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06 / 04 / 2009 | 41 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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La question qui fâche: pour ou contre les statistiques ethniques ?

Vous avez été une dizaine à participer à la discussion ouverte 18 mars sur le sujet des statistiques ethniques puisque Yazid Sabeg, le commissaire à la diversité et à l'égalité des chances, a mis les pieds dans le plat. Vos avis sont largement opposés à l'idée d'une mesure statistique de la diversité ethnique. Tout le monde s'accorde pourtant à dire qu'il y a bien un problème de discrimination ethnique. Petite synthèse des échanges. N'hésitez surtout pas à faire rebondir la discussion.

Non aux statistiques, même sur la base du volontariat

Les arguments ne manquent pas pour s'opposer à la piste des statistiques ethniques. Même sur la base du volontariat. Le plus récurrent part du principe que la statistique ethnique serait incompatible avec les fondements républicains. Un levier au service du communautarisme. « Il n'appartient pas à une société laïque de communautariser les entreprises », lance Philippe Bosserdet.  Pour François Muller, «  ce ne sont  que des mensonges démagogiques destinés à bien connaître les membres des communautés pour les cantonner où ils sont afin d'établir et de maintenir l'ordre voulu par l'élite, en l'occurrence une sorte d'ordre ethnique. » Gilbert Caillat déroule une argument assez proche : « certains se complairont à montrer qu'il y a plus d'africains musulmans balayeurs que de lapons mormons chefs d'entreprise, et en déduiront des prévisions de vente pour des nettoyeurs à haute pression d'une marque connue... »

Des statistiques pour justifier des quotas ?

Le sujet des quotas et de la discrimination positive sont en arrière plan des argumentations. Selon Claire Edey Gamassou, « il ne s’agit pas de lutter contre les inégalités ni contre les préjugés discriminatoires car les études existent en la matière (Drees, Dares, Cereq, Observatoires des inégalités,  …) et les mécanismes sont connus. Cette volonté de chiffrer ne peut avoir qu’un but, celui de mettre en œuvre des quotas et des mesures de discrimination positive » Là encore François Muller y voit de la démagogie en « en distribuant quelques sucreries à chaque communauté. »

Extension de la mesure à la société civile ?

Pendant ce temps, Christophe Perrillat-Charlaz soulève que le dispositif de mesure devrait, pour apporter un « semblant de pertinence », permettre de comparer les répartitions dans les entreprise par communautés aux répartitions au sein de la population. Une extension express à la société civile...Le tout en soulevant un paradoxe : « je n'aborde pas l'attitude schizophrénique qui consisterait d'une part, en tant que recruteur, à faire fi de l'appartenance réelle ou supposée à .... en tant qu'ils ne sont pas des éléments pertinents dans la mesure de l'aptitude à tenir un poste  et d'autre part à mettre en place un système de comptabilisation sur des critères que j'étais censé ignorer. »

Ne pas se cacher la tête dans le sable


Reste que cette question de la mesure de la diversité démontre selon Nicole Dutheil que l'on est  « encore bien loin de l'intégration ». « Nous ne devons pas nous cacher la tête dans le sable » rétorque Pierre Raimu.  Mais avant de mettre le sujet sur la table, Stéphane Pacceu invite à se poser une série de questions : « le programme de l'affirmative action aux Etats Unis donne t-il de bons résultats en matière de non discrimination ? le secteur public donne t-il l'exemple ? Nos hommes politiques donnent-ils l'exemple ? »

Sébastien Darrigrand, s'interroge aussi en constatant « que les partis politiques n'ont même pas de secrétaires chargés de la diversité. » Lui qui voit dans le label diversité un bon outil de mesure « à condition qu'il soit adapté aux PME et TPE ». Les « accords d'entreprise sur la diversité », constitueraient aussi de bon outils de mesure ajoute Pierre Raimu.  La question posée par Yazid Sabeg inspire des ouvertures. Pour Remy Aufrère, « il s'agit là de la plus mauvaise réponse qui soit pour répondre à un vrai problème, celui de la discrimination sociale! » En attendant au ministère des finances où un comité consultatif sur la diversité vient de voir le jour, « le volet ethnique n'a pas été suggéré », rapporte Marie José Defrance.

Une chose est claire, les anti-statistiques ethniques ne s'estiment pas être des « hypocrites » jouant aux autruches. 
 

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