Covid-19 : vers une révolution du travail hybride
La pandémie de covid-19 a considérablement modifié notre société. Nous n’avons pas encore le recul nécessaire pour faire un bilan de tous ces bouleversements mais ceux-ci sont importants.
Pour les salariés, ces changements sont évidents. Entreprises et collaborateurs doivent jongler entre télétravail et travail sur place. Tous les secteurs sont concernés. Cette nouvelle organisation du travail est un défi : gestion des plannings, outils informatiques, maintien des liens sociaux etc.
Pour de nombreux salariés, cette crise sanitaire a été l’occasion de « prendre » du recul, de se remettre en question et de revoir l’équilibre vie professionnelle / vie familiale. Beaucoup souhaitent continuer de télétravailler : il s’agit du travail hybride.
Le travail hybride est un mélange de partage du temps de travail d’un collaborateur en mode télétravail et travail sur place, au bureau. D’après une étude de Cadremploi et Boston Consulting group, 78 % des Français sont séduits par le modèle hybride. D’après cette étude, les Français souhaiteraient pouvoir télétravailler en moyenne entre 2,3 à 2, 6 jours par semaine. Avec la sortie de crise, les entreprises se préparent au travail hybride.
Selon une étude de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) publiée le 8 juin 2021, la période post-covid s’ouvrira sur une nouvelle organisation du travail. Celle-ci sera marquée par plus de travail à distance. La crise sanitaire va faire évoluer la culture managériale. Les sites de travail seront réaménagés avec de nouvelles configurations des bureaux. Toujours selon cette étude, une majorité de DRH privilégient la formule de deux jours de télétravail par semaine.
Les enjeux de cette « révolution » de la relation au travail sont importants.
Le partage et l’accès à l’information pas toujours optimisés
C’est une évidence mais le télétravail ne facilite pas toujours la circulation de l’information. Une information mal organisée et/ou difficile d’accès peut causer des pertes de temps et des décisions erronées.
Une communication plus difficile
Là aussi, le télétravail ne favorise pas les échanges. Il est souvent plus difficile de communiquer en équipe. Les échanges peuvent être moins naturels et moins fréquents.
Le management à distance plus compliqué
Diriger une équipe hybride est plus compliqué. Comment évaluer le travail de chacun à distance ? Garder une motivation des équipes n’est pas simple. Le manager ne doit pas perdre le contact et il doit faire des points réguliers avec ses équipes.
Sécurité informatique : la grande oubliée
Face à l’urgence de la situation pandémique, de nombreuses entreprises ont déployé des solutions numériques pour le télétravail, sans vraiment mesurer les risques informatiques. Le résultat peut être catastrophique (attaques informatiques, défauts de confidentialité et vol de données).
Selon une étude du cabinet de conseil Frost & Sullivan, plus de 80 % des collaborateurs admettent utiliser des solutions informatiques sans l’accord de leur DSI.
Une limite vie privée/vie professionnelle floue
Par sa nature flexible, le travail hybride brouille les frontières entre vie professionnelle et vie privée. Le risque est que le salarié se sente obligé d’être disponible 24 heures sur 24, qu’il se démotive ou se retrouve isolé. De nombreuses études ont confirmé cette situation. En étroite collaboration avec l'employeur, la commission de santé, de sécurité et des conditions de travail (CSSCT) devra faire un état des lieux de l’état psychologique des salariés…
La cohésion des équipes mise à mal
Forcément, le télétravail ne favorise pas le travail en équipe. De nombreux télétravailleurs éprouvent un sentiment d’isolement. La communication et l’échange d’informations deviennent essentiels.
La place du présentiel ne doit pas être négligée
Le présentiel est essentiel à la création de liens entre les collaborateurs. Le défi reste donc de trouver le bon équilibre entre les deux modes de travail. Exercice d’équilibriste compliqué...
Une culture d’entreprise hybrido-compatible ?
C’est sans doute le plus grand défi et la principale menace pesant sur le travail hybride. Toutes les entreprises ne pourront pas instaurer un travail hybride efficace. En effet, les directions d’entreprise sous-estiment souvent la résistance d’une organisation au changement, liée à la culture d’entreprise. De nombreux freins à la mise en œuvre du travail hybride peuvent faire échouer le processus.
Réussir à concilier culture d’entreprise et travail hybride est donc complexe.
Rappelons que le comité social et économique (CSE) et les délégués syndicaux sont parties prenantes à la négociation de la mise en place du travail hybride. Les élus du personnel devront particulièrement s’investir dans les négociations, pour amorcer ce bouleversement important dans la vie des entreprises au mieux.