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Salaire des cadres : une année catastrophique !
L'enquête Oscar (Observatoire du salaire des cadres et de leurs revenus) 2008 de la CFDT Cadres a été conduite auprès d'un échantillon de 641 cadres à temps plein, sans interruption de carrière au cours des cinq dernières années.
- Le pouvoir d'achat des salaires individuels nets des cadres, y compris primes, promotions et avancements, a stagné en 2007 (+0,2%) contre une progression d'au moins 2% les trois dernières années.
- En 2007, 50% des cadres ont perdu du pouvoir d'achat, (contre 34% en 2007), un taux jamais atteint dans le cadre de l'étude.
- Les cadres qui n'ont pas bénéficié d'augmentations individuelles voient leur pouvoir d'achat baisser de 1,35%.
- 66,6 % des cadres souhaitent des augmentations mixtes, individuelles et collectives. 10,5 % des cadres n'ont perçu aucune augmentation.
Ce gel du pouvoir d'achat s'explique essentiellement par :
- Une inflation surprise qui a dérapé fortement en fin d'année 2007 entrainant un taux d'inflation en glissement de 2,6%. A cette date, toutes les décisions concernant les augmentations de salaires sont prises. En fin d'année, malgré les revendications, ni les entreprises, ni la fonction publique n'ont compensé cette hausse brutale des prix.
- Un marché du travail porteur mais sans réelle tension, malgré un quasi plein emploi pour les cadres. En 2007, le chômage des cadres a de nouveau régressé. 208 200 embauches ont été réalisées, soit 7 000 de plus qu'en 2006 et la quatrième année de hausse.
- Une situation démographique qui continue d'évoluer et qui oblige les entreprises à retenir les compétences. Les mentalités évoluent lentement, vis-à-vis des seniors notamment même si cela ne se mesure pas encore
L'augmentation forte et rapide des prix est venue réduire à néant toute progression du pouvoir d'achat pour 2007. Néanmoins les grandes caractéristiques de la rémunération sont restées identiques : individualisation des rémunérations même si les cadres réclament plus d'augmentations collectives, développement du variable, écarts plus marqués, priorité affirmée aux plus hautes rémunérations. Les cadres ne sont plus que 52,8% à être satisfaits ou très satisfaits de leur rémunération.
Pourtant à la fin de l'année 2007, les performances économiques étaient encore très satisfaisantes et la crise financière et des matières premières n'avait pas encore produit ses effets. Les salaires seuls des patrons des entreprises du CAC 40 ont encore augmenté de 4,3% (sans compter les stocks options et autre distribution d'actions gratuites) et les bénéfices de ces sociétés ont également progressé pour atteindre 97 milliards d'euros.
Dans l'immédiat, le contexte économique est moins favorable et les négociations risquent d'être beaucoup plus difficiles, sauf si de réelles tensions apparaissent sur le marché du travail. Après les conflits du début d'année, notamment dans l'informatique, d'autres peuvent naitre si les entreprises ne consentent aucun effort. Nul ne doute qu'après la tentative de remise en cause de leur RTT, la sensibilité des cadres sera exacerbée. « Travailler plus mais gagner moins », est ce là le programme qu'on leur propose pour les années à venir ?
Les cadres s'investissent sans compter, ni leur temps, ni leur enthousiasme tant qu'ils estiment en retour bénéficier des moments de respiration nécessaires à leur équilibre et d'une rémunération motivante. A défaut, cette motivation sera remise en question. La CFDT Cadres est à leur côté et soutient leur revendications. Elle appelle les entreprises et les employeurs publics à entamer dès la rentrée de septembre des négociations en vue à la fois de compenser les pertes de pouvoir d'achat et d'augmenter les rémunérations. Depuis de trop nombreuses années, la rémunération du capital accapare la plus grande partie des résultats.