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15 / 03 / 2025 | 19 vues
Eric Peres / Abonné
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Cadres et télétravail: Un bilan positif mais des ajustements sont nécessaires

L'Apec a publié une étude sur le regard des cadres, managers et employeurs sur le télétravail. Deux tiers des cadres du secteur privé télétravaillent désormais au moins un jour par semaine, une tendance qui s’est installée durablement depuis la crise sanitaire. L’enquête, menée auprès de cadres et d’entreprises en 2024, met en lumière une perception largement positive du télétravail, tout en soulignant les ajustements nécessaires quant à son organisation.

 

Un mode de travail plébiscité par les cadres et les entreprises

 

La généralisation du télétravail chez les cadres est indéniable : en décembre 2024, 67 % d’entre eux télétravaillaient au moins une fois par semaine. Cette pratique est particulièrement ancrée dans les grandes entreprises (76 % des cadres concernés), les services à forte valeur ajoutée (79 %) et en Île-de-France (74 %). À l’inverse, elle reste moins répandue dans les secteurs de la construction (54 %) et du commerce (57 %), ainsi que dans les petites entreprises.

 

Les cadres télétravailleurs dressent un bilan globalement positif de cette organisation : 69 % estiment qu’elle présente plus d’avantages que d’inconvénients. Côté managers, l’adhésion est forte, avec 95 % d’entre eux favorables au télétravail, dont 42 % sous certaines conditions. Les employeurs partagent ce constat : 71 % des entreprises proposant le télétravail en tirent un bilan positif.

 

Une adaptation progressive des pratiques professionnelles

 

Avec l’ancrage du télétravail, les cadres ont su adapter leur organisation. Trois sur quatre déclarent choisir leurs jours de télétravail en fonction de leurs missions, une progression de 11 points par rapport à 2023. Les tâches nécessitant de la concentration, comme l’avancement sur des projets de fond, sont privilégiées en distanciel, tandis que les réunions et interactions se font davantage en présentiel.

 

Les pratiques managériales ont également évolué : 69 % des cadres estiment que leur management s’est adapté au télétravail. La confiance reste un élément clé de cette transition, 91 % des cadres déclarant être autant considérés par leur hiérarchie à distance qu’en présentiel.

 

Le télétravail, un atout pour l’attractivité des entreprises

 

Les entreprises perçoivent de plus en plus le télétravail comme un levier d’attractivité. En décembre 2024, 70 % des entreprises de plus de 250 salariés considéraient l’absence de télétravail comme un frein au recrutement des cadres, contre 43 % seulement en 2021.

 

Cette évolution des mentalités est particulièrement marquée dans les PME, où 46 % des employeurs estiment désormais que proposer du télétravail est essentiel pour attirer des talents, soit une progression de 23 points en trois ans.

 

Des réflexions en cours sur l’organisation du télétravail

 

Si les cadres sont attachés au télétravail, ils restent attentifs à ses conditions d’application. 67 % se disent mécontents à l’idée d’une réduction du nombre de jours de télétravail, et 82 % en cas de suppression totale. Dans cette dernière hypothèse, la moitié envisagerait de quitter leur entreprise.

 

Conscientes de ces attentes, la majorité des entreprises maintiennent leur politique actuelle : en 2024, seules 10 % ont réduit le nombre de jours télétravaillables, et seulement 7 % prévoient de le faire en 2025.

 

Des ajustements prévus sur les modalités du télétravail

 

Si le volume de télétravail devrait rester stable, son organisation pourrait évoluer. Plus de la moitié des cadres anticipent une révision des règles internes en 2025, notamment sur les jours autorisés, les délais de prévenance ou les outils de suivi.

 

Les grandes entreprises semblent particulièrement engagées dans cette réflexion : un quart d’entre elles envisagent de revoir leur organisation du télétravail. Ces ajustements visent notamment à renforcer le sentiment d’appartenance des collaborateurs, un enjeu pour les entreprises qui jugent que le télétravail peut parfois l’affaiblir.

