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Faut-il avancer ou reculer l’âge de départ en retraite ? ...vrai sujet!
Le Rassemblement National et le Nouveau Front Populaire s’entendent pour proposer aux Français d’annuler la réforme des retraites de 2023, voire d’avancer l’âge minimal d’ouverture des droits à 60 ans (pour ceux qui ont commencé à travailler tôt dans le programme du Rassemblement National). Cette note expose les raisons pour lesquelles il ne faut pas annuler cette réforme mais, au contraire, il faudra un jour ou l’autre reculer encore plus l’âge de départ en retraite.
Le principal intérêt économique d’un recul de l’âge de la retraite est d’augmenter, à moyen terme, la production et l’emploi, donc les recettes de l’ensemble des administrations publiques. La réforme de 2010 a d’ailleurs entrainé une hausse de l’emploi dans la décennie qui a suivi, y compris de celui des séniors même si leur accès à l’emploi pourrait être meilleur, et non une hausse du chômage. Celui-ci risque d’augmenter à court terme mais cet effet n’est pas durable.
Un recul de deux ans de l’âge minimal de départ en retraite améliore ainsi le solde des administrations publiques de 0,9 point de PIB à moyen terme dont 0,5 point pour les régimes de retraite et 0,4 point pour les autres administrations.
Compte-tenu des autres mesures prises dans le cadre de la réforme de 2023, notamment la hausse de certaines dépenses, la réduction du déficit public prévisible en 2030 est toutefois seulement d’environ 0,6 point de PIB dont 0,4 point pour les régimes de retraite.
Le déficit des régimes de retraite prévu pour 2030 par le conseil d’orientation des retraites (COR) dans son nouveau rapport (0,4 % du PIB) est inférieur de seulement 0,1 point de PIB à celui qu’il prévoyait en 2021, avant la réforme, mais il repose sur un scénario économique moins favorable pour les années 2022 à 2027. On ne peut donc pas en déduire que l’impact de la réforme de 2023 est seulement de 0,1 % du PIB. Dans ce nouveau rapport, avec ce scénario moins favorable, les régimes de retraite restent déficitaires dans les prochaines années et leur déficit se stabilise vers 0,7 / 0,8 % du PIB à partir de 2045.
La réforme de 2023 ne reculera l’âge moyen de liquidation de la retraite que d’environ 8 mois. Il est inférieur à celui des autres grands pays et le restera probablement.
Plutôt que de maintenir l’âge minimal à 62 ans, ou le ramener à 60 ans, il faudra sans doute un jour ou l’autre viser un nouveau recul de l’âge moyen de liquidation soit en relevant l’âge minimal au-dessus de 64 ans, soit en augmentant la durée de cotisation requise pour obtenir le taux plein au-delà de 43 ans. Si des mesures sociales d’accompagnement sont certainement nécessaires, c’est en effet une très bonne mesure pour réduire le déficit public et reprendre le contrôle de la dette.
Abandonner dès 2025 la réforme de 2023 (y compris les mesures sociales compensatoires) accroîtrait le déficit public d’environ 0,6 point de PIB à l’horizon de 2030 (17 Md€ d’aujourd’hui) et ramener l’âge minimal de départ à 60 ans ajouterait un coût supplémentaire pouvant atteindre 0,9 point de PIB (26 Md€) à terme.
L’âge de la retraite en France et dans les autres pays
Le COR a comparé les régimes de retraite en France et dans dix autres pays de l’OCDE (Allemagne, Belgique, Canada, Espagne, Etats-Unis, Italie, Japon, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède). En 2022, l’âge minimal de départ en retraite de droit commun est de 60 ans au Canada, de 62 ans en France comme aux Etats-Unis, au Japon (pour les femmes) et en Suède mais il est programmé pour passer à 65 ans au Japon (hommes et femmes) et à 64 ans en Suède. Dans tous les autres pays examinés, il est supérieur à 65 ans et son recul est programmé.
Des possibilités de retraite anticipée, d’un côté, et des incitations à un départ au-delà de l’âge minimal, d’un autre côté, existent cependant dans beaucoup de pays. Il est donc préférable de comparer les âges effectifs moyens de liquidation de la retraite ou de sortie du marché du travail.
Les âges moyens de liquidation de la retraite, pour les femmes comme pour les hommes, sont plus faibles en France que dans les autres grands pays européens. Les âges moyens de sortie du marché du travail sont inférieurs aux âges moyens de liquidation de la retraite mais leur hiérarchie entre les pays est semblable.
En outre, comme le montrent également les travaux du COR, l’espérance de vie à la sortie du marché du travail est plus grande en France que dans les autres grands pays de l’OCDE.
Pour plus de détails:
- Protection sociale parrainé par MNH
- Vie économique, RSE & solidarité
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: Quelques questions à poser aux candidats aux législatives
Quelques questions qui devraient être posées aux candidats aux législatives sur les perspectives démographiques, le travail et la retraite !
Le débat sur la réforme des retraites de 2023 s’est focalisé sur le nombre de milliards d’euros nécessaires pour rétablir l’équilibre de nos régimes en répartition à l’horizon 2030, mis en péril par les évolutions démographiques.
