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Transport ferroviaire : l’agglomération Perpignan-Méditerrannée plante des banderilles dans le fret SNCF
L’Union départementale des syndicats FO des Pyrénées-Orientales dénonce plusieurs décisions des pouvoirs publics locaux qui ont choisi des opérateurs privés pour assurer le transport de marchandises et la logistique dans le département, au détriment de l’entreprise publique de chemins de fer et de ses emplois de cheminots.
Les cheminots du fret SNCF ne se laisseront pas écarter sans coup férir du paysage ferroviaire dans les Pyrénées-Orientales. C’est le message qu’ils ont adressé le 16 mai dernier aux pouvoirs publics locaux lors d’un rassemblement organisé par plusieurs syndicats, devant l’hôtel de l’agglomération de Perpignan-Méditerranée.
Leur action fait suite à la décision d’une société d’économie mixte de l’agglomération ayant conduit à déléguer à un groupe privé (Novatrans) la gestion et l’exploitation de la plateforme logistique Saint-Charles.
Dans la foulée, ce groupe a choisi de se passer des services fret de la SNCF pour les opérations de formation des trains et de transport afin de les confier à Régiorail, une filiale du consortium privé belgo-américain Eurorail. Le contrat a inévitablement provoqué la suppression sur le site de plusieurs dizaines d’emplois de cheminots de la SNCF.
Comme le souligne Jamel Azzouz , journaliste à FO Hebdo, l’opération est d’autant plus insupportable pour que Jérôme Capdevielle (secrétaire général de l’Union départementale FO 66) et Francis Grau (représentant local de FO cheminots) se souviennent encore de l’implantation en 2009 de la filiale du groupe allemand Deutsche-Bahn (ECR) dans la commune de Cerbère, lors de l’ouverture européenne à la concurrence du fret ferroviaire.
Sitôt remporté l’appel d’offres, ECR avait sous-traité la formation des trains à une société privée espagnole (SLISA).
Pratiques de dumping social confirmées par la DIRECCTE
Résultats : suppression de 50 des 76 emplois de cheminots. Sur la base de forts soupçons de concurrence déloyale au vu des disparités sociales entre la SNCF et la dite SLISA, l’UD FO 66 avait alors saisi la DIRECCTE.
Après plusieurs mois d’enquête, le procès-verbal de la Direction régionale du Travail avait établi toute une série de manquements à la réglementation française : « dissimulation d’activité, dissimulation d’emploi salarié, recours au travail dissimulé, rémunération inférieure à la rémunération minimale légale… ».
Le dossier avait été par la suite transmis au TGI de Paris qui ne s’est toujours pas prononcé. Malgré ces soupçons de dumping social avérés, le président de la SNCF, Guillaume Pépy, est resté les bras croisés.
En réponse à une interpellation de la confédération FO, le PDG avait répondu au secrétaire général de la confédération, Jean-Claude Mailly, « qu’il n’appartenait pas, hélas, à la SNCF de saisir les autorités compétentes ». Ce qui constituait là « une réponse désarmante et un aveu d’abandon coupable », résume Jérôme Capdevielle.
Un abandon confirmé par Eric Falempin, dirigeant de la fédération cheminots, après la refus de la direction du fret SNCF de se porter partie civile, en considérant que celle-ci n’avait pas été « victime directe des infractions relevées à l’encontre des sociétés ECR et SLISA ».
Pour Jérôme Capdevielle et Francis Grau, « il faut maintenant inverser cette logique destructrice, en faisant en sorte que la SNCF redevienne une entreprise nationale « une et indivisible » et un monopole public ». C’est pourquoi les cheminots continuent d'exiger une autre vraie réforme ferroviaire à un mois du débat sur ce sujet à l’Assemblée.