Organisations
Revalorisation du SMIC : vers une amélioration du mode de calcul
Le loyer et l’énergie enfin retenus pour la fixation du salaire minimum : à l’état de projet, le décret Sapin a reçu l’avis favorable de la confédération FO.
Quelque 2,6 millions de salariés sont directement concernés par le décret présenté au Conseil des Ministres du 6 février, qui modifie les principes de revalorisation annuelle du SMIC.
La réforme vise à actualiser les deux piliers sur lesquels s’appuie la fixation du salaire minimum depuis plus de quarante ans : l’indice des prix à la consommation et le salaire horaire de base ouvrier (SHBO).
La part des ouvriers dans l’emploi salarié étant passée de 40 % à 22 % entre 1980 et 2008, il est par ce décret élargi aux employés et le SHBO devient le SHBOE.
Quant à l’inflation, qui était mesurée pour « les ménages dont le chef de famille est ouvrier ou employé, hors tabac », elle le sera dorénavant pour « les ménages du premier quintile de la distribution des niveaux de vie, c’est-à-dire les 20 % des ménages ayant les revenus les plus faibles ».
Cela pour permettre de prendre en compte le poids des dépenses contraintes, comme le loyer ou l’énergie. Présenté à la sous-commission des salaires, le projet de décret a reçu l’avis favorable de la confédération.
Marie-Alice Medeuf-Andrireu souligne : « Depuis des années, FO se bat pour cette amélioration du mode de calcul du SMIC, socle à partir duquel peut et doit s’engager la revalorisation de toutes les grilles de salaires ». Un regret toutefois : le législateur n’est pas allé jusqu’à retenir l’IPCH, indice des prix harmonisé, qui permet de prendre également en compte le déremboursement des médicaments.
Pour finir, l’idée du candidat François Hollande d’indexer le mode de calcul du SMIC sur la croissance, jugée trop « volatile », a été abandonnée. Il s’agissait en effet d’une fausse bonne idée. Si notre économie a enregistré une croissance de 0,2 % au troisième trimestre, la France n’avait pas affiché de hausse de son produit intérieur brut (PIB) depuis un an et l’INSEE ne voit pas plus de 0,1 % pour les premier et deuxième trimestres 2013.
La réforme du SMIC avait été annoncée par le Premier Ministre, au terme de la conférence sociale d’octobre dernier, puis reprise par le Ministre du Travail, Michel Sapin, à la Commission nationale de la négociation collective du 17 décembre. FO y avait fait part de ses revendications, celle en particulier de voir le salaire minimum porté à hauteur de 80 % du salaire médian (environ 1 340 euros nets par mois pour un temps plein, contre 1 100 depuis le 1er janvier) en précisant qu’«une augmentation progressive sur le quinquennat est possible ».
Autre bonne nouvelle, le président et tous les membres du groupe d’experts sur le SMIC vont être renouvelés. Mis en place par Nicolas Sarkozy pour « éclairer » l’exécutif avant chaque revalorisation annuelle, ces ultra-libéraux hostiles au salaire minimum se sont systématiquement opposés à tout coup de pouce. Le nouveau groupe (et on ne peut que s'en féliciter) devra entendre les interlocuteurs sociaux et annexer l’avis des organisations syndicales à ses rapports.