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Quand le syndicat rejette une démarche de prévention des risques psychosociaux
Nous avons souvent entendu l'adage « faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais ». C’est ainsi, peut-être, qu’il faut observer la situation au Centre Hospitalier de Mâcon.
Le contraste est saisissant.Dans un courrier adressé le 19 avril à la direction de l’Agence Régionale de Santé de Bourgogne et communiqué au Ministère, le syndicat FO explique les raisons de sa non-participation à une réflexion organisée par la direction de l’hôpital sur la prévention des risques psychosociaux.
Le syndicat prend pour exemple la récente situation du service de néonatologie qui s’est vu imposer une remise en cause de l’organisation du travail avec la mise en place d’un cycle de travail de 12 heures, assorti d’une alternance jour/nuit. Le syndicat rappelle au directeur régional que « les syndicats ont unanimement rejeté cette nouvelle organisation en insistant sur le risque d’une dégradation des conditions de travail et de l’équilibre vie privée/vie professionnelle ».
Mais le syndicat poursuit : « Aujourd’hui, ce projet est mis arbitrairement en application et les personnels ayant manifesté leur désaccord se voient en conséquence convoqués individuellement et menacés de sanctions pour délit d’opinion… »
Si cet exemple ne suffit pas le syndicat en fournit un autre : « Autre exemple, l’expression sociale bafouée au bloc opératoire avec des personnels constamment harcelés, avec pour seul moyen de défense le recours au pénal, souvent assorti d’arrêts de travail pour souffrance psychologique. […] il faut aussi noter que pour gagner leur sérénité au travail, en cinq ans, sept membres du personnel harcelés ont dû abandonner leur emploi au bloc opératoire ».
La conclusion du syndicat devient évidente : « Vous comprendrez, Monsieur le directeur, que pour Force Ouvrière, la question des risques psychosociaux, l'une des premières raisons de l’augmentation des accidents de travail et des maladies professionnelles dans la fonction publique hospitalière, ne peut se résumer seulement au travers l’objectif d’une direction de pouvoir émarger financièrement à un dispositif, sans démontrer une réelle volonté politique de s’attaquer et de neutraliser les causes par le changement de comportement des managers ».
Le rapport définitif remis par Michel Gollac aux Ministres du Travail et de la Santé [1] fait ressortir les facteurs psychosociaux de risque au travail mis en évidence par la littérature scientifique. Ils peuvent être regroupés autour de six axes.
- L’axe 4 porte sur la mauvaise qualité des rapports sociaux au travail : « Ces rapports sociaux doivent être examinés en lien avec les concepts d’intégration (au sens sociologique), de justice et de reconnaissance ».
Les rapports sociaux à prendre en compte comprennent notamment, les relations avec la hiérarchie, l’adéquation de la tâche à la personne, l’attention portée au bien-être des travailleurs.
« Les pathologies des rapports sociaux comme le harcèlement moral, doivent être prises en compte ».
Alors, en ouvrant un débat sur la prévention des risques psychosociaux, la direction manifeste une incompétence qui ne peut l’exonérer de ses responsabilités.
[1] Le rapport du collège d’expertise sur le suivi des risques psychosociaux au travail, fait suite à la demande des Ministres du Travail, de l’Emploi et de la Santé. Composition du collège : Philippe Askenazy, Christian Baudelot, Patrick Brochard, Jean-Pierre Brun, Chantal Cases, Philippe Davezies, Bruno Falissard, Duncan Gallie, Michel Gollac, Amanda Griffiths (membre associée), Michel Grignon, Ellen Imbernon, Annette Leclerc, Pascale Molinier, Isabelle Niedhammer, Agnès Parent-Thirion, Daniel Verger, Michel Vézina, Serge Volkoff et Annie Weill-Fassina.