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03 / 06 / 2022 | 398 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Arrêt de travail

Comment border l'accompagnement des salariés en arrêts de travail de longue durée ?

Si la loi interdit à un employeur de contacter un salarié en arrêt de travail pour l'inviter à ne pas le prolonger ou exercer toute autre pression, tout l'invite en revanche à maintenir le lien pour assurer un retour à l'emploi dans les meilleures conditions. Retour sur le direct du 22 avril, organisé par Miroir Social en partenariat avec le groupe JLO qui propose une solution en ligne baptisée Lea visant à sécuriser les échanges pendant l’arrêt. Le besoin est là comme en ont témoigné la CFE-CGC Orange et la CFDT Carrefour.

 


Selon une étude de la DARES, au delà d'un arrêt de travail de plus de 6 mois, le salarié n'a plus que 60 % de chance de retrouver son emploi. Face à cette réalité, mieux vaut se donner les moyens de préparer le retour or beaucoup d'employeurs préfèrent couper les ponts pour notamment éviter des dérives avec des managers qui pourraient mettre la pression, consciemment ou pas, ce que la loi interdit formellement. "Quand un salarié conteste un licenciement pour inaptitude, la justice prend bien en compte la volonté de l'employeur de maintenir le lien", souligne Albine Gasquet, directrice générale de JLO, un groupe de conseil historiquement créé pour assurer le maintien dans l'emploi des salariés en situation de handicap avant de s'élargir sur la QVT en général avec un volet expertise auprès des CSE.

Echanger avec les interlocuteurs de son choix

Avec l'application en ligne Lea, JLO propose un espace sécurisé permettant aux salariés en arrêt de longue durée d'échanger avec les interlocuteurs de leur choix, en fonction de leur besoin : RH, mission handicap, médecin du travail, médecin traitant, assurance maladie, prévoyance, assistante sociale, psychologue du travail  sans oublier les représentants du personnel. "Notre approche est pluridisciplinaire. Il s'agit de laisser aux salariés le choix de leurs interlocuteurs. On est dans des relations personnalisées avec un panel de services d'accompagnement. Cela est d’autant plus nécessaire sur des nouvelles pathologies comme celles associées au Covid long que l’on voit augmenter", précise Albane Gasquet. Chez Décathlon où Lea a été déployée, 25 % des 250 salariés qui se trouvent en arrêt de longue durée ont accepté un accompagnement via l'application. Un taux d'adhésion bien supérieur à celui projeté initialement par la direction. L'opportunité de consolider le suivi en coordonnant au mieux les différentes étapes d'une reprise de poste.
 

"L'accompagnement pendant l'arrêt ne peut pas dépendre que de la bonne volonté des différents acteurs de l'entreprise. Il y a le besoin de structurer une approche globale dans  laquelle les représentants du personnel ont toute leur place. Rien n'empêche les représentants des RH et les élus de partager des informations sur les salariés suivis sans qu’il y est atteinte au secret médical", explique Stéphane Roose, directeur associé d'Impact Etudes, cabinet d'expertise CSE qui fait partie du groupe JLO. Et celui-ci de préciser qu'un projet comme Lea relève du projet important et qu'il doit dès lors faire l'objet d'une information-consultation en CSE.

Recul chez Orange

La "crise des suicides" survenue chez France Télécom entre 2006 et 2009  a dramatiquement illustré les risques induits par des reprises du travail non accompagnées. Post crise, la direction a mis en place un dispositif d'accompagnement des salariés éloignés de l'emploi avec notamment la constitution de comités médicaux sociaux, des modèles de courriers  à adresser dès le premier mois d'absence et la formation de toute la ligne RH et des assistances sociales. Qu'en est-il aujourd'hui ? "Il y a un recul en arrière. Le dispositif qui avait été mis en place n'est plus effectif", considère Maria Bouscary, secrétaire nationale adjointe de la CFE-CGC Orange qui s'est justement engagée dans le syndicalisme après avoir largement contribué à mettre en place le dispositif en tant qu'ex cadre RH spécialiste de la protection sociale chez l'ex France Télécom. Et d'ajouter, "il y a un moment charnière quand la couverture prévoyance se met en route. C'est une période anxiogène sur un plan financier qu'il faut savoir accompagner pour que les situations ne se dégradent pas". La méconnaissance des spécificités du statut des fonctionnaires (encore plus du tiers de l'effectif) par les RH est également un facteur de confusion.


Accord de maintien dans l'emploi chez Carrefour


Chez Carrefour où 45 % des arrêts de travail et des maladies professionnelles sont associés aux TMS, des salariés sont perdus de vue depuis plusieurs années tout en étant toujours enregistrés dans les effectifs...Un accord de maintien dans l'emploi est pourtant renouvelé chaque année. Au moindre avis d'inaptitude, même partiel, l'accord prévoit de mettre en place un suivi avec le chef d'établissement, le RH de proximité, les représentants du personnel, un ergonome et la médecine du travail.  "C'est la théorie car dans les faits cela s'applique très peu du fait des contraintes opérationnelles et d'un affaiblissement de la ligne RH. Il y a une réelle volonté de prévenir les risques de désinsertion professionnelle par la DRH mais cela ne résiste pas aux exigences du business, à fortiori dans un contexte économique compliqué où les restructurations s'enchaînent. La priorité vise plus à réduire l'absentéisme de courte durée que de faciliter le retour au travail des salariés en arrêt de longue durée", explique Sylvain Macé, délégué de groupe CFDT qui précise qu'une enquête menée par le syndicat à révélé qu'une part significative des salariés ne déclarent pas des pathologies liées au travail pour ne s’arrêter que quand la limite du supportable est atteinte...