 

Lien vers l’étude : urlr.me/DUtaHF 

 

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Quel bilan tirer de la montée en puissance du télétravail, presque 5 ans après la crise sanitaire qui a favorisé son expansion ?

 

L’APEC apporte des éléments de réponse dans une étude publiée le 12 mars,(*) et sur laquelle FO Métaux livre réflexions et préconisations.

 

Aujourd’hui, deux tiers des cadres du privé travaillent régulièrement à distance, c’est-à-dire au moins un jour par semaine. Cette pratique s’est largement répandue parmi cette catégorie d’actifs pendant la crise sanitaire et s’est maintenue depuis, au point qu’ils n’envisagent pas de retour en arrière : si leur employeur le supprimait, près de la moitié d’entre eux chercherait même à changer d’entreprise. Ces dernières, conscientes de ces enjeux, sont peu nombreuses à avoir diminué en 2024 (10 %) ou à penser diminuer en 2025 (7 %) le nombre de jours de télétravail autorisés.

Cadres télétravailleurs, managers et directions d’entreprises s’accordent donc pour dresser un bilan positif du télétravail, lui attribuant plus d’avantages que d’inconvénients, et ce quelle que soit la taille de l’organisation.

 

Pratiques et mentalités ont évolué

 

Ce satisfecit tient sans doute à la bonne adaptation des cadres et des entreprises à ce nouveau mode de travail. Les premiers ont su arbitrer entre les tâches nécessitant une présence sur site et celles télétravaillables tandis que les secondes ont réussi à adopter des pratiques managériales adaptées.

« Il ne faut pas sous-estimer le rôle de la négociation collective dans ce succès, soutient le secrétaire fédéral Bruno Reynès. Ainsi, l’ANI du 26 novembre 2020 « pour une mise en œuvre réussie du télétravail » reste une pierre de touche pour qui veut négocier efficacement un accord de télétravail dans son entreprise. »

Au-delà, les entreprises, particulièrement les plus grandes, considèrent de plus en plus le télétravail comme un facteur d’attractivité. Près de 70 % des entreprises de plus de 250 salariés estiment aujourd’hui que ne pas proposer de télétravail constitue un frein au recrutement de cadres, contre seulement 43 % en septembre 2021 (+ 27 points).

 

Pour notre organisation, c’est donc un atout de poids dont l’industrie ne saurait se priver. « Il faut que nos équipes le revendiquent et en négocient les termes de la façon la plus avantageuse possible pour les salariés, considère Bruno Reynès.

 

Pour autant, cela n’exclut pas la vigilance sur de nombreux points, à commencer par le droit à la déconnexion et un partage clair entre vie privée et vie professionnelle. La surcharge informationnelle –la fameuse infobésité– fait figure de facteur de déséquilibre clairement identifié dans ce dossier, et sur contre lequel FO Métaux se bat. »

 

Autant de potentiels points de discorde par ailleurs identifiés par les cadres, notamment les plus jeunes, comme des limites, qui ne remettent toutefois pas en cause la volonté de pérenniser la pratique du télétravail.

 

Aller plus loin

 

Le document montre également que, contrairement à certaines idées reçues, dirigeants et managers  n’associent pas systématiquement télétravail et baisse de productivité. Au contraire. « Le monde de l’entreprise est prêt à aller plus loin sur ce dossier, explique Bruno Reynès.

A nous d’accompagner directions et salariés pour en faire par le dialogue une opportunité où tout le monde y gagne. »

Au sein des autres catégories socio-professionnelles, le télétravail ne s’est néanmoins guère autant développé et a même reflué à l’issue de la crise sanitaire.

« Nous ne sommes pas une organisation catégorielle, rappelle le secrétaire fédéral, c’est pourquoi nous portons une revendication forte pour que le télétravail soit facilité pour les non cadres, notamment certains ETAM et agents de maîtrise, dans le cadre de notre effort continu pour améliorer les conditions de travail et la qualité de vie au travail de tous les salariés. »

(*) https://corporate.apec.fr/files/live/sites/corporate/files/Nos%20%c3%a9tudes/pdf/Etude%20t%c3%a9l%c3%a9travail%20des%20cadres.pdf