Organisations
Licenciement économique : un seul avis suffit
Lorsque la situation économique de l’entreprise nécessite d’envisager de procéder à un ou plusieurs licenciements, les représentants du personnel (comité d’entreprise ou, à défaut, délégués du personnel) doivent obligatoirement être informés et consultés sur différents points.
Étant donné le caractère délicat de ces questions, il n’est pas rare que l’employeur se retrouve confronté à une certaine réticence de la part des représentants du personnel.
Que se passe-t-il si ces derniers refusent carrément d’émettre un avis lors d’une réunion de consultation ?
Ce point vient d’être en partie tranché par les juges.
En effet, dans une affaire récente, les membres du comité d’entreprise (CE) avaient refusé de poursuivre la réunion après une suspension de séance. Seul l’un d’eux avait pris part au vote et émis un avis négatif sur la consultation en cours.
Les autres membres du CE ont alors saisi le juge des référés pour voir cet avis qualifié d’irrégulier, au motif que « sauf à procéder au remplacement des élus titulaires par les suppléants, la séance n’avait pas valablement repris ».
- Cet argument a été rejeté par les juges : l’avis émis par un seul membre du CE à la suite du départ des autres membres est régulier. Aucune disposition légale ne conditionne la validité d’un vote à la présence d’un nombre minimum d’élus.
Par extension, cette décision permet d’envisager la situation où tous les membres auraient refusé de prendre part au vote : à partir du moment où l’employeur a respecté la procédure, son obligation de consultation doit être considérée comme satisfaite. Ceci peut d’ailleurs valoir pour tout type de consultations, qu’elles portent sur un projet de licenciement économique ou non.
Conseil : dans un tel cas de figure, prenez bien garde à préciser, dans le procès-verbal de la réunion, que les membres du CE ont refusé d’émettre un avis.
Source : Cour de Cassation, chambre sociale, arrêt n° 07-20525 du 30 septembre 2009
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Attention à l'absence d'avis du CE sur un projet de restructura
La conclusion de l'article "Licenciement économique : un seul avis suffit" énonce que "cette décision permet d’envisager la situation où tous les membres auraient refusé de prendre part au vote : à partir du moment où l’employeur a respecté la procédure, son obligation de consultation doit être considérée comme satisfaite"
Je pense qu'il faut être relativement prudent sur cette extrapolation de l'arrêt de la Cour. En effet, si le CE refuse de rendre son avis (sur un projet de restructuration) au motif d'un manque d'information, l'employeur ne peut en déduire qu'il a rempli son obligation de consultation. Dans ce cas, en effet, ce sera au TGI, saisi en référé, de juger si, oui ou non, le CE a eu les informations nécessaires et suffisantes. Dans le cas d'une appréciation positive, le CE sera astreint à rendre un avis, en cas d'appréciation négative, l'employeur sera astreint à communiquer davantage d'informations.
Ca n'est donc pas sisimple que cela transparaît dans l'article cité