La direction d’Areva et l’ensemble des organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC et UNSA Spaen) ont signé un accord de groupe appelé contrat social NAH (New Areva Holding) 2017.
Une négociation imposée
Cette négociation était donc plus imposée par l’obligation de « remonter le moral des troupes » que de redresser la compétitivité salariale.
La négociation a été engagée à l’initiative de la direction générale au niveau du nouveau groupe NAH, créé par la scission de l’ancien groupe Areva en deux entités distinctes dont New Areva Holding, périmètre du nouvel accord, concernant 16 entreprises et environ 14 000 salariés. Cette négociation imposée était rendue nécessaire par la forte démobilisation observée chez le personnel suite au PSE Areva, entraînant 4 000 départs, et à 4 années de blocage salariaux qui ont dégradé le climat social. Reste le sentiment partagé par beaucoup de salariés de faire les frais des fautes stratégiques du groupe Areva : ses investissements dans URAMIN, sa gestion calamiteuse du contrat OL3 et ses échecs dans la diversification par les renouvelables... Cette négociation était donc plus imposée par l’obligation de « remonter le moral des troupes » que de redresser une compétitivité salariale qui n’est pas à l’origine des problèmes du groupe Areva.
Des difficultés multiples
La première difficulté est le choix de la direction générale de mélanger des thèmes sociaux ayant des conséquences différentes selon les entreprises et les catégories professionnelles. Le choix d’une « convergence » des forfaits-jours des salariés cadres ou la renégociation des conditions d’intéressement et de participation dans des entreprises ayant des situations et des historiques très différents en sont l’expression. Les logiques d’intérêts des salariés pouvaient très bien s’opposer dans le déroulé de cette négociation et la recherche d’un équilibre a été assez difficile à obtenir. La remise en cause des accords a constitué une difficulté supplémentaire dont il a fallu tenir compte.
Des négociations « âpres et serrées »
Les négociations ont été « âpres » car les principes de compensation n’étaient pas garantis au démarrage des échanges. Elles ont été serrées parce que la forme a lentement évolué au gré des rapports de forces. Si la compensation du ratio de rémunération sur temps de travail pour les forfaits cadres a été obtenue, une surenchère catégorielle a failli la mettre à mal… La CFDT Areva, a, de son côté, proposé un système « flexible » de forfait permettant aux salariés cadres d’opter pour un forfait compris entre 203 et 215 jours par an, adaptable selon le choix de vie (en fonction de la priorité annuelle du salarié : famille, investissement, rémunération et carrière) et en adéquation totale avec la notion d’autonomie au travail induite par le travail au forfait. Cette proposition a été repoussée par la direction générale pour décider une base de 215 jours avec un aménagement à 209 jours pour certaines entreprises filiales (celles actuellement à 203 jours). De plus, les échanges ont été tendus sur les aspects salariaux. Le personnel du groupe, marqué par 4 ans de blocages des salaires, était en attente d’une mesure de relance. Au final, la proposition de 1,6 % en masse avec une augmentation générale de 1 % pour les OETAM et 0,7 % pour 90 % des cadres a été retenue. La mise en place d’une participation aux bénéfices du groupe a été négociée, associée à une clause de retour en bonne fortune soumise à des conditions de résultats opérationnels. Enfin, des dispositions ont été adoptées en matière de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, soutenues par la CFDT Areva. Un volant de recrutement (hors PSE) d’apprentis a été contractualisé ainsi qu’une négociation future sur l’aspect gestion et valorisation des compétences.
Un équilibre circonstancié
La CFDT Areva est signataire. Dans le contexte actuel, ce texte a été jugé globalement positif mais la CFDT émet des réserves sur l’équilibre à long terme de l’accord. Les dispositions suffiront-elles pour remotiver un corps social d’Areva mis à mal et quelque peu désabusé par les problèmes stratégiques d’Areva ? Le forfait jours à 215 répondra-t-il aux besoins des salariés cadres dont un certain nombre quitte Areva pour retrouver des conditions plus favorables dans des grands groupes français ? Pour les organisations syndicales, l’équilibre consistait en une adhésion circonstanciée liée au contexte. Il s’agissait plus de limiter la casse et de prendre ce qui pouvait l’être. Les prochaines négociations sur la révision du CET et de l’épargne salariale pourraient être aussi difficiles, voire agitées. Regagner de la confiance par la négociation est aussi un enjeu de dialogue social. La CFDT d'Areva a pris ses responsabilités et ne s’est pas dérobée à sa mission de garantir et sécuriser les droits des salariés.