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03 / 07 / 2009 | 22 vues
Jean-Claude Delgenes / Abonné
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L’anglo-saxonisation des DRH, un nouveau risque professionnel !

La crise actuelle n’épargne personne, les cadres en particulier les DRH perdent aussi leur job parfois d’ailleurs après avoir fait les basses œuvres dans leur ancienne  entreprise.
L’afflux des profils RH sur le marché du travail conduit à s’interroger sur les profils qui sont les plus adaptés à  la nouvelle conjoncture. Certains DRH retrouvent en effet  un boulot rapidement (on ne donnera pas de noms ici ) d’autres rament pendant des mois et parfois sont conduits à changer de métier  pour s’assurer un avenir.

A l’examen une tendance apparaît qui n’est pas très réjouissante pour la santé au travail des salariés.

Le DRH c’est tout d’abord un technicien qui doit maîtriser certaines techniques, par exemple la calcul de la paye, il doit savoir décrypter ce qui se cache dernière les textes réglementaires. Et parfois savoir écrire des accords. Il doit connaître les pratiques du recrutement mais aussi les « finesses du licenciement ».

Hier un bon DRH devait savoir animer des dynamiques collectives celles qui font qu’une entreprise ne s’enlise pas dans le marasme des conflits, ou encore dans l’absentéisme (ou le présentéisme qui coûte très cher aux firmes). A ce titre c’était un personnage précieux pour l’entreprise. Un bon DRH devait savoir réguler. Oser dire « non »  à son DG ! L’alerter sur les risques « attention là cela ne va  pas on roule sur le trottoir ! On va se prendre un coup de bambou juridique ! Je ne pense pas que ce changement sera faisable aussi rapidement ! ETC »

Un bon DRH avait du charisme et savait tenir le rang de sa fonction. Pour cela il prenait en compte la réalité des situations de travail. Pour cela il travaillait sur les éléments apportés à la table des négociations par les partenaires sociaux ou par la médecine du travail.

Travailler sur ne veut pas dire accepter. Pour cela il savait s’imposer comme fonction essentielle dans les comités de direction de son entreprise. En clair le "bon DRH" hier était celui capable de donner du sens , de renforcer le lien social , de négocier pour la paix sociale en interne, de réguler au mieux pour faire avancer le collectif.

Désormais en temps de crise, cette race de DRH est en voie d’extinction. Les DG sont de moins en moins ouverts à cette typologie de la fonction. L’accélération des mouvements de restructurations, la nécessité de ne pas offrir de prise à la contestation des décisions ( plus ou moins efficientes )  font que de plus en plus les RH sont rangés au rang de subalternes. De plus en plus à la mode anglo saxonne tout se décide en dehors d’eux. Ils subissent et appliquent des plans qu’ils n’ont pas discutés. L’information consultation des représentants des personnels tourne alors à la farce procédurière.

Dernièrement le DRH d’une grande société, plus de 20 000 salariés, éconduit brutalement de sa firme expliquait que son Président de Conseil d’administration  ne lui demandait plus d’exercer des  fonctions stratégiques :

  • «  Sur ce plan laissez  faire le DG ! Ce n’est pas de votre ressort »
  • « Pardon c’était de mon ressort il y  a encore peu ! »
  • «  Alors cela ne l’est plus» 
  • « au final j’étais devenu trop cher pour un simple chef de la paye ! On s'est quittés bon amis ! »


Dans une négociation absolue sans aucune possibilité de changer une virgule d’un texte seules comptaient désormais ses compétences techniques. Plus de négociation, plus de régulation. Plus de participation aux grands choix stratégiques qui pourtant impactent les hommes ! Qui pourtant impliquent les qualifications ! Qui pourtant déterminent la rentabilité sur le long terme !


« au final j’étais devenu trop cher pour un simple chef de la paye ! On s'est quittés bon amis ! » Les grandes décisions sont prises  par le PDG, le directeur financier et l’intendance « RH » doit suivre et faire le boulot. La casquette de Directeur général adjoint en charge des ressources humaines est une tendance. 

Peu importe que ce mode de décisions discrétionnaire conduise à la révolte ou tout simplement au retrait. Peu importe que ces décisions soient souvent désastreuses. Elles feront leur usage pendant quelques mois ! Qui ira en faire le bilan dans trois ans ? Où serons nous dans 3 ans ?  Bon nombre de DG en plein désarroi se laissent régir désormais par les mêmes règles que feu Mme POompadour qui se préoccupait bien peu de l’avenir !   

Les DRH de la vieille école sont donc dans la difficulté. L’absence de régulation sociale ou tout au moins sa rétraction va conduire à une montée des risques psycho sociaux dans les entreprises car le dialogue social entre les humains a malgré ses insuffisances toujours participé à l’humanisation des entreprises et à  leur profitabilité.

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