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06 / 12 / 2011 | 144 vues
Pierre Ferracci / Membre
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Groupe Alpha : une stratégie assumée

Le groupe Alpha ne laissant pas indifférent, l’annonce d’une mauvaise performance économique, la première perte depuis ses origines en 1983, suscite forcément quelques commentaires, certains peu amènes, mais on me dira que c’est la loi du genre.

Après deux années de croissance autour de 16 % en rythme annuel, le groupe enregistre, en effet, un recul de l’activité globale proche de 10 % en 2011 et le résultat du groupe sera largement négatif. C’est donc une première pour le groupe, qui ne le met pas en péril, en raison de la solidité de ses fondamentaux et de sa structure financière.

Choc

Mais, le choc est sévère et il convient d’en tirer tous les enseignements pour retrouver rapidement une performance économique plus en rapport avec nos enjeux stratégiques, nos ambitions de croissance et notre volonté d’assurer des perspectives professionnelles attractives pour l’ensemble des collaborateurs du groupe.

La confirmation de la montée de nouvelles formes de suppressions d’emplois (ruptures conventionnelles, plans de départs volontaires), le recul historique des plans sociaux et la crise du financement public ont affecté une grande partie de nos activités.

  • Les activités de Sodie sont affectées par les modifications législatives et réglementaires liées notamment à l’activité des cellules de reclassement et à la crise du financement public qui réduit les moyens de Pôle Emploi ; l’essentiel de la perte que le groupe va enregistrer se trouve dans cette branche.
  • Les activités de Sémaphores subissent une forte pression à la baisse sur les prix, compte tenu des ressources réduites des collectivités locales.
  • Pour Secafi, nous constatons un ralentissement de notre activité, avec le recul historique des PSE, avec la montée en puissance des ruptures conventionnelles et des plans de départs volontaires ; mais les activités de santé au travail sont en forte croissance et les résultats, malgré un tassement, restent positifs.

Cependant, j’ai la conviction que les mesures d’adaptation qui sont déjà à l’œuvre depuis plusieurs mois vont nous permettre de redresser la barre dès 2012 et d’effacer cette mauvaise performance économique. Il est à souhaiter, même si la crise fait des ravages, que les exigences de qualité l’emporteront sur les tentations permanentes de réduire les prix et les moyens des consultants que nous sommes. Mais, il ne faut pas considérer pour autant que s’adapter à la baisse de prix sur nos marchés, c’est renoncer à la qualité de nos missions et adopter un modèle social au rabais ; c’est non seulement inexact mais c’est ne pas prendre la mesure des exigences de nos clients et s’exposer à de sérieuses désillusions.

Pour ne prendre que l’exemple de Sodie, ne pas s’adapter aux contraintes très dures de l’appel d’offres de Pôle Emploi de 2009, c’était prendre le risque de s’exclure de la prise en charge des licenciés économiques, qui va être dorénavant structurée par le contrat de sécurisation professionnelle dans les entreprises de moins de 1 000 salariés. Que ces conditions rendent fragiles et précaires le modèle économique et le modèle social des opérateurs, c’est une triste évidence ; nous menons, avec d’autres, une action intense pour que les acteurs concernés changent la donne à l’avenir. Difficile combat. Mais, la disparition d’une bonne partie de l’activité des cellules de reclassement bouleverse le paysage ; il faut que Sodie prenne la place qui lui revient dans un service public de l’emploi qui s’appuiera moins sur ces outils et qui trouvera un meilleur équilibre entre Pôle Emploi et les autres opérateurs. Il faut aussi, bien sûr, que, dans les entreprises de plus de 1 000 salariés, Sodie continue à renforcer sa présence.

Les chantiers ne manquent pas mais les atouts et les compétences du groupe pour relever ces défis, qui lui ont permis d’être aujourd’hui un acteur incontournable dans les entreprises, l’économie sociale et le secteur public, sont nombreux.

Débat

Bien entendu, et c’est légitime, une mauvaise performance est l’occasion de revisiter la stratégie et d’y apporter, le cas échéant, des correctifs. J’ai proposé aux organisations syndicales de le faire dans un cadre rénové et ambitieux, mais, en attendant que nous nous mettions d’accord, éventuellement, sur ce dispositif, il faut mener le débat sereinement. En faisant la part des choses et en considérant, dans ce groupe peut-être plus qu’ailleurs, qu’au-delà de certaines défaillances coûteuses et évitables, la mise en œuvre d’une stratégie ambitieuse et assumée passe aussi par des performances financières moins bonnes, pendant un temps, surtout lorsque l’environnement est particulièrement difficile pour telle ou telle activité. En évitant aussi de charger la stratégie de tous les maux, meilleure façon de ne pas traiter nos carences.

Il en est ainsi du débat conseil des CE/conseil des directions. L’intégration de Sodie dans le groupe Alpha n’a-t-elle pas permis de faire entrer Sodie parmi les acteurs qui comptent en matière de reclassement ? Dans le privé, sa place a été confortée et la progression, incontestable, serait sans doute plus nette si une certaine frilosité ne caractérisait encore nos actions, en donnant de l’importance à des comportements d’acteurs plus marginaux qu’on ne le croit.

