Organisations
« Je t’adapte à ton poste et tu développes tes compétences, ça nous coûtera moins cher »
La DARES a publié en octobre 2013 une note relative aux « prestataires de formation continue en 2011 » [1]. Globalement, les tendances constatées depuis le début des années 2000 se confirment : le nombre de prestataires et le chiffre d’affaires du secteur ne cessent de progresser d’année en année.
Mais qui forme-t-on et qu’est-ce que cela nous dit sur le fonctionnement de l’entreprise ?
Cette croissance est portée par 3 mouvements.
Nous pensons une évolution de la doctrine des directions d’entreprise en matière de formation professionnelle continue. La stratégie des entreprises vise à investir dans ce qui leur est immédiatement utile et pour lequel le retour sur investissement est le plus rapide. Le dévoiement de la « logique compétence » [2] fait donc la part belle à l’adaptation aux postes de travail. Fort logiquement, les formations de courte durée se sont développées dans les entreprises.
Les individus semblent avoir désormais intégré cette nouvelle donne. Puisque les directions tendent à se désengager des évolutions professionnelles de leurs propres salariés, ces derniers sont progressivement amenés à prendre l’initiative, en se formant en dehors de leur temps de travail et en finançant totalement ou partiellement sur leurs propres deniers des formations. Cette situation, si elle se confirmait, aggraverait notablement des inégalités de traitement entre les différentes catégories de salariés.
Enfin, le recul de formations longues (certifiantes, qualifiantes, professionnalisantes) au sein des entreprises, conduit les demandeurs d’emploi à se former pendant leur période de chômage, une manière de se remettre à niveau et de rattraper le temps perdu. L’allongement des durées de formation s’expliquerait alors assez logiquement.
En cette période de construction budgétaire, l’État cherche désespérément des financements pour tenter d’équilibrer son budget. Les fonds de la formation constituent une manne tentante aux yeux d’un État déjà exsangue. Mais l’OPA prévisible de l’État sur une partie des fonds de la formation [3] pourrait aussi être une manière de faire payer aux entreprises leur désengagement progressif. Il s’agirait en quelque sorte d’un juste retour des choses pour les chômeurs qui ont été jadis des salariés.
[1] DARES Analyses, octobre 2013, n° 62, 8 pages
[2] http://www.miroirsocial.com/actualite/7881/pourquoi-les-durees-des-stages-de-formation-sont-de-plus-en-plus-courtes
[3] http://www.miroirsocial.com/actualite/9155/compte-personnel-de-formation-opa-sur-les-fonds-de-la-formation
Mais qui forme-t-on et qu’est-ce que cela nous dit sur le fonctionnement de l’entreprise ?
Plus de salariés formés mais sur des durées toujours plus courtes
Dans un contexte d’activité morose, le secteur de la formation affiche une augmentation de son chiffre d’affaires (+5 % comparé à 2010). Ce mouvement s’accompagne d’une augmentation du nombre de stagiaires (+5 %) et du nombre d’heures de formation réalisées (+4 %).Cette croissance est portée par 3 mouvements.
- D’une part, nous constatons que les salariés ont été plus nombreux à être formés. Mais cela s’accompagne d’une baisse de la durée moyenne des stages, à l’instar de ce que nous pouvons constater depuis au moins le début des années 2000.
- Notons que les achats de formation des particuliers progressent de +6 %, ce qui est supérieur aux évolutions du secteur et cela dans un contexte d’un taux de chômage à 9,5 % et d’un pouvoir d’achat dégradé. Nous aurions pu nous attendre à une contraction de ces dépenses, ce n’est pas le cas.
- Enfin, le nombre de chômeurs formé n’a quasiment pas évolué entre 2010 et 2011 mais la durée moyenne de leurs stages s’est accrue.
Renforcement de l’adaptation au poste de travail et ses effets collatéraux
Nous pensons une évolution de la doctrine des directions d’entreprise en matière de formation professionnelle continue. La stratégie des entreprises vise à investir dans ce qui leur est immédiatement utile et pour lequel le retour sur investissement est le plus rapide. Le dévoiement de la « logique compétence » [2] fait donc la part belle à l’adaptation aux postes de travail. Fort logiquement, les formations de courte durée se sont développées dans les entreprises.
Les individus semblent avoir désormais intégré cette nouvelle donne. Puisque les directions tendent à se désengager des évolutions professionnelles de leurs propres salariés, ces derniers sont progressivement amenés à prendre l’initiative, en se formant en dehors de leur temps de travail et en finançant totalement ou partiellement sur leurs propres deniers des formations. Cette situation, si elle se confirmait, aggraverait notablement des inégalités de traitement entre les différentes catégories de salariés.
Enfin, le recul de formations longues (certifiantes, qualifiantes, professionnalisantes) au sein des entreprises, conduit les demandeurs d’emploi à se former pendant leur période de chômage, une manière de se remettre à niveau et de rattraper le temps perdu. L’allongement des durées de formation s’expliquerait alors assez logiquement.
En cette période de construction budgétaire, l’État cherche désespérément des financements pour tenter d’équilibrer son budget. Les fonds de la formation constituent une manne tentante aux yeux d’un État déjà exsangue. Mais l’OPA prévisible de l’État sur une partie des fonds de la formation [3] pourrait aussi être une manière de faire payer aux entreprises leur désengagement progressif. Il s’agirait en quelque sorte d’un juste retour des choses pour les chômeurs qui ont été jadis des salariés.
[1] DARES Analyses, octobre 2013, n° 62, 8 pages
[2] http://www.miroirsocial.com/actualite/7881/pourquoi-les-durees-des-stages-de-formation-sont-de-plus-en-plus-courtes
[3] http://www.miroirsocial.com/actualite/9155/compte-personnel-de-formation-opa-sur-les-fonds-de-la-formation
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