En effet, sous l'effet du passage à la retraite de cet « éléphant démographique » que constituent les générations nombreuses du baby-boom, la population des 20-59 ans diminue de plus de 50.000 par an, alors que celle des 60 ans et plus augmente de plus de 250.000 par an.
Cette réalité entraînera logiquement une croissance significative des besoins des personnes dépendantes notamment en termes de soins et nécessitera par conséquent une nouvelle réforme d'ici 2030, voire avant.
L’éléphant démographique n’a donc pas fini de faire parler de lui : ce sera très certainement un des enjeux difficiles du quinquennat 2027-2032.
Travailler plus pour produire les biens et services dont nous avons besoin pour maintenir notre niveau de vie, et tout particulièrement pour éviter d'être moins soignés, tel est bien l'enjeu immédiat auquel nous sommes confrontés, de façon de plus en plus dure chaque année en raison d’une pénurie de main d’œuvre qui ne fera que s’intensifier.
Les candidats sauront-ils regarder cette réalité en face ?
Les questions à poser:
- Peut-on continuer à générer de la dette pour financer notre système de retraite?
- Comment maintenir une solidarité intergénérationnelle et la confiance dans notre système de retraite?
- Comment faire face à la pénurie de main d'oeuvre au regard de l'éléphant démographique?
- Comment réduire les inégalités , notamment liées à la pénibilité, pour qu'une réforme soit acceptée?
- Comment rééquilibrer les comptes de notre système de retraite pour le pérenniser?
Les éclairages proposés par le CRAPS ( Cercle de recherche et d'analyse sur la protection sociale) :
- Régis de Laroullière, Membre du CRAPS et animateur des forums Mac Mahon, Didier Bazzocchi Vice-Président du CRAPS et Fabien Brisard, Directeur Général du CRAPS
https://www.thinktankcraps.fr/demographie-retraites-kebab-elephant/
- Hervé Chapron, Membre du Comité directeur du CRAPS
https://www.thinktankcraps.fr/retraite-du-livre-blanc-a-lhypothetique-der-des-ders/
- Laurent PIETRASZEWSKI, Ancien ministre chargé des retraites et de la santé au travail, Président-Fondateur du Cabinet de conseil GRENEL – Membre du CRAPS, Hervé CHAPRON
Ancien Directeur général adjoint de Pôle emploi – Membre du CRAPS et Michel MONIER, Ancien Directeur général adjoint de l’Unédic – Membre du CRAPS
https://www.thinktankcraps.fr/retraite-sortons-de-tous-les-fetichismes-et-totems-sauvons-le-regime-par-repartition/
- Régis de LAROULLIÈRE, Membre du CRAPS – co-animateur des Forums Mac Mahon et Didier BAZZOCCHI, Vice-Président du CRAPS – Ancien Directeur général de MMA
https://www.thinktankcraps.fr/le-sort-de-la-reforme-des-retraites-nepuisera-pas-le-sujet/
- Dominique Burlett, Président de la France Mutualiste, Colonel (2S)
https://www.thinktankcraps.fr/reconnaitre-lengagement-des-combattants/
- Sophie CAILLAUD, Anthony SALIC et Anne CLAUSSE, Cabinet YCE Partners
https://www.thinktankcraps.fr/la-retraite-un-contrat-de-confiance/
-Régis de Laroullière, Membre du CRAPS et Animateur des Forums Mac Mahon et Didier Bazzocchi, Vice-Président DU CRAPS
https://www.thinktankcraps.fr/immigration-trois-eclairages-sur-les-enjeux-economiques-et-demographiques/
- Hervé CHAPRON & Michel MONIER, Membres du CRAPS, respectivement anciens Directeurs Généraux Adjoints de Pôle emploi et de l’Unédic et auteurs de « Penser le social – 5 questions pour 2022 »
https://www.thinktankcraps.fr/reforme-des-retraites-mere-de-toutes-les-reformes-sous-condition/
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Dans un contexte de profondes mutations de notre système de protection sociale, les élections législatives représentent une occasion idéale pour interroger les candidats sur leurs propositions en la matière. Le CRAPS, fidèle à sa mission transpartisane, souhaite donc saisir cette opportunité pour initier un débat sur l'avenir de notre système de protection sociale, qui ne doit pas être la grande absente de ces élections et encore moins faire l’objet de propositions simplistes à l’instar du « toujours plus ».
À travers une série de questions posées jusqu'à la fin de la semaine, le CRAPS propose aux candidats de développer leur vision d'un système de protection sociale moderne, efficace, lisible et garant de la cohésion nationale. Ces interrogations couvriront divers aspects (non-exhaustifs) de notre système, tels que les retraites et la démographie, le financement et les dépenses publiques, les territoires de santé, la gouvernance du système de santé, ou encore les principes philosophiques de la sécurité sociale. Par cette démarche, le CRAPS entend contribuer à une meilleure compréhension des enjeux de notre modèle social par l'ensemble de la société.
À travers cette interpellation, le CRAPS rappelle par ailleurs son attachement à un système de protection sociale placé au service de chacun, sans distinction de quelque nature que ce soit, et réaffirme son engagement républicain pour construire une société plus juste, plus éclairée, plus démocratique, plus fraternelle et solidaire.