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L’autorité de la concurrence a lourdement sanctionné Canal+
La CFE CGC de Canal+ s’inquiète des éventuelles conséquences qui pourraient résulter de l’application de la décision notifiée le 21 septembre 2011.
La décision de l’autorité de la concurrence concernant les obligations consécutives au rapprochement avec TPS en 2007 a surpris par sa violence une grande partie de l’encadrement de l’entreprise qui n’attendait pas une telle avalanche de récriminations sur une affaire datant de plus de 5 ans.
Dix ans de bataille homérique, qui ont coûté aux deux groupes des centaines de millions d’euros dépensés pour une seule raison : une concurrence frontale acharnée.
Cette concurrence n’a cessé d’alimenter les dérives financières des deux groupes en matière d’achats de programmes, fragilisant dangereusement l’économie des deux entreprises au risque de les mener vers l’abîme. Cet argent-là aurait été mieux employé pour assurer le développement de la création et de l’audiovisuel français et non pour servir quelques intérêts particuliers en France ou à l’étranger.
La paix des braves signée en 2007 a permis de sortir de ce cercle infernal qui allait nous mener à notre perte. En rachetant TPS à TF1et M6 pour des sommes conséquentes, Canal+ permettait au PAF de retrouver un modèle économique raisonné. Pour valider cette opération, le Ministère de l’Économie avait alors imposé à Canal+ 59 engagements contraignants.
- A-t-on d’ailleurs observé le même pointillisme lorsque d’autres entreprises françaises se sont rapprochées ?
Citons EDF et Véolia ou la fusion de Suez et de GDF en juillet 2008, créant ainsi le 2ème leader mondial de l’énergie. Des entreprises publiques se rapprochant de groupes privés pour pouvoir affronter la mondialisation de la production et la distribution énergétique. Qui est intervenu en France pour contester la constitution de ces oligopoles ?
A-t-on observé la même attention lorsque Francis Bouygues, Patrick Le Lay ou Bernard Tapie affirmaient devant la CNCL, l’ancêtre du CSA, le 3 avril 1987, leur attachement au rayonnement de la culture sur une TF1 qu’ils venaient de racheter pour 3 milliards de francs… « Nous réserverons une place importante aux événements culturels de haut niveau… Opéra, théâtre, musique, retransmission du festival d’Orange ou d’Aix… » Le président du CSA, Michel Boyon, qui était alors le directeur de cabinet du Ministre de la Culture François Léotard portait bien l’étendard du « mieux disant culturel » pour justifier la vente au groupe Bouygues de la première chaine de télé française. Un événement qui ne s’était jamais produit dans aucun pays du monde et qui ne s’est d’ailleurs jamais reproduit depuis…
Existerait-il encore un cinéma français sans Canal+ ? Le sport français serait-il aussi développé sans Canal+ ? La création cinématographique, de fictions et les industries qui en vivent seraient encore installées en France sans Canal+ ?
Cette décision pourrait affecter la stratégie de développement de l’entreprise alors que les fondamentaux sont redevenus bons. Les équilibres de la filière audiovisuelle française doivent être préservés, prenons garde de ne pas la défavoriser par des mesures contraignantes et discriminantes.