Organisations
Le CEC, un autre conteur formation
La France n'en finit pas de créer des dispositifs fictifs de formation servant de faire-valoir ou de bonne conscience sociale.
Après le C3P, le CPF, le CPA, le compte d'engagement citoyen (CEC)
Si tout le monde (ou presque) connait le successeur du DIF, l'infortuné CPF, ce Compteur formation qui permet depuis 4 ans à 1 ou 2 % des salariés de se former, les Français ignorent encore tout de cette autre trouvaille sociale datant de l'été 2016 le CEC, un Compte Citoyen, censé permettre aux bénévoles des associations d'accumuler des droits à la formation et, parfois même, de se former
Le CEC une "innovation" de la loi travail (El khomry) d'août 2016
Afin de valoriser les expériences sociales acquises au cours des activités bénévoles, d'engager des VAE ou des actions de formation le CEC devait être mis en œuvre dès janvier 2017. Il n'en a rien été et c'est donc avec deux ans de retard que les millions de bénévoles disposeraient d'heures (ou d'euros) de formation.
13 millions de Français font du bénévolat mais aucune cotisation n'est adossée au CEC
- tous les bénévoles n'ont pas droit au CEC :il leur faut avoir des responsabilités bénévoles dans une association d'intérêt général, avoir réalisé un service civique, être réserviste dans l'armée ou la santé, pompier bénévole ou encore être maître d'apprentissage.
- Si le quart des bénévoles peut bénéficier du CEC (après de complexes procédures déclaratives) personne se sait qui finance réellement les 240 € par an (pendant 3 ans) auxquels ils ont droit (soit environ 1 milliard d'euros par an).
Selon le site officiel du ministère du travail le CEC est financé :
- Par l’État pour les activités suivantes : service civique, réserve militaire, activité de maître d’apprentissage, activités de bénévolat associatif...
- Par la commune, pour l’activité de réserve communale de sécurité civile.
- Par l’établissement public chargé de la gestion de la réserve sanitaire
- Par l’autorité de gestion : État, service d’incendie et de secours, commune ou établissement public de coopération communale pour l’activité de volontariat dans le corps des sapeurs-pompiers
Pour tous les bénévoles des associations, c'est donc l'Etat qui devrait payer
Pour les bénévoles des associations déclarés d'utilité publique rien n'est évidemment budgété et les Pouvoirs Publics comptent sans doute sur le manque d'information et de popularité du CEC pour ne pas payer le milliard d'euros nécessaire à la formation des bénévoles.
Les conteurs publics de formation
Depuis 2014 notre pays a développé sa nouvelle spécialité sociale : la création de compteurs non financés et destinés à rassurer (sécuriser) les assurés sociaux
- en 2014 : la réforme des retraites avec l'introduction du Compte Pénibilité (C3P) et la possibilité de partir plus tôt à la retraite ou de bénéficier de centaines d'heures de formation (non financées)
- en 2015 : le Compte Personnel de Formation (CPF) qui n'est financé au mieux que pour 5 % des actifs (5 à 700 000 stagiaires/an pour 18 millions de salariés et 6 millions de chômeurs)
- en 2016 : le CEC et le CPA (Compte d'activité)
- en 2018 : le CPF décliné en euros (500 € pour tous avec une cotisation annuelle de 40 €)
Dans la plupart des pays on travaille et on se développe, en France on compte ses points, ses heures ou ses euros sans se former ni même apprendre
Si dans de nombreux pays l'effort formation des travailleurs augmente d'année en année (la formation = 2,5% du PIB contre 1,1 % en France), si les travailleurs financent eux-mêmes une partie de leur formation, si celle-ci se déroule à distance et sur leur temps libre en France il n'en est rien : les entreprises et les administrations restent scotchées sur leurs cotisations obligatoires, les chômeurs sont formés ou occupés via de surréalistes appels d'offres et les Pouvoirs Publics agitent comme un cocktail la formation tous les 4 ans pour produire une mixture de plus en plus complexe, indigeste et indigente.