Participatif
ACCÈS PUBLIC
15 / 09 / 2024 | 17 vues
Eric Peres / Abonné
Articles : 68
Inscrit(e) le 25 / 01 / 2008

Les étudiants face au travail: Une perception austère mais stimulante

L'APEC a publié une étude intitulée "Le monde du travail vu par les étudiants du supérieur : un univers à la fois inquiétant et motivant". Cette étude révèle les perceptions, les attentes et les craintes des étudiants français face à leur avenir professionnel, sur des thématiques allant de la perception de l'emploi cadre à la quête de sens au travail.

 

La transition du milieu étudiant au monde professionnel est souvent difficile pour les jeunes diplômés. L'APEC souligne que ce passage peut être déstabilisant, en raison d'une méconnaissance des codes en entreprise et de déceptions liées à des attentes non comblées, parfois menant à des démissions précoces. L'étude montre une ambivalence chez les étudiants : ils perçoivent le monde du travail comme exigeant et austère, mais aussi stimulant par ses opportunités.

 

La grande majorité d'entre eux le considère comme sérieux (88 %) et rigide, dominé par des hiérarchies strictes et des règles inflexibles. Près de 70 % jugent le milieu professionnel autoritaire et procédural, tandis que 85 % le voient comme compétitif et 57 % comme impitoyable. Le stress, l'injustice et la crainte de mauvaises conditions de travail, comme un déséquilibre entre vie professionnelle et personnelle, sont des préoccupations majeures. De plus, un quart des étudiants redoutent de ne pas s’épanouir dans leur futur métier, craignant l'ennui ou l'absence de sens. Ils sont également 37% à avoir peur d’être mal rémunéré.

 

Leur place dans l’entreprise : une source de craintes

 

De nombreux étudiants du supérieur s'inquiètent de leur future insertion professionnelle, malgré leurs diplômes. Près de 48 % pensent qu'il sera difficile de trouver un emploi après leurs études, un chiffre qui s’élève à 52 % pour les universitaires, dont 62 % des inscrits en lettres et sciences humaines. L'accès à un emploi stable est également source d'angoisse : 55 % estiment qu'obtenir un CDI sera compliqué, et 14 % très compliqué. De plus, la moitié des étudiants redoute de ne pas trouver un emploi en phase avec leurs aspirations, et 59 % craignent de ne pas obtenir une rémunération satisfaisante. 

 

Les jeunes femmes sont particulièrement inquiètes quant à leurs perspectives d'insertion. En outre, 52 % des étudiants pensent que les entreprises ne leur donnent pas facilement leur chance, et 51 % estiment que les tâches confiées aux jeunes sont peu intéressantes, tandis que 66 % jugent que la rémunération est insuffisante.

 

Mais des perspectives motivantes

 

Malgré cette vision souvent dure du monde du travail, les étudiants du supérieur montrent un réel enthousiasme à l'idée de commencer leur vie professionnelle. Pour 52 % d'entre eux, l'indépendance financière est la principale motivation, un chiffre encore plus élevé chez les étudiantes (60 %). En parallèle, 40 % sont motivés par le désir de se sentir utiles, et 43 % par la perspective d'apprendre et de grandir au-delà des études. Les étudiants perçoivent aussi le travail comme stimulant (70 %), innovant (64 %), et coopératif (63 %), avec une envie marquée de s'intégrer dans des équipes dynamiques. Plus de 70 % prévoient de donner une grande importance à leur travail, certains (16 %) allant jusqu'à envisager de le placer au-dessus des autres aspects de leur vie. Ces motivations positives les aident à dépasser leurs craintes initiales.

 

Les étudiants du supérieur ont une perception ambivalente du monde du travail, oscillant entre inquiétude et motivation, en grande partie à cause de leur connaissance limitée de ce milieu. 51 % d'entre eux admettent mal connaître le droit du travail, 39 % les contrats de travail, et 42 % le fonctionnement global des entreprises, malgré les stages et alternances réalisés. Cette méconnaissance alimente leur besoin d'informations concrètes : 59 % souhaitent en savoir plus sur les rémunérations, 55 % sur la réalité quotidienne des métiers, et 52 % sur le droit du travail. Ces lacunes révèlent un besoin d'accompagnement renforcé de la part des établissements de formation et des professionnels de l'emploi.

 

Lien vers l'étude : urlr.me/Z24XP

Afficher les commentaires

 

Une récente étude du CEREQ a démontré que les diplômés de master universitaire connaissent une insertion professionnelle plus favorable que leurs pairs moins diplômés. 85 % sont en emploi trois ans après l’obtention de leur diplôme et le délai moyen pour décrocher un premier poste est de trois mois. Toutefois, ces chiffres recèlent des disparités significatives, notamment en termes de qualité des emplois occupés et de conditions de travail.

