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05 / 12 / 2013 | 24 vues
Sylvain Thibon / Membre
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Canal+ Afrique se développe à marche forcée sur le plan social

Canal+ Afrique, filiale contrôlée à 100 % par Canal+, affiche chaque année de bons résultats. Inscrite à l’agenda du groupe comme une priorité pour pallier au ralentissement des activités en métropole, Canal+ Afrique bénéficie d’un fort potentiel sur des marchés porteurs à très forte croissance.

Installé en Afrique du Nord depuis 1984, Canal+ Afrique se devait d’élargir son marché aux autres pays qui connaissent aujourd'hui des taux de croissance importants, où apparaît une nouvelle classe moyenne, friande de consommer comme ici et voulant disposer du meilleur des technologies. Canal+ investit ces territoires selon un modèle intégré développé en France, avec quelques variantes adaptées à l’environnement culturel local. Rien de plus normal, nous aurions dû franchir le pas depuis des années…

Si ce développement économique et technique est nécessaire, indispensable et judicieux, il se paie en revanche parfois au prix fort sur le plan social, notamment pour les équipes basées à Paris.

À travers sa filiale, Canal+ est aujourd’hui présent dans plus de 25 pays. Les enjeux et les objectifs fixés depuis Paris pour les équipes déployées en Afrique sont très ambitieux. Mais en France, aucune ressource supplémentaire ne vient accompagner le développement naturel de nos activités à l’étranger. Pire, les départs se multiplient. Cette politique sociale affecte le fonctionnement de cette entité au mépris du respect de certaines règles, celles qui régissent à minima le droit social.

Notre syndicat considère que cette situation est anormale et s’inquiéte pour le proche avenir. On ne pourra obtenir de résultats conséquents et durables sans un développement symétrique en métropole avec l’attribution de moyens humains et financiers supplémentaires. Il est urgent de cesser de réduire et d'imposer une pression sur les équipes investies au-delà du raisonnable. Une situation qui empire à mesure que le développement des activités se poursuit.

Certains salariés parisiens sont épuisés et inquiets devant l’ampleur de la tâche et de la charge de travail à accomplir. La multiplication des projets de toutes natures et dans tous les secteurs d’activités doivent être réalisés dans des temps extrêmement limités et avec un minimum de moyens. Ces impératifs finissent par lasser des salariés épuisés et en manque de reconnaissance  

Le nécessaire renforcement des équipes parisiennes est indispensable pour accompagner le développement des filiales locales, des points de ventes indirects et des boutiques qui ouvrent sur le territoire africain.

Or, en évinçant (parfois en virant manu militari et sans alerte préalable) des salariés pris au dépourvu, Canal+ Overseas fragilise son modèle social et sa capacité à réaliser ces objectifs ambitieux. CDD, stagiaires, contrats en alternance constituent aujourd’hui l’essentiel des recrutements. Ces recrutements à bas coûts sont réalisés en contradiction avec certaines règles du droit social qui veut qu’un stagiaire soit en stage lorsqu’il intègre une entreprise, qui veut qu’un CDD de remplacement laisse sa place lorsque le salarié qu’il remplace revient de sa formation ou d’une absence légale, qui veut qu’un CDI dont le poste est supprimé bénéficie d’une procédure de licenciement économique…

Les trois prochaines années sont présentées comme cruciales et déjà très chargées… Des annonces qui, dans la situation présente, ne cessent d’inquiéter la majorité des salariés parisiens. Les aides et soutiens apportés par la maison mère n’y suffiront pas. Si Canal+ Overseas organise et pilote, Canal+ Afrique réalise mais dans des conditions opérationnelles qui se dégradent fortement. 
  • C’est pourquoi le siège des activités à Boulogne est entré en tension. Une tension perceptible, une inquiétude qui s’accroît dans un désert syndical, Canal+ Overseas restant à l’écart du droit social interne, en dehors de l’UES (unité économique et sociale) dont bénéficient les 4 000 autres salariés du groupe Canal. Un statut plus protecteur que nous ne cessons de revendiquer, mais un peu seuls, pour les salariés de cette filiale.

Là comme ailleurs, un certain modèle de management peut être également questionné lorsqu’un patron considère qu’il faut balayer l’historique et reconstruire sur de nouvelles bases. Faire fi du passé social de l’entreprise, de l’histoire individuelle et collective des équipes, nourrissant l’inquiétude lorsque de mesures prises parfois abruptement déstabilisent et inquiètent. 

Cette pompe Afrique de Canal+ a un besoin urgent de carburant, de reconnaissance et de respect. Ces salariés qui participent fortement à l'atteinte de ces résultats ne reçoivent en retour bien souvent que brimades ou sanctions. Certains se sentent fragilisés, victimes d’une politique sociale et managériale inexpliquée, où l’enjeu semble être de faire partir toutes les indociles ou ceux n’entrant pas dans l’épure du moment.

Il faut que cela change. Il faut cesser de pointer du doigt les salariés de Canal+ Afrique et leur donner les moyens d’accompagner dignement en métropole le développement de nos activités du continent africain. Ces salariés-là obtiennent des résultats incontestables et incontestés, ils ont fait la preuve de leur investissement, dirigés par un directeur général reconnu et respecté. Il suffirait de peu pour que l’harmonie revienne, pour que s’ouvre un nouveau chemin de développement borné par le respect et la reconnaissance.

En attendant et en espérant, nous devrions également poursuivre l’intégration dans l’UES des équipes de Canal+ Overseas. Dès lors, les salariés de ces entités seraient mieux protégés, accompagnés, conseillés. C’est aujourd’hui impossible car cette muraille nous interdit d’aller plus avant socialement. Une ineptie que les salariés de Canal+ Overseas commencent à payer au prix fort.
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