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22 / 04 / 2016 | 119 vues
Françoise Gauchet / Membre
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Vers une casse sociale à la Croix-Rouge

Quatre plans sociaux sont en cours à la Croix-Rouge, et un cinquième doit s’ouvrir . En parallèle, des établissements et des services d’aides à domicile (SAAD) sont cédés. Un millier de salariés pourraient être touchés, et les conditions de travail se dégradent.

Clarisse Josselin, journaliste, revient sur ce dossier dans le dernier numéro de la revue FO Hebdo.
La direction de la Croix-Rouge doit présenter le 28 avril le cinquième plan social mis en place depuis janvier 2016. Il concernera le regroupement des fonctions de support sur deux sites, à Villeurbanne (69) et en région parisienne, contre huit actuellement.

« On craint au moins soixante suppressions de postes, auxquelles s’ajoutent une centaine de mobilités fonctionnelles ou géographiques et le bilan pourrait s’alourdir car des salariés d’Hendaye ou de Nantes ne sont pas forcément prêts à déménager à l’autre bout de la France », s'inquiète Bénédicte Herbreteau, déléguée centrale FO à la Croix-Rouge.

Les quatre autres PSE concernent la suppression de cent cinquante postes pour des restructurations, des fermetures d’établissements, la fin du module premier secours lors de la journée de défense citoyenne…

Baisser la masse salariale de 5 % dans l’aide à domicile

En parallèle, des établissements sont cédés. C’est le cas du Nid marin à Hendaye, un institut médico-éducatif en grande difficulté financière. Cela concerne aussi sept services d’aide à domicile, employant environ 700 salariés.

Deux vont rentrer dans le secteur privé. Les cinq autres seront repris par une nouvelle association créée par la Croix-Rouge et la fondation OVE. « L’objectif est de diminuer la masse salariale de 5 % en faisant passer les salariés à la convention collective de la branche de l’aide à domicile, plus bas de gamme », ajoute la déléguée centrale.

Le 30 mars, l’intersyndicale avait appelé les salariés à manifester devant le siège de l’association pour dénoncer une situation devenue insupportable. Elle estime qu’un millier de personnes seront touchées, sur un effectif total de 18 000 salariés. Rien ne dit que la casse sociale ne va pas se poursuivre dans les prochains mois.

Une politique de l’élagage

« Il y a encore plusieurs établissements déficitaires avec des plans de retour à l’équilibre. Si ça ne marche pas, la direction risque de s’en séparer, elle fait de l’élagage en coupant des branches. On ne sait pas où on va, on vit dans l’incertitude depuis des mois, la Croix-Rouge ne nous a ni informés ni consultés sur les orientations stratégiques », poursuit Bénédicte Hebreteau.

La direction met en avant la mauvaise situation financière de la Croix Rouge, avec un déficit estimé à 17 millions d’euros en 2015, pour justifier ces plans successifs. L’activité de l’association est financée à la fois par des dons pour les actions bénévoles et humanitaires et par des aides publiques (assurance maladie, agences régionales de santé, département) pour la petite enfance, la formation, les EHPAD...

Confusion entre salariat et bénévolat

Une expertise financière, commandée par le CCE au cabinet Secafi, a été rendue début mars. « Le rapport reconnaît les difficultés financières de la Croix-Rouge, tout en observant que ces dernières ne dépassent pas 1 % du chiffre d’affaires. Elle estime que les licenciements n’étaient pas nécessaires et pointe un problème de gestion et d’organisation. Nous avons fait une saisine de la gouvernance, nous attendons toujours sa réponse », poursuit la déléguée centrale.

Une autre expertise commandée en 2015 par le CHSCT auprès du cabinet Syndex portait sur l’effet de la mise en place d’un « plan d’optimisation de l’organisation », abandonné depuis. Le rapport a révélé un mal-être des salariés avec des troubles du sommeil, des situations d’abattement psychique, des craintes pour l’avenir...

« La direction oppose toujours les 18 000 salariés aux 50 000 bénévoles, il y a une confusion entre les deux, elle demande aux salariés une part de sacrifice. On n’a pas l’impression que le slogan de la Croix-Rouge (« humanisons la vie ») s’applique aux salariés », déplore la déléguée centrale.

Infractions à la durée du travail

En mai 2015, l’inspection du travail avait relevé 3 800 infractions à la durée du travail au siège parisien de l’association, sur la seule année 2014, pour 480 salariés : journées de travail supérieures à 10 heures, dépassement de la durée hebdomadaire maximale ou privation du repos quotidien minimal.

« Dans mon établissement, comme on ne badge pas, les heures supplémentaires ne sont pas comptabilisées. Mais je travaille 30 minutes de plus par vacation car le temps prévu pour les transmissions est insuffisant. », ajoute Gaëlle Chevalier, déléguée FO et aide-soignante de nuit dans un centre de soins de suite à Nantes.

Gel des salaires

Selon le syndicat , la situation sociale s’est dégradée depuis l’arrivée d’un nouveau président en 2013. « Il y a eu un changement des managers, on nous dit que les salariés coûtent cher. À l’automne 2015, c’était au tour du DRH. Son successeur est arrivé en janvier. Il vient de chez Séphora, après être passé à la FNAC », explique Bénédicte Hebreteau.

À la dégradation des conditions de travail s’ajoute le gel des salaires depuis 2009 dans la convention collective de la Croix-Rouge. Lors de la dernière réunion de NAO, le 19 avril, la direction a proposé une hausse de 0,08 % pour 2016 et le SMIC + 9,10 euros pour les premiers échelons de la grille situés sous le SMIC. Des propositions largement insuffisantes pour les délégués FO.

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