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12 / 11 / 2009 | 5 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Pourquoi la direction de Renault attend-t-elle pour négocier un accord de prévention du stress ?

Renault a été l'une des premières entreprises à être sur la sellette en 2006 sur le sujet des suicides qui était alors tabou. Il a fallu qu'un troisième suicide survienne en octobre 2006 au Technocentre pour que les élus du CHSCT n° 2 du Technocentre (bâtiment ruche) votent le recours à une expertise pour risques graves. Des débats internes agitaient alors tous les syndicats. Fallait-il ou non communiquer sur ces drames au risque de se faire taxer d'exploiter la situation ? La décision de médiatiser et de recourir à une expertise s'est imposée avec la défenestration d'un ingénieur en pleine journée en octobre 2006.

Cette fois, la direction n'était plus en mesure de contester en justice le recours du CHSCT contrairement à ce qu'elle avait fait quelques mois auparavant sur le site de Rueil-Lardy. La pression médiatique et celle des salariés étaient devenues trop fortes. La direction s'est adaptée en sortant d'une approche unilatérale sur la prévention du stress. Sauf que l'accord qui introduisait une commission paritaire dédiée à l’amélioration des conditions de vie et de travail des équipes ne courait que sur l'année 2008. Alors que les syndicats se montrent critiques sur les mesures correctives, la négociation d'un accord pérenne de prévention du stress n'est toujours pas sur la table. Aujourd'hui, la CGT et Sud refusent de participer aux réunions paritaires sur le stress et demandent un retour dans le circuit des CHSCT.

Avant de mettre sur la table la négociation d'un accord national de prévention du stress, la direction de Renault attend que les deux cabinets missionnés, Technologia et Stimulus, par la commission paritaire rendent leurs rapports respectifs. Ils devraient le faire d'ici la fin de l'année. En attendant, PSA a déjà signé son accord de prévention avec Stimulus comme prestataire sélectionné.

 

Les conditions pour lancer une négociation sont d'autant moins réunies depuis la plaidoirie de l'avocate de la direction devant le tribunal des affaires de Sécurité sociale (tass) de Nanterre le 19 octobre dernier, dans le cadre du procès pour « faute inexcucable » engagée par la veuve d'un ingénieur qui s'était défenestré en octobre 2006 au Technocentre de Guyancourt. La direction a en effet exploité les notes d'une psychiatre du cabinet Technologia pour argumenter sur la source extra-professionnelle de son « syndrome anxio­dépressif ». Voilà donc une direction qui profite paradoxalement des conclusions d'un cabinet choisi dans le cadre d'un recours à expertise du CHSCT.

 

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