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Rémunération globale chez Renault : l’écart entre les membres du comité exécutif et les salariés devient de plus en plus insupportable et choquant !
La rémunération du PDG s’appuie sur 4 « étages » :
- une part fixe de 1 230 000 euros inchangée depuis 2011
- + une part variable, proportionnelle au fixe, jusque 150 % et s’appuyant sur des critères financiers et extra-financiers des résultats de l’année précédente
- + une part variable différée : 75 % du variable précédent est transformé en actions et soumis à critères financiers sur 3 ans pour être définitivement acquis 4 ans après
- + des actions de performances qui ont remplacé le système de stock-options précédent, soumises à critères financiers pendant 3 ans et acquises 4 ans après.
Structuration de la part variable : enfin des critères non financiers, mais qui ne pèsent pas assez dans la rétribution
Sur 150 % de la part variable, 90 % sont liés à des critères financiers (MOP, ROE, FCF) et 60 % à des critères extra-financiers dont :
- les volumes de véhicules contractualisés dans le contrat de compétitivité,
- une stratégie de recherche et développement pluri-annuelle,
- des émissions CO2 en baisse avec « Renault leader »,
- une mise en œuvre de la responsabilité sociale de l’entreprise.
Cependant, la majeure partie de la rémunération n’est assujettie qu’à des indicateurs financiers (on peut rêver) mais à quand des critères purement sociaux pour jauger de l’efficacité managériale de notre PDG ?
La logique de la valeur actionnariale est prépondérante
L’essentiel de la rémunération se ramène à vouloir un prix de l’action le plus élevé possible : c’est la seule valeur actionnariale qui compte. Nous sommes enfermés dans un système qui a montré ses limites avec la crise de 2008.
Des actions de performances à des quantités indécentes !
Le système des stock-options a toujours existé chez Renault mais est plus risqué (des plans ont été annulés ces dernières années car la valeur de l’action n’atteignait pas le montant escompté). De plus, la fiscalité mise en place par le gouvernement a fait reculer ce système.
En 2014, il a été remplacé par des attributions d’actions, au nombre de 100 000. Ces actions ont été bloquées jusqu’à 2018 et seront monnayables sous réserve du respect des critères et au cours en vigueur en bourse. Les chiffres parus dans les journaux et ailleurs sont purement virtuels et ne sont que des estimations. Ils sont le résultat d’une ligne de provision comptable (virtuelle) inscrite dans le document de référence. Nous devons nous indigner, sans pour autant écrire n’importe quoi.
Il faut reconnaître que la communication de Renault, plutôt « bavarde » par habitude sur les autres sujets est aux abonnés absents sur ce thème.
- Stock-options ou actions de performances, le résultat est le même : le montant final pourrait dépasser la somme de la part fixe et de la part variable réunies. On sort du raisonnable.
A-t-on besoin de cela pour fidéliser un dirigeant ? Et s’il n’y avait que lui ! Qu’en est-il des hauts dirigeants du comité exécutif groupe et du comité de direction ?
La rémunération des hauts dirigeants suit les mêmes règles de part fixe, part variable et actions de performances. Pourtant, depuis 2012, les données ont disparu du document de référence Renault. La transparence n’existe plus sur ce sujet. Y aurait-il quelque chose à cacher ?
Quant aux 2 000 cadres qui touchent la prime variable de groupe, c’est là aussi la nébuleuse la plus complète. Rien ne transparaît sur ce sujet.
Pendant ce temps-là, les salariés subissent une modération salariale.
Quand la reconnaissance des résultats par la rémunération de Carlos Ghosn s’envole (+16 % du fixe et du variable à 3,044 millions d’euros), la reconnaissance des salariés de Renault SAS qui sont les premiers contributeurs à ces résultats n’est que de 1,1 % de budget d’augmentations. Où se situe la reconnaissance et comment ne pas s’étonner de la défiance naissante à tous les niveaux de l’entreprise ? Pour qui travaille-t-on ? Pour un projet industriel collectif ou pour une armée de nantis qui ont les yeux tournés vers la bourse ?
S’il y a de bons résultats tout le monde doit en voir les fruits !
La CFDT dénonce un système trop complexe et opaque, qui amène à des montants exorbitants.
La logique actionnariale doit laisser place à des critères précis et davantage extra-financiers qui montrent une vision à long terme de l’entreprise.
Une entreprise est performante si ses salariés sont motivés, avec une gestion proche de leurs préoccupations.
Il faut revenir sur terre ! Ne vous coupez pas de la base, au risque d’être l'unique responsable du délitement social de Renault et de ternir son image.