés n’ont pas envie d’appeler les numéros verts et autres services d’assistance psychologique qui leur sont proposés par les DRH, alors les demandes d’aide adressées aux syndicalismes se multiplient. Sauf que ces derniers ne se sentent pas toujours assez armés face la détresse psychologique.

  • Les choses se corsent encore quand il apparaît que les délégués syndicaux se trouvent eux-mêmes particulièrement exposés aux risques psychosociaux.


Le syndicat de la Fédération des Travailleurs Québécois a fait le choix de l’accompagnement. Ainsi, 2 500 délégués sociaux bénévoles, formés par le syndicat, ont pour mission de réintégrer dans l’entreprise les salariés ayant rencontré des troubles psychiques. Ces « réseaux d’entraide » sont apparus au départ pour lutter contre l’addiction. Il s’agit d’une prise en charge psychologique, sociale, amicale… « S’il remet en cause l’organisation syndicale classique, ce système renvoie aussi à l’essence du syndicalisme : la solidarité », considère Loîc Lerouge, chargé de recherche sur les risques psychosociaux au CNRS, qui a observé pendant 3 mois les modes de prévention des RPS au Québec, dans le cadre d'une approche comparative internationale qu'il conduite.

Le syndicalisme français n’est pas plus préparé à la « pauvreté laborieuse ». Une impuissance qui peut s’expliquer par l’histoire du mouvement syndical mais la crise fait que les délégués syndicaux sont de plus en plus confrontés à l’exclusion sociale. D’autant que les services d’assistance sociale des entreprises se réduisent comme peau de chagrin. Pour Chantal Richard, secrétaire confédérale de la CFDT, en charge du dossier « insertion, exclusion, chômage », aider les travailleurs pauvres fait partie intégrante du rôle d’un syndicaliste. « Nous défendons des valeurs d’émancipation et de solidarité et devons donc remplir un rôle de facilitateurs, de sources d’information. Nous sommes aptes à nous occuper d’eux ». Elle est pourtant la première à reconnaître que les réticences ne manquent pas chez les adhérents. La pauvreté laborieuse, que l’on pensait éradiquée, est réapparue dans le courant des années 1990. Non habitués, les militants syndicaux ne savent pas toujours comment réagir face aux salariés en difficulté.

  • La coordination entre les syndicats et les associations tente de se développer depuis peu. Sur l’impulsion d’un collectif animé par l’UNIOPSS (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux), associations et partenaires sociaux s’efforcent depuis 2004 de trouver un moyen de collaborer ensemble. Un processus très lent du fait de la confrontation de deux cultures professionnelles différentes et de l’absence actuelle de véritables passerelles. Agir avant même que la précarité ne s’installe n’était pas, pour les professionnels de l’action sociale, une évidence. Malgré toutes les bonnes volontés, les collaborations concrètes entre syndicats et associations de lutte contre l’exclusion sont encore extrêmement rares pour anticiper la précarité.

Difficile pour les syndicats de tirer profit de la fibre solidaire qu’ils sont susceptibles de développer. Tant sur le plan électoral qu’au niveau des adhésions. L’essence de la solidarité en somme…
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