Interview de Thierry Calvat, délégué général de la fondation d'entreprise Novartis, auteur de Le droit à la vulnérabilité - Manager les fragilités en entreprise, l'un des huit ouvrages sélectionnés dans le cadre du prix Malakoff Médéric pour l'innovation en santé au travail.

Déjà près de 8 % des salariés sont des aidants. En marge de leurs activités professionnelles, ils s’occupent de proches en situation de dépendance. Alors que leur nombre risque de doubler dans les années qui viennent, quelles seront les conséquences de l’augmentation du nombre des aidants ?

Par les désorganisations qu’il génère, l’absentéisme des salariés aidants et les désorganisations que cela génère dans les entreprises qui n’ont pas appréhendé ce sujet coûte cher. C’est un frein à la compétitivité des entreprises. Alors que 50 % des aidants familiaux mènent en parallèle une vie professionnelle, les entreprises ne prennent pas suffisamment en compte leur situation par une organisation du travail adapté. Particulièrement en France où la société civile est peu organisée sur ce sujet. C'est d'autant plus dommage que de nombreuses études pointent qu'en dépit de leur situation, ils demeurent des collaborateurs très impliqués et actifs.

En quoi la prise en compte du rôle des aidants familiaux dans les entreprises participe-t-elle à la prévention des risques psychosociaux ?

Donner aux managers les moyens de prendre en compte l’organisation du travail des salariés aidants, c’est les amener à s'interroger plus fondamentalement sur leur mode de management tout court. C'est donc une occasion de renforcer leurs capacités d’écoute et d’empathie tout en leur donnant des clefs pour appréhender les risques psychosociaux.


La performance crée-t-elle de la fragilité ?

Quel que soit le domaine, l'accroissement de la performance passe toujours par un accroissement de la fragilité qu'elle génère. Et alors que les entreprises françaises n’ont jamais été aussi performantes, la vulnérabilité qu'elles ont générée n'est pas encore suffisamment mesurée.