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PSE : comment anticiper les conséquences des gains de productivité sur ceux qui restent ?
Les PSE visent des gains de productivité qui se traduisent par des transferts de charge de travail pour les salariés qui restent. Retour sur le direct du 7 novembre porté par Technologia.
Avant de mettre sur la table la question de la charge de travail pour ceux qui restent après un PSE, une première interrogation s'impose. "C'est celle de la faisabilité. La direction doit en effet être capable de justifier que cela ira mieux économiquement après le PSE. Or il y a une part de croyance qui conduit à des désorganisations majeures ne manquant pas de dégrader les conditions de travail de ceux qui restent", explique Nicolas Villard, directeur général de Technologia Expertises.
Rapport unique
La pression de la direction sur les délais est forte sitôt un PSE lancé et la priorité des salariés qui n'envisagent rien d'autre que la sortie va logiquement aux conditions de départ. Pas évident dès lors pour les élus de faire comprendre à ces salariés que peser sur les conditions de travail de ceux qui reste permet justement de négocier à la hausse les conditions de départ. C'est tout l'enjeu pour les élus que de challenger le livre IV dédié aux conséquences du projet de PSE sur les conditions de travail, dans un rapport d'expertise unique qui intègre à la fois les dimensions économiques et la santé au travail.
Une attention permanente
"Il ne faut pas attendre l'annonce du PSE pour prendre en compte le sujet de la charge de travail. Cela doit être une attention permanente des élus. Poser le sujet dès que cela s'impose au travers d'avis motivé, d'enquête de la CSST ou de suivi de la BDESE est le meilleur moyen d'être en capacité de capitaliser sur ces actions quand une direction présente son projet de réorganisation. Ce travail mené en amont a également toute sa valeur dans les échanges avec les DREETS", souligne Valentine Brégier, directrice juridique de Technologia.
Objectiver la charge de travail
Chez MSD France, un laboratoire pharmaceutique, la succession de 7 PSE en 15 ans a fait passer les effectifs de 2000 à 1200 salariés. Principalement sur les effectifs commerciaux avec des mesures d'âge certes très avantageuses puisque il y a la possibilité d'anticiper un départ à la retraite de 8 ans en touchant 70 % de son salaire pendant la période . Les conséquences sur les salariés qui restent sont majeures. "Les secteurs géographiques de prospection des itinérants ont grossi au fil des PSE avec une augmentation du portefeuille des clients. Nous nous employons à objectiver cela en mesurant l'évolution des kilomètres parcourus et le nombre des visites clients. La direction avance qu'il suffit de passer moins de temps avec chaque client quand le portefeuille double par exemple. Nos arguments ont déjà conduit la DREETS à demander à la direction de revoir son projet. Il y aurait matière à voter une expertise pour risque grave pour peser encore davantage", témoigne Stéphanie Meunier, déléguée syndicale UNSA du laboratoire.
Transfert des coûts versus ETP
Chez Orange SCE, un PDV a été lancé avec l'objectif de supprimer pas moins de 700 postes, principalement sur la chaîne de traitement commercial, dans une logique d'externalisation d'une partie de l'activité vers Madagascar et l'île Maurice. Un objectif de départ à peine atteint à un tiers. "Il y a une absence de mesure de la charge de travail alors que des conseillers clients pourtant concernés par le PDV sont déjà en surcharge. Quand on demande à connaître l'effectif nécessaire pour faire le travail à Madagascar, la direction nous répond en transfert de coûts", explique Arnaud Résillot, délégué syndical CFE-CGC d'Orange SCE. Un dialogue de sourd.