Vivendi, ça va mieux que bien…
Vivendi vient de publier ses résultats 2012. Avec un chiffre d’affaires de près de 30 milliards d’euros et un résultat net de 2,5 milliards, on ne peut pas dire que tout va mal...
36, 26, 14, 14…
C’est le niveau de rentabilité de 4 entreprises du groupe, Maroc Telecom, GVT au Brésil, SFR et Canal+. Des niveaux que de nombreuses entreprises n’atteindront jamais et pourtant, ce n’est pas assez. Ou plutôt, le cours de l’action Vivendi ne reflète pas ses excellents résultats, alors il faut envisager de démanteler.
Même SFR…
SFR tire aussi son épingle du jeu avec un résultat de 1,6 milliard d’euros : une paille, pour un chiffre d’affaires de presque 12 milliards. C’est certainement ce qui justifie le plan de départs volontaires pour 850 salariés et la vente de tout ou partie du capital de l’entreprise à des fonds américains, trop heureux de mettre main basse sur une telle pépite.
Pour Canal+, enfin les 5 milliards
En plus haut lieu, on les attendait depuis 3 ans. Les voilà enfin : 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et notre PDG aura fait la moitié du chemin, lui qui attendait en retour le milliard de résultat.
Malgré la conjoncture, notre chiffre d’affaires progresse de 2,4 %, hors acquisitions de D8 et D17 et l’extension de notre activité en Pologne. Le résultat s’élève à 744 millions d’euros, hors conséquences de ces nouvelles activités. Notre entreprise se porte donc très bien. C’est d'ailleurs pour cela qu’elle distribue si peu à ses salariés ! Cette valeur ajoutée créée par les 4 000 salariés du groupe remonte pratiquement en totalité à notre actionnaire. Mais qui est notre actionnaire. Ou qui sera-t-il demain ?
Avec 670 millions de résultat, Canal+ participe grandement au bénéfice de Vivendi.
- Rappelez-vous qu’en 2007, année de la fusion avec TPS, le résultat était de 490 millions d'euros, en 2008 de 638 millions d'euros, en 2009 de 652 millions d'euros, en 2010 de 690 millions d'euros et en 2011 de 701 millions d'euros, soit pour les 6 dernières années 3 841 000 000 millions d'euros, presque 4 milliards d'euros ! On pourrait peut être un peu aider la Grèce. Notre dette contractée auprès de Vivendi en 2003 pour éviter la faillite est remboursée. Devoir accompli.
Pourtant, sur l’emploi, les salaires, les investissements, nous continuons de vivre à courte vue. Ces résultats devraient nous permettre de desserrer l’étau des rémunérations, bloquées depuis plusieurs années. Ils devraient permettre d’embaucher, d’alléger la charge de travail qui n’a cessé de s’alourdir année après année dans de nombreux secteurs, notamment côté distribution, marketing, commercial et technique. Et bien non, ce ne sera pas encore pour cette année...
Un îlot de prospérité dans un océan de déprime…
Mais pour atteindre ces résultats, il faut aussi évoquer les efforts colossaux consentis par des milliers de salariés. Charge de travail, salaires, conditions d’exercices… Partout, depuis plus de 5 ans, la cure d’amaigrissement est imposée, une cure permanente pour être encore plus rentable.
S’il faut se féliciter de travailler dans une entreprise en bonne santé, il est regrettable de ne pas partager équitablement les fruits de cette croissance avec tous ceux qui la produise. Les maigres augmentations de salaire de cette année (quand elles existent) sont dans ce contexte, plus incompréhensibles encore. Les départs plus ou moins contraints qui assèchent l’îlot de compétences acquis depuis bientôt 30 ans affaiblissent la superstructure. Cet affaiblissement pèse aujourd’hui sur notre avenir alors que de nombreux et nouveaux obstacles surgissent à l’horizon.
C’est pour cette raison que nous demandons le retour d’une politique sociale raisonnée et raisonnable, basée sur le respect et donc sur le partage équitable du profit, sur des organisations équilibrées, sur une charge de travail mieux répartie, moins contraignante...
- Toutefois, si Canal+ contribue ainsi aux résultats du groupe, on peut se réjouir que Vivendi poursuive une politique d’investissements conséquents de plus de 4 millions d'euros pour l'exercice 2012. Ces investissements de Vivendi sont un pari sur l’avenir, qui nous concerne un peu : en Pologne par exemple ou le rachat des chaînes Bolloré.
Il reste à patienter jusqu’à avril. Lorsque les annonces de printemps viendront rythmer une assemblée générale des actionnaires avides de rentabilité et de retour sur investissement à court terme, le glas aura alors sonné sur ces 8 dernières années de redressement et de développement.
Derrière tout cela, 58 000 salariés employés de Vivendi dans le monde, peut être autant en sous-traitants ou prestataires de tout acabit. Un paquebot social qui risque alors de fortement tanguer. Espérons qu’il ne faille pas jeter les canots de sauvetages à l’eau. Espérons que les choix qui seront alors présentés ne nous fassent pas ressembler à quelques fantômes d’échecs industriels retentissants de ces dernières années (Alcatel par exemple) pour quelques euros de plus dans son portefeuille d’actions, quand bien même il en contiendrait des millions !