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31 / 03 / 2014 | 122 vues
Jean Louis Bally / Membre
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Orange : d'un suicide à l'autre, problèmes et solutions

En septembre 2009, R., téléconseiller du 1016 d'Orange, se jetait d'un pont, près d'Annecy. Il laissait une lettre pointant la responsabilité de l'entreprise et le lien avec sa situation de travail. La réponse des dirigeants d'alors était qu'il s'agissait de situations tragiques mais liées à des facteurs personnels.

Sous la pression des salariés, le CHSCT obtenait une expertise sur les circonstances et l'environnement professionnel de la victime. L'enquête pointait les dysfonctionnements de l'organisation et du management de ce service et concluait par une série de recommandations.

En janvier 2014, F., salarié d'Orange, se jette sous un RER. Il travaillait à Paris, dans un service de soutien aux téléconseillers du 1016 (l'administration des ventes) avec les mêmes applications à gérer que celles de R.

Un CHSCT s'est réunie et une enquête de l'inspection du travail a été diligentée les jours suivants.

Il est frappant de constater les similitudes entre les constats et préconisations de l'inspection du travail en 2014 et celles de l'enquête menée 4 ans auparavant.

Il y a eu, à Annecy, une amélioration réelle des conditions de travail (plateau aménagé, open space réduit, à dimension plus humaine, bruit amélioré).

Mais pas de changement des conditions du travail. On retrouve 4 ans plus tard le même constat sur l'organisation du travail et un management que les dirigeants d'Orange n'ont pas voulu modifier : poursuite et aggravation de la complication des taches (le salarié doit solliciter 48 applications pour gérer son travail, soit neuf de plus et encore plus complexes qu'en 2009), management axé sur le contrôle et la surveillance des salariés, primes et définition des taches arbitraires etc.

Voir le tableau comparatif.

Cette situation ne peut que perdurer quand des pressions sont exercées sur les syndicalistes et les élus CHSCT pour éviter qu'ils ne conduisent une enquête (« l'arbre des causes ») sur le contexte professionnel de ces drames.

Tel ce CHSCT qui, malgré une demande d'explication de la famille, ne s'est réuni que deux mois après le suicide d'un salarié, sans prendre la décision de mener une enquête sur les circonstances professionnelles de ce drame. La famille a été priée de s'adresser directement à l'inspection du travail.

On reprendra en conclusion les conseils que prodiguent les formateurs CHSCT, au fait de ces situations de crise, et que l'on retrouve dans le courrier de l'inspection du travail cité (voir le courrier ici) :

  • toujours enquêter sur le contexte professionnel de l'accident (établir un arbre des causes) : quitte à dédouaner tout lien professionnel si cela est justifié ;
  • ne pas valider une nouvelle réorganisation du travail ou du management tant que les préconisations des enquêtes précédentes (internes ou des CHSCT, DU) n'auront pas été mises en œuvre.
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