 

Des taux d’accès aux postes de cadre encore limités

 

Chiffre qui peut surprendre : malgré un niveau de qualification élevé, seuls 63 % des diplômés de master occupaient un poste de cadre trois ans après la fin de leurs études. En comparaison, les diplômés de formations de niveau équivalent mais hors master, comme ceux issus de grandes écoles, sont 75 % à accéder au statut de cadre. Ce décalage s’explique en partie par des choix de spécialisation et des secteurs d’activité qui influencent fortement les trajectoires professionnelles.

 

Des trajectoires diversifiées

 

L’étude met en lumière sept trajectoires-types d’insertion professionnelle, allant des plus favorables aux plus précaires. Près d’un quart des diplômés empruntent la trajectoire la plus favorable, marquée par des postes de cadre en CDI et des revenus supérieurs à la moyenne. Ces jeunes passent environ 87 % de leur temps en emploi et gagnent en moyenne 2 485 euros nets par mois. À l’inverse, 16 % des diplômés connaissent une insertion beaucoup plus difficile, avec des périodes de chômage fréquentes et des emplois précaires. Ces jeunes passent près de 30 % de leur temps sans emploi et perçoivent un salaire moyen de 1 545 euros.

 

La spécialité du master joue un rôle crucial dans la qualité de l’insertion professionnelle. Les diplômés en informatique et réseaux, par exemple, sont 59 % à suivre la trajectoire la plus favorable, contre seulement 7 % des diplômés en arts et lettres. De plus, ceux qui ont suivi leur formation en alternance ont 1,4 fois plus de chances d’emprunter les meilleures trajectoires professionnelles. Cette modalité de formation, qui concerne 22 % des diplômés, favorise un accès rapide à l’emploi, notamment grâce à une expérience préalable en entreprise.

 

Les inégalités se prolongent dans la vie active

 

L’étude révèle également que l’origine sociale continue d’influencer les trajectoires professionnelles. Les diplômés issus de milieux favorisés, dont les parents sont cadres, ont 1,3 fois plus de chances de débuter leur carrière avec un emploi de cadre. En revanche, ceux dont les parents étaient ouvriers ou inactifs sont plus susceptibles de connaître des périodes de chômage ou des emplois précaires. De même, les diplômés résidant en Île-de-France lors de leurs études bénéficient d’un avantage non négligeable : ils ont deux fois plus de chances d’accéder aux meilleures conditions d’emploi.

 

Les écarts de rémunération sont également frappants selon les spécialités de formation. Les diplômés en finance et banque, par exemple, gagnent en moyenne 2 480 euros nets par mois, contre seulement 1 680 euros pour ceux en arts et lettres. Ces différences de salaire s’expliquent par la demande sur le marché du travail, certains secteurs offrant davantage de perspectives d’emploi et de meilleures rémunérations.

 

Une satisfaction globale, mais des axes d’amélioration

 

L’un des points saillants de cette étude est le lien parfois ténu entre la formation initiale et l’emploi occupé. Si 94 % des diplômés en informatique et réseaux jugent leur poste en adéquation avec leur formation, cette proportion chute à 62 % pour les diplômés en sciences naturelles et de la vie, et à seulement 75 % pour ceux en arts et lettres. Ces jeunes occupent souvent des postes éloignés de leur formation, comme dans l’enseignement ou la communication, secteurs où les débouchés sont parfois limités. Cependant, l’étude montre que les diplômés sont majoritairement satisfaits de leur insertion professionnelle, près de 90 % d’entre eux se disant épanouis dans leur emploi. 

 

Lien vers la publication : urlr.me/Pr4f5

 

Tendances et perspectives en 2024

 

 

L'Apec a publié un portrait statistique des cadres de moins de 30 ans, proposant un éclairage précieux sur cette population en pleine expansion. Ces jeunes professionnels, majoritairement titulaires de diplômes de haut niveau, sont très mobiles et ambitieux. Ils ont un fort désir d'évolution en termes de responsabilités et de rémunération. Cette génération se distingue également par une présence marquée dans les secteurs à forte valeur ajoutée, tout en recherchant un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

 

Une population en croissance

 

Le marché des cadres de moins de 30 ans est en pleine expansion en France, avec 540 000 recensés en 2024. Cette population représente 13 % des cadres en emploi, et leur proportion parmi l'ensemble des salariés de moins de 30 ans atteint 11 %. L’étude de l’Apec met également en lumière leur montée en qualification : 83 % des jeunes cadres détiennent un diplôme de niveau Bac +5 ou plus, bien au-delà des 50 % constatés pour l’ensemble des cadres.

