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15 / 11 / 2012 | 183 vues
Jean-Pierre Dubessay / Membre
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Projet à haut risque de transformation de Covéa pour centraliser le pouvoir de décision

Pourquoi donc notre PDG, Thierry Derez, est-il si pressé de transformer Covéa et de quelle transformation s’agit-il ?

  • Covéa regroupe les enseignes MAAF, MMA et GMF.


En septembre, nous apprenions que les conseils d’administra­tion des trois enseignes se­ront convoqués en octobre ainsi que les comités d’entreprise et les comi­tés de concertation et d’information (CCI) pour une présentation du projet de réorganisation juridique et financière du groupe Covéa.

  • Parallèlement, les directions générales ont prévenu les syndicats de se préparer à lancer les expertises qu’ils ne manqueront pas de demander afin qu’elles soient bouclées pour le 31 décembre 2012. Voila qui n’est pas courant.

Pourquoi cette transformation ?

Tout d’abord, notre PDG nous explique qu’il a du mal à recruter car Covéa pâtit d’une attractivité limitée. Effectivement, il est, paraît-il, difficile de comprendre ce qu’est Covéa pour un jeune diplômé des plus hautes écoles de la République. Si c’est vraiment le cas, c’est peut-être une chance que l’on ne les recrute pas !

Parmi les motivations de cette réorga­nisation, est évoquée la complexité du groupe entraînant beaucoup de travail pour les équipes du secrétariat général de Covéa. Nous reconnaissons ainsi que nous sommes dans une mutuelle à visage hu­main puisque le PDG se soucie fortement de la charge de travail des équipes de ses proches collaborateurs. Nous l’en remercions mais nous ne sommes pas dupes.

Une véritable raison est apparue lorsqu’au CCI, Thierry Derez a dit : « J’ajouterai que notre structure ac­tuelle ne nous met pas véritablement en situation de procéder à une opération fiable et structurante sur le marché fran­çais. Si une entreprise mutualiste venait à connaître des difficultés à un horizon plus ou moins lointain, nous nous trou­verions dans une situation un peu dé­licate, car il est permis de penser que cette entité mutualiste viendrait bénéfi­cier pendant quelques années du climat chaleureux, du potentiel et du savoir de Covéa. Une fois rétablie, l’entité n’au­rait guère de difficultés à repartir. Notre structuration actuelle rendrait l’arri­mage de la nouvelle entrante difficile et fragile ».

Le spectre de Groupama flotte dans l’air. Thierry Derez est-il au coin du bois et affûterait-il ses armes ?

Lors de ce même CCI, le secrétaire général du groupe a dit : « Cette organisation nous donnera la capacité de mobiliser plus facilement nos ressources financières ». Il faut ici comprendre que les mécanismes mis en œuvre permettront à Covéa de pomper les fonds propres de nos mutuelles sans qu’elles aient quoi que ce soit à dire. Au­jourd’hui, Covéa dispose de 8 à 9 mil­liards d’euros utilisables immédiatement.

  • Avec la nouvelle organisation, il pourra mobiliser 15 milliards d’euros en puisant à la MAAF, à la GMF et chez MMA. Pour vous donner un ordre d’idée de ce que représente cette somme un peu abstraite, c’est tout simplement le trou de la Sécu­rité sociale en 2011.
  • Cette nouvelle société (qui se nom­mera Covéa Coopération) n’est évidemment pas une mutuelle mais une société anonyme classique, elle détiendra dans un second temps 100 % des sociétés opérationnelles, MAAF, MMA, GMF et leur personnel (25 000 personnes). Elle sera dirigée par un conseil d’adminis­tration composé de 18 administrateurs, 6 pour chaque mutuelle. On peut s’inter­roger sur la perte de pouvoir des conseils d’administrations propres à chaque mutuelle.


Souvenons-nous du fiasco de la tenta­tive d’admission du groupe belge Ethias au sein de Covéa, projet porté essen­tiellement par Thierry Derez et arrêté grâce aux expertises mandatées par les syndicats qui ont permis de découvrir le puit sans fond de ce groupe qui aurait certainement coûté pas loin de 2 milliards d’euros à Covéa par le jeu de la soli­darité induite par le « pacte de famille », contrat obligeant les autres partenaires à subvenir aux besoins du défaillant.

La volonté de Thierry Derez est de pouvoir décider des options stra­tégiques uniquement avec le conseil d’administration de Covéa sans avoir besoin, comme aujourd’hui, de l’accord des conseils d’administrations de chaque mutuelle. C’est plus simple, plus rapide et moins risqué, surtout pour lui. En cas de décisions mettant Covéa en difficulté, ce sera bien sûr le personnel de MAAF, MMA et GMF qui paiera l’addition.

Alors pourquoi notre PDG Thierry Derez est-il si pressé ?

L’arrivé de Solvabilité 2 va révéler quelques failles dans des sociétés d’assurance obligeant certaines à s’associer pour mettre en conformité leurs ratios de solvabilité.

  • Il faut bien voir que la progression de Covéa se fait bien plus fortement par la croissance externe que par la progres­sion de parts de marché de nos enseignes phares. Alors notre PDG affûterait-il ses armes pour être prêt à négocier dans les meilleures conditions une arrivée d’autres assureurs, comme par exemple Groupama, au sein d’un groupe de mutuelles capitalistiques humaines et bienveillantes comme le sera Covéa Coopération ?


Ce projet est très risqué, un pouvoir de décision centralisé par le biais de Covéa Coopérations sans aucun contre pouvoir sera mis en place.

Il est primordial que des représentants du personnel de chaque enseigne soient au conseil d’administration avec pouvoir de vote. Laisser seul un PDG, qui aura choisi tous ses administrateurs, n'est pas assimilable à lui signer un chèque en blanc mais à signer par avance tout le chéquier.

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