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Sens et éthique au travail : un enjeu d’entreprise, une question interdisciplinaire, une production collective
La prochaine conférence-débat du master 2 « management, travail et développement social » de l’Université Paris-Dauphine, co-dirigé par Norbert Alter et moi-même a pour titre « sens et éthique au travail ». Elle aura lieu le vendredi 27 mai à l’Université Paris-Dauphine et réunira les contributions d'Yves Clot, Lionel Garreau, Pascal Levet, Dominique Méda, Daniel Mercure...
L’idée de cette conférence est partie du constat suivant : depuis quelques années, on voit se multiplier l’usage des termes d’éthique et de sens dans l’univers de l’entreprise. Des codes et des chartes d’éthique sont rédigés, des audits d’éthique et des bilans de responsabilité sociale sont réalisés, des trophées d’éthique sont remis. De nouvelles professions font leur apparition (depuis une dizaine d’années, celle de déontologue par exemple, que l’on rencontre principalement dans le secteur bancaire et les sociétés d’audit et de conseil), d’autres métiers sont amenés à évoluer (le DRH de demain doit endosser, outre toutes ses missions traditionnelles, celle de « sense-maker »). De manière très récente, on peut relever que même la souffrance devient éthique : le terme de « souffrance éthique » (comme résultat de conflits de valeurs entre le but du travail ou ses effets secondaires et les convictions du travailleur) est employé par l’INSEE qui en fait l'un des six risques psychosociaux dont il est nécessaire d’assurer le suivi (rapport remis au Ministre du Travail, Xavier Bertrand, avril 2011).
Pour traiter d’éthique et de sens dans le monde de l’entreprise, deux perspectives sont fréquemment privilégiées.
- La première est une micro-perspective. C’est à l’échelle de l’individu que se pose le plus souvent la question du rapport aux valeurs : quelle est la signification du travail pour le sujet, quelle est l’orientation qu’il recherche dans son travail, quels desseins guident son action ? Comment agir sur les aspirations du sujet ?
- La seconde est, au contraire, une macro-perspective. Dans le cadre d’une internationalisation de l’action économique, comment l’entreprise peut-elle gérer son image ? Comment peut-elle faire preuve de responsabilité sociale vis-à-vis des conditions de travail de ses employés (et de ses sous-traitants), de son rapport à l’environnement (et de ses conséquences locales) ?
Confrontés à une sorte de grand écart entre des niveaux très différents (celui de l’individu d’une part et de l’économie mondialisée d’autre part), sens et éthique sont plus rarement envisagés en tant que résultats d’une production collective dans le cadre du travail. Or, c’est précisément l’axe de réflexion et d’action qui est privilégié par le master MTDS. L’idée de développement social conduit en effet à penser l’articulation de l’économique et du social dans une perspective de créativité organisationnelle, de développement identitaire et de construction de nouvelles modalités de coopération. Créé en 2008, le master MTDS s’appuie sur une approche pluri-disciplinaire (ergonomie, sociologie, gestion, psycho-sociologie) pour proposer de nouveaux modes d’analyse et d’intervention dans lesquels le social n’est pas une simple variable d’ajustement mais une priorité permettant d’enclencher des compromis dynamiques dans les organisations.
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attention l'éthique affichée peut être pathogène
Ancien élève du master de MTDS, je réagis pour remercier du travail fait dans ce master qui m'a fait comprendre l'importance de l'analyse des paradoxes et la nécessité de redonner du sens au travail à des salariés sujets de droit.
Bravo pour cette conférence et toutes mes salutations à tous et particuièrement à daniel Mercure dont son dernier livre m'a particulièrement passionné.
Densi Andrieu