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06 / 02 / 2017 | 12 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Statut des cadres : un tableau plein de contrastes

Alors que les cadres vivent d’importants changements et que se profile la fusion de l’AGIRC et de l’ARRCO, FO-cadres et l’APEC révèlent dans la lettre de janvier une étude sur la perception mitigée qu’ont les intéressés de leur statut et de leur quotidien au travail.

Intitulée « être cadre aujourd’hui et demain », l'APEC l'a menée en novembre 2015 auprès de 2 620 cadres du secteur privé qui ont répondu en ligne.

Premiers enseignements : pour 62 % d’entre eux, le statut de cadre a un sens, notamment pour les responsables hiérarchiques ainsi que pour les seniors, les trentenaires n’étant que 57 % à le penser. Cela en dépit du fait que 77 % des répondants perçoivent la diversité de leur groupe social, notamment la distinction qui subsiste entre « top management », cadres intermédiaires et cadres opérationnels. 

Combien y a-t-il de cadres en France ?

Selon l'INSEE, 4 millions de « cadres et professions intellectuelles supérieures » en 2014 : ils sont salariés, fonctionnaires (catégorie A) ou professions libérales.

Selon l'AGIRC, 3,6 millions de cadres fin 2013 : ces cotisants sont salariés du secteur privé ou semi-public.

Selon l'APEC qui s'en tient aux seuls salariés des entreprises privées en métropole, 2 975 millions de cadres fin 2015.

Autres éléments qui ressortent de cette étude

Le premier indicateur du statut de cadre  ?

« Le pouvoir de décision », cité par 63 % des personnes interrogées (et même par 74 % des cadres hiérarchiques). Pour les non-encadrants, c’est la possibilité de gérer ses horaires et son temps de travail qui est mentionnée en premier.

Viennent ensuite l’expertise de métier (invoquée par 48 % des répondants), à égalité avec la liberté horaire, puis, assez loin derrière, le niveau de diplôme ou d’expérience (cités respectivement par 29 % et 27 % des répondants).

Le niveau de rémunération, lui, n’est significatif que pour moins d’un cadre sur quatre (23  %), comme le pouvoir de commandement (21 %).

Les entreprises, elles, ne rendent pas justice à la spécificité du travail des cadres : seuls 46 % d’entre eux déclarent que la politique RH (rémunérations, parcours, formation…) qui leur est appliquée diffère de celle des simples employés.

Corollaire de ce manque de considération ?

37 % des répondants (et même seulement 26  % des non-encadrants) se déclarent « loyaux » vis-à-vis de leur entreprise. Dans les autres cas, la relation à l’employeur est vécue sous l’angle plus désabusé du « donnant-donnant » (26 % des réponses), de la « distance » (18 %), de « l’indifférence » (9 %), voire de la « rupture » (5 %).

Dans 5 % seulement des cas, les répondants font part d’un « attachement » à leur entreprise.

Pour ce qui est du statut en revanche, les chiffres n’ont rien à voir : 88 % des répondants se disent satisfaits d’être cadres et 74 % ne seraient pas prêts à renoncer à leur statut.

Parmi les avantages liés à leur position dans l’entreprise (et qu’ils trouvent à 92 % légitimes), les deux tiers des répondants citent la possibilité de « gérer son temps de travail de façon autonome » (c’est encore plus fort chez les non-encadrants) et la capacité à « prendre des décisions » (particulièrement évoquée par les responsables hiérarchiques).

Vient ensuite le fait d’être « impliqué dans la vie de l’entreprise ».

En revanche, la rémunération élevée ou la liberté de choisir ses méthodes de travail ne sont citées que dans 43 % des cas. Notons que seuls 14 % des cadres se réjouissent d’être soumis au forfait  jours et qu’à peine 6 % se sentent « relativement protégés du chômage ».

S’ils partagent les inquiétudes des employés (manque de liberté, chômage…), les répondants doivent répondre à des attentes bien spécifiques. L’employeur demanderait surtout aux non-cadres de savoir « travailler en équipe », d’« être réactifs » et d’« appliquer les consignes de la direction ».

Inversement, les cadres pensent que l’entreprise attend d’eux avant tout qu’ils « prennent des décisions », qu’ils soient « polycompétents », qu’ils « sachent anticiper », « analyser », « motiver une équipe », « déléguer », « gérer » et « prendre des risques et des initiatives ». 

Bref, les cadres sont souvent désabusés vis-à-vis de l’entreprise mais très attachés à leur statut.
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