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24 / 12 / 2024 | 15 vues
Jean-Philippe Milesy / Membre
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Pirater l’entreprise

Sous l’invitation à « Pirater l’entreprise », Stéphane Veyer nous propose une histoire et une analyse de la coopérative d’activités et d’emplois (CAE) Coopaname.

 

Pirater l'entreprise

Son travail pourrait être aussi sous-titré « quand la partie éclaire le tout »

 

En effet, à travers les vingt « gestes » qui sont autant d’angles d’approche des expériences et des perspectives de Coopaname, Stéphane Veyer nous propose des réflexions qui vont au-delà de la coopérative d’activités et d’emplois, et valent souvent pour l’ensemble des familles et structures de notre Économie sociale et solidaire.

 

Ainsi quand il souligne que « Affirmer la coopération comme projet politique de transformation sociale est l’un des gestes les plus marquants de l’aventure coopanamienne », Veyer s’inscrit dans la revendication d’une ESS d’émancipation telle qu’elle se trouve envisagée dans un ouvrage comme « La Fabrique de l’Émancipation » de Bruno Frère et Jean-Louis Laville.

 

On retrouve aussi cette question dans « Repenser le travail : une aspiration révolutionnaire » de Thomas Coutrot et Coralie Pérez où les auteurs présentent les coopératives de travail comme un cadre possible pour un travail émancipateur.

 

Cette dimension politique, l’auteur l’affirme à nouveau dans le chapitre, « Geste », sur la confrontation de Coopaname, comme de toutes les entreprises de l’ESS, avec la puissance publique.

 

Autre question, Coopaname est-elle vraiment une coopérative ?

 

Si l’auteur affirme la dimension de SCOP — en revendiquant l’ancienne appellation « ouvrière de production » — plutôt que l’approche « coopérative d’artisans » telle qu’elle pouvait apparaître dans les premières CAE, il s’interroge sur la vraie nature de Coopaname.

 

Ainsi le chapitre « Vers une mutuelle de travail » ouvre, en l’approfondissant, un débat sur l’élargissement possible du champ des mutuelles, évoqué par Jean Sammut ou Adrien Couret dans les « Vingt propositions pour changer le mutualisme ».
 

Ce faisant, sans transiger sur les principes fondateurs, et faisant écho à l’Associationnisme premier, il pose la question du dépassement des segmentations auxquelles ont été confrontés les acteurs de l’Économie sociale, puis de l’ESS. Si chaque « geste » demanderait un développement, comme celui par exemple des coopérations entre les acteurs, je m’arrêterai pour finir sur la formation. Stéphane Veyer, qui a fondé la Manufacture coopérative, notamment à partir de l’enseignement d’Henri Desroche, abondamment cité dans l’ouvrage s’agissant par exemple de la recherche-action et de l’idée d’entreprise apprenante, montre l’exigence de la formation dans un parcours d’innovation tel que celui de Coopaname.

 

Mais cela vaut, ou devrait valoir, là encore pour l’ensemble de nos entreprises d’ESS.

 

Stéphane Veyer « Pirater l’entreprise Coopaname : 20 gestes d’une subversion managériale » (coll. Mondes en transition, éditions Les Petits Matins, 2024)

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