Organisations
Délégué médical, pas délinquant !
Quelle injustice grotesque !
Avant d’accuser de la sorte, il serait bon que nos politiques, dans une recherche d’honnêteté, se penchent plus précisément sur ce qu’est la visite médicale.
Il est nécessaire de rappeler que l’accès au marché du médicament est sans nul doute le plus réglementé et le plus encadré par les autorités de tutelle.
Être visiteur médical, c’est exercer un métier contraint par une multitude de textes et notamment la « charte de la visite médicale », qui impose non seulement une formation sans cesse remise à jour sur les médicaments, mais également une obligation d’information sur le « bon usage » des médicaments présentés.
- Le « bon usage », une expression toute simple pour regrouper les indications, contre-indications, effets secondaires, interactions médicamenteuses des médicaments présentés, auxquels s'ajoute un rôle impératif dans le recueil de données de pharmacovigilance.
La vraie question à se poser est donc : « où le bât blesse-t-il ? »
Et si cela résidait dans l’expression « médicament présenté » ?
- Aujourd’hui, la visite médicale ne concerne que les médecins et les médicaments jugés rentables par les dirigeants de l’industrie pharmaceutique, et les autres ne font plus l’objet depuis quelques années de visite médicale, donc plus d’information régulière sur le bon usage. Nous pouvons donc penser que lorsqu’un laboratoire pharmaceutique arrête la visite médicale concernant un médicament, il génère, à plus ou moins long terme, une potentielle prise de risque pour le patient qui le consomme.
À qui en incombent donc les responsabilités ?
Aux dirigeants de l’industrie pharmaceutique, qui sont en perpétuelle recherche de rentabilité ?
Aux pouvoirs publics, qui en autorisant les plans sociaux successifs dans les réseaux de visite médicale des laboratoires, cautionnent le fait que seuls les produits majeurs de la pharmacopée bénéficieront d’une visite médicale dans les règles de bon usage ?
Certainement pas aux visiteurs médicaux, qui ne font que ce qu’ils peuvent, en se demandant si demain ils auront un emploi.
Alors de grâce, cessez de taper sur une profession qui ne demande qu’à exercer honnêtement son métier : l’information complète auprès de tous les partenaires de santé sur tous les médicaments disponibles en France. Gageons qu’ensuite, la prise de médicament sera moins une prise de risque ! Comme le disait Paul Montastruc éminent pharmacologue de l’Université Paul Sabatier de Toulouse, « on ne prescrit bien que ce que l’on connaît bien »…