 

Cette population, bien que majoritairement masculine (58 % d'hommes contre 42 % de femmes), montre une féminisation progressive. L’arrivée des jeunes sur le marché de l’emploi contribue à cette évolution, même si les femmes demeurent minoritaires dans cette catégorie.

 

Des jeunes cadres majoritairement urbains et très mobiles

 

Les jeunes cadres se distinguent également par leur lieu de vie. Ils sont nombreux à s’installer dans les grandes villes, avec 65 % d’entre eux résidant dans les métropoles, contre seulement 49 % pour l'ensemble des cadres. Ce choix est en grande partie dicté par la concentration des emplois qualifiés et des secteurs à forte valeur ajoutée dans les centres urbains. En outre, ils sont particulièrement mobiles : un tiers d'entre eux a changé de résidence dans l'année, un chiffre nettement supérieur à celui observé chez les cadres plus âgés.

 

Cette mobilité géographique est renforcée par la flexibilité de leur situation personnelle. Si 44 % des jeunes cadres vivent en couple, 15 % habitent encore chez leurs parents, une proportion qui illustre la diversité des situations résidentielles en début de carrière.

 

Une présence forte dans les secteurs à forte valeur ajoutée

 

Le secteur des services à forte valeur ajoutée est un domaine de prédilection pour les jeunes cadres. En effet, 61 % d’entre eux y sont employés, contre 46 % pour l’ensemble des cadres. Les métiers liés à l’informatique et aux technologies numériques sont particulièrement représentés, avec près de 29 % des jeunes cadres évoluant dans ce domaine. Ce dynamisme témoigne du rôle clé de ces secteurs dans la transformation digitale de l’économie française.

 

Outre ces secteurs, les jeunes cadres travaillent en majorité dans des entreprises de taille intermédiaire ou des grandes entreprises (49 %), ce qui témoigne d’une préférence pour des environnements professionnels structurés et offrant de meilleures perspectives d’évolution.

 

Des perspectives professionnelles tournées vers l’évolution

 

Le désir de progression est un des marqueurs forts des jeunes cadres. Un souhait d’évolution, que ce soit en termes de rémunération, d’autonomie ou de responsabilités, est exprimé par une majorité d’entre eux. Par ailleurs, 62 % des jeunes cadres qui ne sont pas encore managers aspirent à le devenir, confirmant ainsi une ambition marquée pour des rôles à plus grande responsabilité. La mobilité professionnelle est perçue comme une opportunité, et 10 % des jeunes cadres recherchent activement un nouveau poste, contre seulement 7 % pour l’ensemble des cadres.

 

Un rapport au salariat en pleine mutation

 

Le rapport au salariat chez les jeunes cadres est généralement positif. En effet, 84 % d’entre eux jugent favorablement ce statut, bien qu’ils soient plus enclins à questionner son intérêt que les générations précédentes. Le statut de cadre, en revanche, reste très prisé, avec 84 % des jeunes cadres le jugeant important ou très important pour leur carrière.

 

Les priorités des jeunes cadres évoluent également. Outre la rémunération, l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle (cité par 36% d’entre eux, un chiffre plus élevé que chez leurs ainés), ainsi que l’intérêt des missions, sont des éléments essentiels pour cette génération. 

 

Un marché de l'emploi exigeant mais porteur

 

En termes de rémunération, la médiane des salaires des cadres de moins de 30 ans s'établit à 43 000 € brut annuel, avec une forte disparité selon l’expérience et le secteur. Si 80 % des jeunes cadres perçoivent entre 34 000 € et 56 000 €, cette rémunération reste inférieure à celle des cadres plus âgés, dont la médiane atteint 54 000 €. Cette différence est cependant compensée par les nombreuses perspectives d’évolution offertes aux jeunes cadres.

 

La stabilité de l’emploi est également un critère important. Près de 26 % des jeunes cadres déclarent rechercher un nouvel emploi pour améliorer leurs conditions de travail, tandis que 14 % souhaitent un emploi plus stable. Cette génération est prête à s’adapter pour obtenir de meilleures conditions.

 

Lien vers l’étude : urlr.me/81dVN

Une enquête intéressante de l'IFOP pour la Confédération Nationale des Junior-Entreprises , également:

Les résultats publiés ces jours-ci mettent en lumière un phénomène particulièrement encourageant : l’adéquation entre les attentes des jeunes et la réalité de leur poste actuel.....

 

Pour en savoir plus sur cette enquête:

https://www.ifop.com/publication/le-rapport-de-la-generation-z-au-travail/?fbclid=IwY2xjawF0zdJleHRuA2FlbQIxMQABHTenngAEclZIrrBFku_dokVBk8rF3o0U59Bnngd08YVXSX_xalwdtS2oGw_aem_6PZOj_nwLEV4lDWK12outA&sfnsn=scwspmo