Les aides publiques doivent être strictement conditionnées au maintien et au développement de l'emploi industriel sur notre territoire,
Le 29 octobre, nous avons été reçus par le ministre en charge de l’Industrie. Ce rendez vous intervient dans un contexte économique où les signaux faibles deviennent des menaces franches : désindustrialisation rampante, crise de compétitivité et perte de repères stratégiques dans des secteurs tels que l’automobile. Les analyses sont lucides et sans appel : la mondialisation s’est retournée, les marchés émergents se ferment, et les constructeurs français, tels Stellantis ou Renault, se retrouvent pris entre un modèle asiatique hyper planifié et un marché européen atone.
L’électrification du parc, loin d’être un relais de croissance, agit pour l’heure comme un révélateur de nos faiblesses : capacités industrielles peu flexibles, dépendance technologique et inadéquation des stratégies de gammes avec la demande réelle.
C’est précisément sur ces points que nous alertons. La question n’est plus seulement celle de la transition écologique, mais aussi celle de la soutenabilité industrielle : comment produire en France des véhicules électriques accessibles, préserver les sites et les emplois existants, et maintenir des compétences clés alors que les chaînes d’approvisionnement se redessinent en Asie et que la Chine avance avec l’objectif avoué de supplanter notre industrie ?
Cette réalité impose une exigence claire : les aides publiques doivent être strictement conditionnées au maintien et au développement de l'emploi industriel sur notre territoire, en excluant tout financement qui favoriserait les importations ou les délocalisations. Il s'agit d'encourager l'intégration d'un maximum de contenu local dans des véhicules fabriqués en France, pour consolider l'ensemble de la filière automobile nationale.
Nous avons rappelé que la reconquête industrielle passe par une approche globale : relocalisation ciblée, sécurisation des activités critiques (batteries, semi-conducteurs, aciers spéciaux) et renforcement des filières, tout en garantissant un pilotage social fondé sur les accords de Gestion des Emplois et des Parcours Professionnels (GEPP, ex GPEC).
Le ministre s’est voulu à l’écoute sur ces questions, conscient des enjeux qu’elles soulèvent. Ce dialogue, qu’il faut poursuivre, doit déboucher sur des décisions concrètes : une politique industrielle ambitieuse, structurée et lisible, ainsi qu’une stratégie nationale claire et pérenne pour l’automobile de demain.
Dans cette période d’instabilité politique, notre fédération continuera de faire entendre une voix responsable mais ferme. Parce que sans industrie, il n’y a pas de croissance durable ni de souveraineté économique. Sans dialogue social solide, il n’y aura pas de politique industrielle crédible.