Les conditions de la négociation collective ne permettent généralement pas de changer la donne
« Dans le projet de loi sur le travail, on constate une sorte de fétichisme de la négociation collective, présentée comme la solution aux problèmes des entreprises et moyen de développer la culture du dialogue social. Contrairement à ce qui est raconté, les syndicalistes français ont bien la culture de la négociation, dans laquelle ils passent l’essentiel de leur temps. Mais si la majorité d’entre eux signe des accords, beaucoup répondent dans les enquêtes qu’ils ont le sentiment de ne pas réussir à influencer les décisions des directions. Cela corrobore un constat général : le caractère assez formel de la négociation collective. Les DRH consultent beaucoup les représentants du personnel, de manière sincère d’ailleurs, persuadés de la nécessité de garder des relations apaisées avec eux. Sauf que les marges de manœuvre dont ils disposent pour négocier sont très faibles… », explique Baptiste Giraud, maître de conférence en science politique (LEST) qui a co-écrit un article dans la Nouvelle Revue du Travail avec Rémy Ponge (doctorant au laboratoire Printemps-USQV) sur la manière dont se déroulaient aujourd’hui les négociations collectives. Celui-ci s’appuie sur une recherche menée dans trois établissements ayant connu d’importantes transformations ces vingt dernières années.
Pratiques « d’évidement », « intérêt variable » des syndicalistes, marge de manœuvre des DRH, retrouvez l'interview complète de Baptiste Giraud > « Les négociations collectives sont vidées de leur contenu ».