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10 / 09 / 2009 | 15 vues
Rémi Aufrere-Privel / Membre
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SNCF : moins de départs en retraite, moins d'embauches, moins d'emplois et création d'un poste de "délégué à l'évolution des métiers et de l'emploi"

Les évolutions très rapides que connaît la SNCF par la libéralisation des transports (concurrence dans le fret ferroviaire ainsi que sur les relations internationales voyageurs) et les réflexions en cours sur les transports régionaux, ont décidé Guillaume Pepy à nommer un "délégué à l'évolution des métiers et de l'emploi" en la personne de Jean-Pierre Aubert.

"Le groupe a besoin de se doter d'une composante transversale majeure dans le domaine de l'emploi et des compétences" - Guillaume Pepy

Guillaume Pepy considère dans la lettre de mission remise à Jean-Pierre Aubert, que "le groupe a besoin de se doter, en accompagnement des transformations managériales et organisationnelles en cours, d'une composante transversale majeure dans le domaine de l'emploi et des compétences".

Est-ce une réponse aux inquiétudes syndicales fortes énoncées en décembre 2008 sur l'absence de mise en valeur de transversalité du rôle de la D.R.H., les "activités" prenant des décisions de façon particulièrement autonome sur la gestion des personnels et des parcours professionnels ?

Le président de la SNCF ajoute que trois principes devront guider le nouveau délégué :

  • La "priorité à la valorisation des ressources humaines du groupe et au recrutement interne".
  • "Une plus grande faculté d'anticipation et de visibilité".
  • "S'assurer du caractère très opérationnel et donc très réactif des procédures et processus...".

Selon Guillaume Pepy, la première étape consistera "à identifier les opportunités d'évolution professionnelle... à travers la réservation d'un nombre accru d'emplois industriels et de production... au bénéfice du recrutement interne... le développement d'emplois nouveaux, notamment dans les métiers du service aux voyageurs... la ré-internalisation d'emplois dans certains domaines, comme l'informatique et les télécoms, la gestion de sites, l'entretien... le développement de mobilités et de parcours professionnels valorisants...".

S'adaptant à l'actualité, le président propose aussi "d'assurer le développement... du management de mission... ou le télétravail".

Tout en rappelant en début de courrier qu'il choisit "la voie du dialogue social et de la concertation". Du pain sur la planche pour Jean-Pierre Aubert.

Les grands enjeux

La SNCF est confrontée à d'importants problêmes démographiques qui ne peuvent s'améliorer à court ou moyen terme.

  • Conséquence d'une logique implacable pour l'entreprise publique SNCF suite à l'application de la loi de réforme des retraites de 2007 : plus de 1 500 cheminots ayant atteint l'âge de 50 ans (agents de conduite) et 55 ans (agents sédentaires) ont décidé de poursuivre leur activité.
  • La direction de la SNCF avait précédemment estimé à 7 100 départs de l'entreprise (dont 5 400 en retraite pour 2009 et 1 700 naturels).


La loi de réforme des retraites de 2007 appliquée à l'entreprise publique ferroviaire va en effet obliger dès cette année de nombreux agents à partir au-delà des âges de 50 et 55 ans pour maintenir le niveau de pension qu'ils auraient perçu sans la réforme.

L'âge repoussé du départ en retraite ne manquera pas non plus de faire évoluer l'absentéisme pour maladie ainsi qu'augmenter (logiquement) les risques d'accidents du travail. D'où une probable limitation de la productivité.

Entre les effets négatifs de la loi sur les retraites de 2007, l'évolution très négative du transport de fret (plus de 10 000 salariés concernés), la perspective de concurrence dans le transport régional de voyageurs, les hypothèses de privatisation-filialisation de certaines activités et un marché du travail en nette compression, le nouveau "délégué à l'évolution des métiers et de l'emploi" devra faire preuve d'une grande imagination et de beaucoup de tact avec ses futurs interlocuteurs.

Le fait que Jean-Pierre Aubert ait participé à la restructuration de l'industrie sidérurgique de Lorraine dans les années 90 n'est pas forcément de nature à rassurer les organisations syndicales.

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