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14 / 12 / 2022 | 103 vues
Laurence Tribillac / Abonné
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MFP/Mutualité Française: un double regard sur la fragilité sociale et la qualité de vie au travail

Concrétisation de leur volonté de rapprochement, les présidents des deux fédérations mutualistes, Eric Chenut et Serge Brichet, ont  eu l'occasion la semaine dernière, lors de leur conférence de presse commune MFP/Mutualité Française, de porter un double regard sur la fragilité sociale et la qualité de vie au travail avant de proposer des leviers de « solutions ».

 

Côté MFP, Serge Brichet a présenté le dernier ouvrage de l'Observatoire MFP des fragilités sociales des agents publics : le Mook III « Indispensables & fragiles »

Retrouvez le Mook ici

Depuis 2018, forte de près de 5 années d'observations et de 3 baromètres Harris Interactive, la MFP apporte de nouveaux enseignements sur le degré de fragilité des personnels des services publics. Le slogan interpelle « Si je vais mal, vous irez mal », autrement dit lorsque la santé des agents publics se désagrège, c'est tout le service public qui se désagrège.

 

Des tendances lourdes qui s’installent dans le paysage public :

 

- une souffrance éthique, celle de ne plus pouvoir rendre le service attendu, ancrée fortement dans certains métiers, comme ceux du secteur hospitalier.

 

- une influence forte et reconnue du travail sur la santé : 30% des agents estiment que leur travail a une influence négative sur leur santé et 54% l'envisagent de manière encore plus prégnante dans les prochaines années.

 

- une envie d’exercer qui divise : encore plus que les années précédentes, les agents restent très partagés sur l'envie de continuer à exercer dans le service public (en 2022, pour 33% d'entre eux, l'envie s'est clairement affaiblie).

 

« Les fonctionnaires sont une population à part entière mais pas non plus entièrement à part. Les problématiques qu'ils rencontrent trouvent la même résonance dans l'ensemble de la société » constate Serge Brichet.

 

Alors quels pistes et leviers d'amélioration ?

 

A deux voix, la MFP et la Mutualité Française abordent leurs objectifs en termes de prévention, de prévoyance et de dépendance.

 

Si la réforme de la protection sociale complémentaire en cours dans la Fonction publique constitue une réelle avancée sociale puisqu'elle légalise la participation obligatoire des employeurs au financement de la complémentaire des personnels publics en activité, les risques de régression des droits demeurent particulièrement prégnants !

 

Un exemple simple pour le démontrer : la prise en charge de la perte d'autonomie mise en place depuis une 20aine d’années par les mutuelles de fonctionnaires en couplage avec la santé risque de disparaître, ce risque étant exclu du champ d'application de la réforme. Ainsi, quelque 3 millions d'agents publics adhérents mutualistes vont perdre leurs droits à cette couverture, sachant qu'adhérer à titre individuel multipliera par 13 la cotisation (pour une même garantie !).

 

Autre exemple lourd de sens, dans la FPE, dans les futurs cahiers des charges ministériels, le taux de financement accordé à la prévention est nul alors que les accords professionnels ou interprofessionnels des salariés du privé à « degré élevé de solidarité » doivent intégrer un financement dédié à hauteur de 2% ou plus de la cotisation du contrat ! Pourquoi de telles différences ?

 

Au-delà de cette réforme, d'autres leviers existent tels que la prévention santé au travail ou encore l'accompagnement social des personnes, ADN du modèle de protection sociale développé par les mutuelles.

 

Côté Mutualité Française, en écho et en complémentarité de Serge Brichet, son président Eric Chenut porte un regard prospectif sur le virage préventif actuel, essentiel pour agir efficacement sur les conditions de santé au travail.

 

A ce titre, il interroge : « Quelles sont les conditions d'une meilleure santé au travail ? La reconnaissance et la valorisation des personnels sont des besoins qui vont bien au-delà du seul aspect salarial. ». En outre, face aux inégalités de santé, aussi bien sociales que territoriales et de genre, il est urgent de travailler activement sur l'ensemble des déterminants de santé, afin de pouvoir les réduire et ne plus les subir.

 

Ces constats de fragilité sociale des citoyens doivent conforter le gouvernement dans la nécessité de renforcer les conditions de santé et de qualité de vie au travail.

 

Aujourd’hui, nous vivons les inégalités en matière d'accès à la santé. Alors, comment conforter les solidarités envers les plus fragiles ? Il faut travailler sur l'ensemble des déterminants de la santé en associant tous les acteurs parties prenantes : Etat, OCAM, établissements de santé et services de soins.

 

Il faut également aller plus loin sur les champs de la prévention (risques cardio-vasculaires, troubles musculo-squelettiques, risques psycho-sociaux) et de l'accompagnement social. Le virage préventif inscrit par le ministre de la Santé, François Braun, dans sa feuille de route, est une intention qu’il convient de saluer mais les moyens alloués ne sont pas à la hauteur. Le Comité de dialogue mis en place avec les complémentaires est une initiative qui va dans le bon sens mais il reste encore beaucoup à faire.

 

L'ambition commune des deux fédérations en termes de prévention et d'accompagnement est grande mais le cadre actuel est clairement insuffisant. Un vrai défi à relever qui donne tout son sens à la volonté de rapprochement des deux entités : renforcer l'identité Fonction publique au sein du mouvement mutualiste pour rassembler les expertises et les savoir-faire et gagner en efficience !

 

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