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09 / 11 / 2017 | 19 vues
Didier Cozin / Membre
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Les 35 heures pourraient avoir gravement nui à la formation des travailleurs

Si en 2000 les 35 heures ont parfois été présentées comme du temps libéré pour la formation, il n’en a rien été depuis 17 ans dans les entreprises et la plupart des salariés considèrent encore qu’ils ne peuvent et doivent apprendre que sur leur temps travaillé.

L’attention multipliée par le temps produit du savoir et de la connaissance (K = A x T)

Idriss Aberkane nous l’explique dans ses livres et conférences : le savoir (knowledge) est égal au temps passé (à apprendre) multiplié par l’attention portée aux apprentissages (la motivation, les efforts durables et la capacité de s’abstraire aussi bien de son travail que des loisirs, numériques ou autres).

  • Selon l'INSEE, 1 à 3 minutes par jour est le temps moyen que les salariés consacrent à l'apprentissage.
  • 6 heures par an pour un homme ouvrier, 12 heures pour une femme, 16 heures environ tous salariés confondus : tout cela est très peu dans une économie devenue celle de la connaissance.
Au-delà des budgets (toujours insuffisants) et de la complexité créée par l’État et les partenaires sociaux, c’est bien le temps pour apprendre qui manque le plus depuis les années 2000 en France.

Quand l’économie va bien on n’a pas le temps ; en cas de crise, on n’a plus les moyens ni l’envie d’apprendre.

C’est bien simple, on n’a jamais plus le temps d’apprendre dans notre pays et quand il nous faudrait passer au moins 150 heures par an à apprendre (10 % du temps travaillé), nous y consacrons une moyenne de 16 heures par an (avec de grandes disparités et un nombre d’heures bien plus faible pour les moins qualifiés).

Les 35 heures ont handicapé les apprentissages professionnels

  • Elles ont été quasi-exclusivement associées au temps des loisirs (comme lors de l’invention des congés payés en 1936 alors que notre contexte historique et social était fort différent).
  • Elles ont intensifié le travail des salariés, rendant toute prise de temps supplémentaire (pour se former notamment) très difficile.
Les 35 heures n’ont donc en rien été une libération pour apprendre. Au contraire, elles ont sans doute contribué à réduire un peu plus le temps consacré à apprendre.

En 2004, le DIF aurait pu être réalisé sur le temps libre.

En 2004, lors de la mise en œuvre du droit individuel à la formation, les pouvoirs publics ont tenté d’introduire la formation hors temps de travail (avec une allocation de formation égale à 50 % du salaire horaire net) mais cette possibilité de se former hors temps de travail n'a trouvé quasiment aucun écho dans le monde du travail :
  • les employeurs ne voulaient ni ne pouvaient payer des allocations de formation (prises dans ce cas sur des budgets de formation déjà insuffisants, sans remboursements par les OPCA) ;
  • dans leur immense majorité, les salariés ont refusé de se former sur leur temps libre.

Pendant 10 ans, à peine 6 % des salariés se sont formés via leur DIF. Désormais, 1 à 2 % des salariés recourent à leur CPF, principalement parce que le temps manque partout pour se former.

En Allemagne (abondamment citée par les pouvoirs publics), la formation a lieu en partie sur le temps libre des salariés (pour un tiers de ce temps environ).

En 2014, les pouvoirs publics ont prétendu avec le CPF installait à nouveau la possibilité de se former sur le temps libre (sans aucune allocation formation, cette fois).

Mais le CPF est un triple échec, pour l’État (qui a contribué à déresponsabiliser les employeurs quant au développement des compétences, externalisé vers le compteur impuissant du CPF) pour les partenaires sociaux (qui sont les premiers responsables de la complexité et du manque de financements pour ces formations généralisées) et pour les entreprises qui ne pourront retrouver une réelle compétitivité si elles renoncent à former tous leurs salariés (la formation sans l’employeur n’est qu’un exercice théorique, la plupart du temps inutile pour le travail).

Pour sortir la formation de l’ornière éducative actuelle, il faudrait que chacun s’approprie un nouvel espace-temps, celui du développement des compétences.

Pour sortir de l’atonie actuelle de la formation (personne ne se forme, les organismes périclitent ou sont noyés sous la paperasse et des obligations surréalistes comme celles de garantir la « qualité »), les pouvoirs publics pourraient révolutionner la formation. C’est possible avec conditions :
  • une formation se déroulant désormais sur le temps libre (« libéré » justement par les 35 heures) ;
  • une formation cofinancée par les salariés et les employeurs (tous les employeurs sans exception, y compris dans les TPE) ;
  • enfin, une formation libre et ouverte dans tous les domaines comme la loi l'indique depuis 1971 (pour des formations culturelles par exemple), avec pour seul fil conducteur les envies et les capacités de chacun.

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