Au cours de cette même décennie, Secafi n’a-t-elle pas renforcé sa place de leader auprès des CE et des CHSCT, imprimant sa marque dans le débat public, et Sémaphores n’est-elle pas devenue une véritable référence dans le secteur public local, que l’initiative commune avec l’Association des Régions de France, lors de son dernier congrès, symbolise remarquablement ?

Et, plus que tout : allons-nous laisser à d’autres, moins porteurs de nos valeurs, le soin de développer des activités, essentielles pour les salariés, sous prétexte que le Code du Travail ne laisse pas l’initiative au CE ? Pour ne prendre qu’un exemple, pour moi le plus emblématique, nous refuserions donc de nous occuper, autrement que marginalement, des enjeux de sécurisation des parcours professionnels dans les entreprises et, donc, de formation et de GPEC, alors même que nous sommes en train de nous forger, dans ce domaine, une belle réputation sur les territoires avec les régions, mais aussi avec les partenaires sociaux en région.

On s’interdirait ainsi, outre la GPEC et la formation professionnelle, lorsqu’on traite du développement des territoires, de l’accompagnement des licenciés économiques, des rémunérations des salariés, des enjeux environnementaux, de l’égalité hommes-femmes, de mettre nos compétences à la disposition des acteurs, au seul prétexte que les CE n’ont pas la main pour choisir les intervenants. Libre à d’autres de réduire à ce point le spectre de leurs interventions. Libre au groupe Alpha d’assumer ces choix et de les faire partager au plus grand nombre, dans les syndicats, les entreprises et les collectivités locales.

Ce besoin d’élargissement de nos activités est vital et ce qui se passe autour des PSE devrait plutôt nous inciter à hâter le pas. Il ne s’agit pas d’attendre sans agir que notre périmètre historique se réduise ou de compter sur d’hypothétiques changements législatifs pour qu’il s’élargisse.

Que ce positionnement génère quelques contradictions et qu’il faille les traiter, j’en conviens volontiers. À condition de regarder toutes les facettes de la réalité : sur la question que je viens d’évoquer, la formation professionnelle, la gestion paritaire du système, par le patronat et les syndicats, devrait mettre à l’aise le groupe pour intervenir dans l’entreprise comme il le fait déjà sur les territoires. À condition, également, d’avoir suffisamment confiance dans notre engagement et dans notre professionnalisme : quand on a une éthique et des valeurs, la réponse à un problème posé ne varie pas en fonction de l’interlocuteur qui nous sollicite.

Les exemples de synergies entre nos trois nbranches, Secafi, Sodie et Sémaphores, sont déjà extrêmement prometteurs et montrent notre capacité à répondre à des besoins complexes exprimés par nos clients ; la sécurisation des emplois et de la place des salariés a beaucoup à y gagner. Parmi ceux-ci, je citerai notamment les missions de gestion territoriale des emplois et des compétences, conduites sur les territoires, réunissant les savoir-faire de Secafi, Sémaphores et Sodie et portant sur l’appréciation de la situation des entreprises, l’évaluation des métiers en risque et en devenir, l’évaluation des besoins qualitatifs et quantitatifs en compétences ou encore l’appréciation des besoins et de l’offre de formation. Autant d’enjeux que l’on sait essentiels pour construire les emplois de demain. Sans compter, naturellement, les synergies mises en place pour accompagner la reprise d’entreprises en difficultés, le reclassement des salariés en souffrance ou la redynamisation de territoires très fortement touchés par la crise.

  • Le cap sera donc maintenu, en se donnant davantage de moyens de tirer profit des synergies internes. Il faut le faire en préservant les éléments essentiels de notre modèle social, qui doit vivre en s’adaptant sans que cela soit synonyme de régression.

Intégrisme

Un mot sur les commentaires du site « où va la CGT » ; ils nous laissent de marbre.
Sous couvert d’anonymat, ce site manie avec beaucoup de constance la calomnie et le mensonge, aussi bien vis-à-vis de la direction confédérale de la CGT et d’autres forces syndicales, suspectées de dérive et de compromission par ces intégristes d’un autre âge, que vis-à-vis de cabinets comme le nôtre. Leurs analyses ridicules remplissent d’aise les responsables les plus conservateurs et les plus rétrogrades du patronat qui n’ont pas trop de souci à se faire face à cette conception du syndicalisme.

Le comble de l’ignominie est atteint lorsque ce site évoque « Secafi, structure opaque dans le financement probable, direct ou indirect, de la confédération ». Au moment même où le Figaro Magazine sort un dossier sur « L’argent caché des syndicats », on appréciera l’allusion de ces anonymes qui, en matière d’opacité, s’y entendent à merveille. Ces accusations fielleuses, qui se raréfient au fil du temps, émanent en général de quelques patrons extrêmistes, comme leur idéologie, qui rêvent d’une entreprise sans syndicat.

On continuera à discuter tranquillement des enjeux qui regardent le groupe Alpha, à mettre en œuvre les ressources et les compétences qui ont fait de nous l’acteur du conseil le plus écouté dans le monde syndical, un des acteurs qui comptent dans le domaine des relations sociales, des dynamiques des territoires, de la politique de l’emploi et du développement économique.

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