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03 / 06 / 2013 | 12 vues
Social Nec Mergitur / Membre
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La précarité entretenue des professeurs municipaux de la Mairie de Paris

C'est une institution qui remonte au Second Empire... À Paris, la Mairie propose aux Parisiens de plus de 18 ans des cours municipaux pour adultes. Des centaines de formations sont désormais  assurées, généralement le soir, par des professeurs municipaux. Pourtant, ces derniers, voulant sans doute rompre avec la tradition, ne cessent de dénoncer la précarité de leur situation. Pour ces enseignants, les relations sociales à la Ville de Paris, sont décrites comme atteintes d'un polyhandicap des plus « fluctuat » et dont les symptômes ne sont pas très « mergitur ».

Hypoacousie et aphasie


À la Direction des affaires scolaires de la Ville de Paris (DASCO) sévit un mal qui affecte spécialement les responsables des ressources humaines : une surdité sévère, assortie d'un mutisme profond. Telle est sans doute l'explication du grand silence qui succède à toutes les demandes de requalification en contrat à durée indéterminée d'une quinzaine de professeurs des cours municipaux d'adultes (CMA), faux vacataires depuis des lustres.

Ces demandes, qu'elles émanent de relais syndicalistes ou des salariés eux-mêmes, tombent dans les oubliettes de la rue de l'Arsenal (DASCO) et de la rue Lobau (DRH) où les écrits en recommandé subissent le même anéantissement que les courriers simples, les incantations, les formules vaudou, les courriels. Ils n'en parlaient jamais mais tous étaient frappés : la directrice des affaires scolaires, la chef du bureau des CMA, le chef des RH de la DASCO, le DRH, la première adjointe au maire... La pandémie n'en épargne aucun et chaque requête suscite un nouveau cas.

  • Sur les 852 professeurs assurant les cours municipaux, 500 ne seraient pas titulaires d'un emploi public (et seraient, partant, susceptibles d'être contractualisés à la Ville). Ces chiffres, communiqués par l'administration il y a bien longtemps, sont certainement en-deçà de la réalité, ne serait-ce que parce qu'en 1990, 20 000 auditeurs étaient inscrits. Mais cet effectif a depuis beaucoup augmenté.

C'est Bertrand Delanoë lui-même, préfacier de la brochure des cours distibuée au public, qui nous l'apprend : « En formant le vœu que les 30 000 auditrices et auditeurs des cours municipaux d'adultes puissent réussir leur formation, je remercie tous le personnel pédagogique... ». À moins que la Mairie n'ait truqué les chiffres, ces 10 000 auditeurs en plus traduisent donc une augmentation de la fréquentation de 50 %.



Mais aux remerciement du successeur d'Étienne Marcel, le personnel préférerait probablement un contrat en bonne et due forme. Une demande guère extravagante d'ailleurs car, à voir les chiffres municipaux, le travail n’a pas l’air de manquer

Cécité.  Il est vrai que sur son site, la municipalité annonce la couleur. Dans sa rubrique « travailler à la ville », en bout de liste des métiers de l'enseignement et de la culture, on lit à propos des cours municipaux : « les enseignants sont des vacataires ». Ici, l'on peut diagnostiquer un problème de vue, qui viendrait alourdir un polyhandicap pourtant déjà sévère pour la municipalité.

En effet, le rédacteur du site n'a pas lu une autre rubrique (certes, fourre-tout) du même site : contrats, vacataires, saisonniers, dans laquelle sont définis les emplois que la Ville pourvoit par vacation : des missions ponctuelles, limitées dans le temps.

  • Sachant que certains professeurs dispensent leurs cours depuis plus de vingt ans, sachant d'autre part que les premiers cours municipaux sont nés en 1820 et ont pris leur essor sous le Second Empire, la « limitation dans le temps » de la mission éducative fait long feu. Mais à Paris, peut être que le temps est une notion fluctuante (« nec mergitur ») ?

Ce douloureux problème de vue touche également les employés du service délivrant les fiches de paie, qui se trouvent ainsi dans l'incapacité de remplir les rubriques obligatoires du précieux document : en effet, on a beau scruter le document à la loupe, nulle trace du nombre d'heures effectuées, information disparue depuis l'automne 2008. L'on ignore s'il s'agit des mêmes employés, affaiblis par la maladie qui, comme Bartleby, préfèrent ne pas délivrer l'attestation destinée aux Assedic.

Dyscalculie

Pour aggraver le tout, un dernier symptôme se développe de manière inquiétante: la dyscalculie. En effet, même dotée de calculettes, d'ordinateurs alimentés à l'électricité, d'employés titulaires du certificat d'étude, voire de brillants lauréats des concours de la fonction publique, bref, de moyens matériels et humains, la dyscalculie  touche le bureau des CMA depuis 2007 et galope.

Chaque année, la DASCO, dont l'action se fonde nettement sur un principe de précarité durable, recrute de nouveaux professeurs vacataires, retirant aussi bien des heures de cours aux enseignants présents à qui elle refuse un contrat, pour qu'ils ne dépassent pas 380 heures annuelles de cours, nombre-barrage tiré au sort une nuit de pleine lune, dans le but de ne pas contractualiser plus d'une trentaine de professeurs.

En 2007 en effet, la DASCO et le bureau des CMA, effrayés (semble-t-il) par une directive européenne de 2005 qui grondait très fort les employeurs de précaires, a décidé de créer un contrat de travail pour une poignée d'enseignants, sans élaborer, comme cela existe pour les PVP (professeurs qui dispensent aux élèves parisiens les cours d'arts plastiques et de musique) de règlement d'emploi, choisissant une base horaire hebdomadaire de 35 heures au lieu de 18 à 20, comme c'est le cas pour un enseignant du secteur public.

Dernièrement, on s'est aperçu que la dyscalculie perturbait gravement le compte des heures de cours dispensées par les vacataires : la DASCO se livre à des déclarations fantaisistes. Des professeurs découvrent ainsi qu'ils auraient fait 500 heures au lieu de 60, mais payées 10 euros l'heure au lieu de 33. Fort heureusement, il semble que la Sécurité sociale se penche sur ce trouble, suite à une déclaration d'heures « originale » pour arrêt maladie.


Il n'y a plus qu'à espérer que l'organisme de santé publique envoie non seulement un enquêteur mais aussi une équipe médicale complète. Une situation qui pour la Mairie de Paris serait alors des plus « mergitur ».

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