Pourquoi le burn-out et la prise d’addictifs toxiques sont ils à ce point intriqués ?
Description du « workaholisme » et de l'épuisement professionnel dans l’entreprise
Avant d’être dans un état d'épuisement professionnel, le dépendant au travail se présente comme quelqu’un de très occupé qui ne prend jamais de temps pour sa vie personnelle : il accomplit beaucoup d’heures supplémentaires, ses week-ends sont consacrés au travail ; il ne prend pas de congés, ni de RTT et il ne part pas en vacances. Il est toujours en conversation téléphonique ou bien devant son ordinateur tentant de régler ses problèmes professionnels avant toutes choses.
À l’image des autres dépendances (jeu, drogues, alcool, sexe), il existe un état compulsif, une accoutumance exagérée au travail et un déni de cet état. C’est le « workaholisme ».
Les difficultés relationnelles s’avèrent de plus en plus aiguës avec son entourage professionnel et familial. L’état peut s’aggraver, s’intensifier alors la personne ne peut plus fonctionner : elle est dans un état, d’épuisement émotionnel, déshumanisation de la relation à l’autre, sentiment d’échec professionnel, diminution de l’accomplissement : c’est le mal-être maximum, le « burn-out ».
Intrication de l'épuisement professionnel et des produits addictogènes
L’abus de substances psychotropes est souvent caché dans l’entreprise.
- 3% déclarent toucher aux drogues pour tenir le coup au travail (cocaïne, cannabis)
- 10% consomment des médicaments euphorisants tels que antidépresseurs amphétamines
- 12% consomment des somnifères
- 70%% consomment de l’alcool sur leur lieux de travail
Source : Université Bordeaux Segalen
Parmi les personnes atteintes d'épuisement professionnel, il a été estimé que 10 % environ consommaient à trop forte dose de l’alcool, des médicaments ou des produits illicites, comme la cocaïne et le cannabis.
Ces patients ont souvent eu un parcours de vie complexe et douloureux et peuvent avoir une personnalité fragile. Un problème de santé, familial ou professionnel peut déclencher des états de stress intense qui les amène à consommer exagérément des produits dangereux.
- On peut se demander : qui est le premier responsable ? La dépendance aux produits ou la dépendance au travai ?
La question classique de la primauté de l’œuf et de la poule est alors posée : qui précède l’un par rapport à l’autre ?
Dans le premier cas, la consommation de substances addictogènes peut être recherchée pour faire face aux exigences ou pressions professionnelles, combattre le stress, la fatigue, le manque de confiance en soi, l’insomnie. Les produits tels que l’alcool et le cannabis procurent une impression de bien-être, de repos, d’euphorie permettant d’oublier momentanément les soucis et, pour la cocaïne, donne l’impression de retrouver de la force ; malheureusement, pas pour longtemps.
Les drogues vont alors avoir un effet rebond : ces produits entraînent rapidement du stress, de la fatigue, insomnie, avec troubles caractériels et du comportement (comme l’incohérence, la difficulté à se concentrer et à terminer ses tâches) et l’empêchent d’être opérationnel.
De fait, l’absorption d’alcool et (ou) de drogues va accélérer, amplifier et aggraver d’autant plus l’anxiété et l’épuisement du sujet.
Dans le deuxième cas, des buveurs excessifs consomment trop d’alcool par plaisir puis par accoutumance : l’accomplissement de leurs tâches les fatigue alors et ils ne parviennent plus à accomplir leur travail de façon efficace et, petit à petit, ces personnes atteignent l'état d'épuisement professionnel en raison de leur accoutumance aux produits.
Dans ces deux cas, le secret, le mensonge et la peur d’être démasqué par l’entourage professionnel et familial amènent la personne à un sentiment de culpabilité et d’isolement. Les consommations occasionnelles ou répétées sont préoccupantes car elles déstabilisent la vie dans l’entreprise en raison des risques encourus (accidents du travail, actes de violence, suicides) pour la personne elle-même et pour les collègues, en les inquiétant ou en les entraînant dans leur spirale.
L'épuisement professionnel et la dépendance alcoolique sont des maladies de société souvent méconnues et mal connues car leur nom effraye le patient et très souvent son entourage professionnel, familial et amical. La représentation du dépendant agace et inquiète les proches qui ont l’impression d’être impuissants à l’aider à régler son problème.
Retentissement de l’implication de responsables dans l’entreprise
Il est à souligner combien, dans ces moments de crise, l’implication de responsables ou de collègues dans l’entreprise est particulièrement efficace.
Le sujet doit se sentir compris et encouragé. Pour cela, le responsable dans l’entreprise (DRH et médecin du travail) doit pouvoir faire preuve de clairvoyance, d’écoute mais aussi d’autorité pour provoquer chez la personne dépendante un déclic? Cela, peut-être, en lui insufflant un désir ou un espoir de mieux-être et ainsi à retrouver ses capacités d’antan.
L’idée qu’il pourra conserver son travail est l'un des leviers les plus efficaces pour le décider à se soigner.
Les collègues peuvent aussi accompagner de façon énergique le malade par des discussions , non culpabilisantes relatant la nécessité d’un traitement et d’un suivi médical et psychologique.
Il devient alors nécessaire pour tous de se préoccuper ensemble et séparément des deux problèmes (maladies-état dépressif et dépendance aux produits).
Traitement médical et psychologique
Dans le cas du « workaholisme » qui peut aboutir à l'épuisement professionnel, les solutions à envisager sont une prise en charge médicale, psychologique, parfois psychiatrique, accompagnée le plus souvent d’un arrêt de travail de durée variable, pendant lequel le patient a la possibilité de prendre du repos et surtout du recul par rapport à son travail et à son mode de vie.
Dans le cas de la dépendance alcoolique, certains traitements peuvent être envisagés en ambulatoire ou en hospitalisation ; la participation aux groupes néphalistes est également envisageable et positive. La dépendance alcoolique et à d’autres produits se soigne bien. Je connais personnellement des milliers de personnes qui sont sorties de ces pièges .
- Dans le cas des deux atteintes conjointes, il est indispensable que le patient soigne en urgence son problème d’alcool et de consommation à d’autres produits.
Dans tous les cas, le patient doit décider de lui même, avec l’appui du médecin, médecin du travail, alcoologue, psychiatre, psychologue, responsables dans l’entreprise, du chemin qu’il va parcourir pour se sortir de l’impasse dans laquelle il se trouve.
Le premier pas sera, pour lui, la prise de conscience du mal-être et de ses vraies causes et le second sera de sortir du déni.
Une bonne connaissance de la maladie, une bonne relation entre les différents intervenants, tout en respectant le secret médical, amènent souvent à un rétablissement complet à long terme.
Pour conclure, il est important de souligner combien les formations de prévention au sein des entreprises sont importantes et le sont à plusieurs niveaux.
La connaissance approfondie de ces comportements addictifs et le discernement précoce de leurs manifestations et de leurs effets pervers engendre un diagnostic plus rapide, une sortie efficace du déni, une prise en compte globale de la maladie, un gain de temps et d’énergie et donc financier considérables pour les entreprises
Ces formations peuvent aussi renseigner utilement sur les comportements souhaitables de l’entourage professionnel à observer auprès du patient.
Elles participent de façon primordiale à la prise de conscience de ces maladies, à leur prévention et à leur traitement à long terme.
- Santé au travail parrainé par Groupe Technologia