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02 / 10 / 2009
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Contagion : les risques psychosociaux s'invitent dans le dialogue social des services de l'État et de ses « filiales »

« Nous avons eu connaissance de suicides récents d’agents du Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement Durable et de la Mer (MEEDDM). Nous attirons votre attention et celle de votre administration sur ces drames. Il semble bien que les réorganisations de services en cours, les mobilités (géographiques ou fonctionnelles) imposées, annoncées ou effectives, ou encore la pression hiérarchique et le stress ainsi générés constituent des facteurs aggravants et parfois déclenchants. Deux nouveaux suicides récents dans vos services confortent malheureusement cette affirmation », lance le syndicat FO de ce ministère dans un courrier adressé le 16 septembre à Jean-Louis Boorlo. El le syndicat d'avertir : "le Meeddm ne doit pas devenir le France Télécom de demain."

L'attention est de rigueur dans le contexte de RGPP, Révision générale des politiques publiques, qui rime avec réduction des coûts

Le sujet des risques psychosociaux chez France Télécom est donc contagieux, il remonte à la surface du dialogue social dans la fonction et les services publics. Quid des impacts des transformations à La Poste où un sondage pour mieux comprendre le mal-être des commerciaux a été annoncé ? Guillaume Pepy, président de la SNCF, a également pris les devants en affirmant que la vague de suicides à France Télécom inspirait  « une leçon ».

  • Ce phénomène de contagion a été le même dans le secteur de l'automobile. En 2007, Renault est touchée par une vague de suicides avec emballement médiatique à la clef et plan d'action corrective. Dans la foulée, des cas de suicides sont médiatisés chez le concurrent PSA qui, lui aussi, met des mesures en place.


Didier Lombard, le PDG de France Télécom, a parlé plusieurs fois d'un effet « spirale » dans son interview accordée le 15 septembre à Libération. « Certaines personnes plus fragiles que d’autres sont passées à l’acte, happées par cette spirale », affirmait ainsi le PDG. Une autre forme de contagion qui se trouve contestée. Notamment par Christophe Dejours, psychiatre et psychanalyste. Mais pour Jean-Claude Delgenes, directeur général de Technologia, le cabinet sélectionné pour conduire l'audit des risques psychosociaux de France Télécom, « on ne peut que constater que le passage à l'acte d'une victime ouvre une voie qui n'avait pas forcément été envisagée par des êtres en grande difficulté. Bon nombre de gens qui ont fait des tentatives nous ont parlé des autres, de ceux qui avaient réussi. » C'est ce même cabinet qui est intervenu sur l'audit des risques psychosociaux de Renault.

  • Un nouveau fil de discussion est ouvert dans le groupe « Souffrances au travail » sur le sujet de la contagion. Comment agir avec des personnes que l'on sent en rupture ? Comment une personne en rupture depuis déjà un temps certain va-t-elle réagir si des collègues s'intéressent subitement à son cas ? N'y a-t-il pas un risque de se faire retourner un « tu viens me parler parce que tu as peur que je me suicide. » ? Vos témoignages permettront de nourrir un décryptage de synthèse sur les messages que font passer les directions aux salariés, non-préparés, afin que des « maladresses hypocrites » ne soient commises.
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