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Accord MEDEF du 11 janvier : encore un leurre !
C’est encore un éléphant qui a accouché d’une souris. Cet accord concède plus d’avantages au patronat qu’aux salariés, la seule avancée notable étant l’extension de la couverture complémentaire des frais de santé à tous les salariés.
Pour le reste, on sent bien que les négociateurs ne connaissent pas bien ce qui se passe sur le terrain. Traiter de l’assurance chômage dans un accord pour l’emploi montre bien la limite des ambitions des différents acteurs.
L’augmentation de la taxe sur les CDD ne servira à rien, lorsque l’on sait que beaucoup d’entreprises passent par des boîtes d’intérim à la place des CDD (parce qu’ils ont moins de contraintes pour rompre les contrats) et les entreprises qui n’utilisaient pas encore ce subterfuge y viendront rapidement. Quand il faut contourner, ils savent faire…
Un mot sur les périodes d’essai : même lorsqu’il est prévu de pourvoir à un poste en CDI, encore une fois, très fréquemment les entreprises embauchent en intérim et testent ainsi le salarié sur un temps beaucoup plus long que la période d’essai légale, cette disposition ne fera qu’accorder un énième cadeau au patronat.
Autre point discutable : les accords de maintien dans l’emploi dont il est question vont être inévitablement utilisés par les entreprises pour baisser les salaires et augmenter le temps de travail, voire les deux. Encore un coup porté à la réforme des 35 heures, sans vouloir le dire expressément...
Pour ce qui est de rendre plus difficile pour les salariés de contester leurs licenciements, c’est une véritable atteinte aux droits des salariés, lorsqu’une entreprise ne souhaite pas être attaquée, elle peut et doit faire les choses légalement, un point c’est tout !
Rendez-vous compte : que représente un plafonnement à 14 mois de salaire d’indemnité pour plus de 25 ans d’ancienneté pour un smicard, alors que les patrons du CAC 40 s’en mettent plein les poches ? Le Crédit Suisse, qui est une banque internationale spécialisée dans la gestion des grosses fortunes, publie régulièrement un « rapport sur la richesse mondiale » (global wealth report), prévoit une augmentation des grosses fortunes de 50 % dans les 5 ans à venir, l’industrie du luxe ne s’est d’ailleurs jamais si bien portée : LVMH (n° 1 mondial) a vu ses ventes bondir de 26 % au premier semestre 2012. Décidément la crise, ne touche pas tout le monde…
Pour terminer, faut-il souligner que François Chérèque ex-dirigeant de la CFDT, a été nommé jeudi en Conseil des ministres « inspecteur général des affaires sociales » sur proposition des ministres Marisol Touraine et Michel Sapin, avec un salaire de départ mensuel d’environ 8 000 €.
L'IGAS, nouvel employeur de M. Chérèque, est un service interministériel de contrôle, d'audit et d'évaluation des politiques sociales qui réunit 130 experts de la « cohésion sociale » (famille, protection de l'enfance, lutte contre l'exclusion, travail social…), de la protection sociale (Sécu, prestations…), du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et de la santé. L'IGAS est l'un des grands corps administratifs de l'État où la patrie reconnaissante recase ses « serviteurs ». Pour information, un inspecteur général en fin de carrière perçoit en moyenne 124 144 € annuels.