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13 / 09 / 2022 | 132 vues
Jean Meyronneinc / Abonné
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Impact des facteurs de pénibilité en milieu professionnel sur les inégalités sociales de santé

Si le sujet est souvent évoqué, il n'est pas évident et simple d’avoir une vision globale sur la question des expositions aux facteurs de pénibilité et des inégalités de santé qui peuvent en découler. Sur ce sujet particulièrement important, la publication ces dernières semaines d'un rapport réalisé par le Laboratoire de Sciences Actuarielle et Financière (SAF) (1) apporte une contribution intéressante qui devrait nourrir les réflexions.
 

Il analyse :

 

  • les disparités et le cumul des pénibilités au travail et leurs impacts sur les inégalités de santé à partir des enquêtes Conditions de travail et risques Psychosociaux (CT-RPS 2005, 2013, 2016) et Surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels (Sumer 2003, 2010, 2016-2017), en s'interrogeant sur le lien entre expositions et multi-expositions aux risques professionnels, état de santé dégradé et recours aux arrêts maladie

  • mais aussi, les mesures déjà mises en place pour limiter les risques et celles qui pourraient être les plus pertinentes à développer ou à renforcer.


 

La physionomie des personnes concernées

 

A partir de l’enquête SUMER (2) , les auteurs du rapport estiment :

 

  • que 13,5 millions de personnes en France métropolitaine, soit 61% des salariés, étaient exposés à un ou plusieurs facteurs considérés de pénibilité sur leur lieu de travail en 2017. 10,7 millions étaient concernés par des contraintes physiques marquées, 4,1 millions par un environnement agressif et 4,8 millions par des rythmes de travail atypiques. …

  • ….étant observé que certains emplois et des profils de salariés ont tendance à cumuler les différents facteurs de pénibilité. : Il s’agit notamment des ouvriers, des travailleurs de nuit et des travailleurs en équipes alternantes ainsi que les travailleurs les plus jeunes. En revanche, les salariés des grandes entreprises (500 salariés ou plus) semblent en général plus épargnés.

 

Les auteurs précisent, entre autres que :

 

  • La proportion de salariés exposés à au moins un facteur de pénibilité considéré a diminué entre 2010 et 2017, pour revenir à celle qui prévalait en 2003.

  • Ce sont surtout les expositions aux bruits nocifs, aux nuisances thermiques, aux agents cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR) et à la manutention répétée de charges qui ont diminué au cours de la période.

  • Les inégalités sont issues de processus cumulatifs : la surexposition aux facteurs de pénibilité s’ajoute en général à d’autres risques majeurs pour la santé. Ont été retenus pour cette recherche les facteurs de pénibilité identifiés dans les enquêtes Sumer et Conditions de Travail: notamment, manutention de charges lourdes, postures pénibles, vibrations mécaniques, agents chimiques dangereux (y compris les poussières et les fumées), températures extrêmes, bruit, travail de nuit, travail en équipes successives alternantes et travail répétitif. Les risques biologiques, les risques routiers ou les risques psychosociaux sont exclus de l’analyse.

  • Parmi les facteurs nourrissant les inégalités sociales de santé, les conditions de travail et la pénibilité associée sont prépondérantes. Il existe une association forte entre expositions aux contraintes physiques marquées et risques d’état de santé altéré, de recours aux arrêts maladie et de survenue d’accident du travail (plutôt bénins), mais aussi entre expositions à un environnement physique agressif et risques d’état de santé altéré et accidents du travail.

  • Concernant les rythmes de travail atypiques, une vigilance particulière semble devoir être portée aux travailleurs de nuit. Ces derniers présentent en effet, en cas d’accident du travail, des durées cumulées d’arrêt maladie beaucoup plus longues que leurs homologues travaillant principalement de jour.

  • Le surcroît de nombre de jours d’arrêt maladie (hors accident du travail et maternité) concerne aussi les salariés exposés au port répété de charges lourdes ou aux vibrations mécaniques, avec une accentuation entre 2010 et 2017. Cette évolution de la corrélation entre intensité de l’absentéisme et expositions aux vibrations mécaniques est d’autant plus préoccupante que la proportion de salariés exposés à cette contrainte physique est en progression.

  • Les mesures de prévention et de protection des nuisances sonores intensives semblent avoir davantage porté leurs fruits : d’une part, les taux d’exposition aux bruits nocifs ont considérablement diminué sur la période et d’autre part, les risques accrus d’arrêt maladie qui y étaient associés ont été éliminés. Pour ce facteur de pénibilité, les réflexions et efforts de prévention doivent désormais porter sur les moyens de réduire les risques d’accident du travail.
     

(1) dans le cadre d'un appel à projets de recherche sur la prévention lancé par l’EIReSP et ses partenaires (la DGS, la CNAMTS, la Drees, la Dares, l’INCa, l’Inserm, la Mildeca, Santé Publique France, le RSI).

(2) L'enquête Surveillance Médicale des Expositions des salariés aux Risques professionnels (SUMER) est une enquête transversale réalisée par les médecins du travail et de prévention. Elle a pour but de cartographier les expositions aux risques professionnels des salariés

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Pour la 14ème année consécutive, le cabinet de conseil Ayming et AG2R La Mondiale publient les résultats de leur baromètre sur l’absentéisme et l’engagement.


Cette vaste étude s’appuie sur des données consolidées provenant de plus de 3,5 millions de salariés en CDI. Elle pointe d’abord un ancrage de l’absentéisme dans le temps. Son taux s’établit ainsi à 6,19% en 2021 (en repli de 10% après l’année 2020 impactée par le Covid), après 5,54% en 2019 et 4,55% en 2015. En moyenne, chaque salarié a cumulé 22,6 jours d'absence l’année dernière et 37% ont été concernés par au moins une absence. Autre enseignement du baromètre, une augmentation des arrêts de longue durée. Le taux d’absentéisme pour les arrêts de travail supérieurs à 90 jours est ainsi passé de 2,82% en 2019 à 3,14% en 2021. En outre, 45 % des salariés absents sur une période étendue le sont pour raisons professionnelles (accidents du travail, maladies professionnelles, burn-out…) avec une augmentation «sensible» des épuisements professionnels.


Plus de la moitié des salariés estiment que leur travail a un impact sur leur état de santé. Il est positif pour 19% d’entre eux, mais négatif pour une majorité, à 36%. Neuf sur dix se considéraient début 2022 comme «engagés» au travail, dont un tiers «très engagés». Le lien entre niveau d’engagement et absentéisme est à relever puisque seuls 34% des collaborateurs «engagés» se sont absentés en 2021, contre 55% des moins engagés.