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22 / 07 / 2025 | 10 vues
Clarisse Josselin / Membre
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Réorganisation territoriale de la DGFIP : des annonces en trompe l’œil

La ministre des Comptes publics a annoncé, le 9 juillet, la création de sept nouveaux centres de contact à la Direction générale des Finances publiques (DGFIP), dans le cadre d’une politique de relocalisation des services publics. Mais il s’agit de plateformes téléphoniques qui n’accueilleront pas le public, comme le dénonce le syndicat FO-DGFIP.

 

Village Potemkine

 

C’est à ces façades en carton-pâte, érigées au XVIIIe siècle par le ministre russe Grigori Potemkine pour masquer à l’impératrice Catherine II la misère des lieux qu’elle traversait, que pense Olivier Brunelle, secrétaire général du syndicat, lorsqu’il évoque les dernières annonces ministérielles en matière de renforcement du maillage territorial de la Direction générale des Finances publiques (DGFIP).

 

Le 9 juillet, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, s’est félicitée de la création, au sein de cette administration, de sept nouveaux centres de contact, et du renforcement de quatre centres existants. Ces implantations, menées dans le cadre d’une politique de redéploiement territorial, se feront dans des villes moyennes, comme Pithiviers, Parthenay ou Longuenesse, ainsi qu’à la Réunion.

 

Il s’agit là d’une nouvelle étape dans la politique de relocalisation des services publics mise en œuvre en 2019 par Gérald Darmanin, alors ministre de l’Action et des comptes public et qui a plutôt permis, entre autres, de regrouper des sites et de remplacer des implantations de plein exercice par des points contacts, avec des services partiels, en lien avec une baisse des effectifs. Olivier Brunelle rappelle que depuis 2008, les Finances publiques ont perdu 33 000 emplois, soit un quart des effectifs. Et la moitié des implantations ont disparu. C’est sans équivalent dans les autres administrations.

 

Aucun emploi créé

 

Cette politique a créé des déserts administratifs. Aujourd’hui, on nous dit qu’il faut réimplanter des structures dans les villes moyennes, pour remettre de la vie économique et sociale. Après des décennies de déménagement du territoire, on fait un nouvel emménagement. Mais c’est un subterfuge. Car on ne réimplante pas des structures de plein exercice mais des services support, qui n’auront pas de contact physique avec le public. On ne peut donc pas dire que ce soit le retour de services publics, dénonce le militant.

 

En effet, les nouvelles structures, annoncées pour septembre 2026, seront des plateformes qui viendront en renfort des implantations existantes. Elles prendront en charge des appels téléphoniques venus de toute la France, répondront aux messages envoyés sur le site internet des impôts et réaliseront des actes de gestion simples. Quatre d’entre elles seront spécialisées dans les relations avec les entreprises et les trois autres dans le recouvrement des amendes. Au total, 330 emplois seront redéployés et répartis au sein de ces nouvelles structures. Il n’y a pas d’emplois créés, c’est un jeu à somme nulle, poursuit Olivier Brunelle.

 

Appauvrissement des tâches

 

Quant à l’argument de la redynamisation du territoire, il rappelle que la grande majorité des agents redéployés habitent déjà le département ou un département limitrophe, à l’exception de la Réunion.
Le militant pointe également des conditions de travail difficiles dans ces plateformes. C’est un traitement de masse dans une logique de masse. Les appels sont chronométrés et font l’objet de statistiques. C’est de l’abattage et un appauvrissement des tâches. Le travail n’est pas épanouissant. Dans ces centres, les personnels sont davantage contractuels que titulaires, ou en sortie d’école, ajoute-t-il.

 

Il s’inquiète également des annonces budgétaires faites le 15 juillet par le Premier ministre, François Bayrou. Celui-ci prévoit d’inscrire dans le projet de loi de finances pour 2026 qui sera présenté le 1er octobre prochain la suppression sur l’année de 3000 postes de fonctionnaires, et le non-remplacement, à partir de 2027 d’un fonctionnaire sur trois partant en retraite. 

 

En général, quand il y a des suppressions de postes dans la Fonction publique, on prend 80% de la facture. Ces suppressions de postes sont compensées par le surinvestissement du personnel et une dégradation de conditions de travail.

 

Chaque année, les heures supplémentaires écrêtées et les congés non pris représentent 2 000 emplois ETP. C’est environ le nombre d’emplois supprimés. On arrive à la limite de l’exercice. Soit on va le payer par la détresse des agents, soit on va devoir abandonner des missions, poursuit Olivier Brunelle, qui rappelle que la DGFIP est pourtant la colonne vertébrale financière de l’État, celle qui finance toutes les autres administrations.

 

 

 

 

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