Participatif
ACCÈS PUBLIC
16 / 04 / 2015 | 191 vues
Social Nec Mergitur / Membre
Articles : 277
Inscrit(e) le 25 / 11 / 2011

Paris perdra-t-il les Jeux Olympiques à cause de la longue grève des équipements sportifs municipaux ?

« J’aime la compétition, j’aime le sport ». C’est par cette déclaration qu’Anne Hidalgo a demandé à son conseil municipal d’approuver la candidature de Paris pour l’organisation des Jeux Olympiques de 2024. Pourtant, les équipements sportifs de la capitale, touchés par la plus grande grève de leur histoire, sont dans un bien triste état selon Guillaume Malaurie, journaliste au Nouvel Observateur.

Ce qui donne même lieu à « des scènes surréalistes » si l’on en croit le journaliste : « des grappes de jeunes  grimpent sur les grilles  (plus de deux mètres de hauteur)  en risquant de se casser les os pour accéder aux stades. Les tennismen forcent les portes en bois verrouillées des courts de tennis couverts pour se frayer un passage en cassant généralement le matériel, les terrains synthétiques sont livrés  à eux–mêmes et il n’est pas rare d’y retrouver en semaine des tessons de bouteille et des tas de mégots ». Un tableau édifiant de la part d’un journal dont les orientations sont pourtant généralement proches de celles de l’équipe d’Anne Hidalgo.

Il faut dire que les équipements sportifs de la capitale (stades, gymnases, piscines, terrains de tennis…) sont au cœur de l’un des plus longs conflits sociaux qu’a connu la municipalité dans son histoire depuis qu’elle s’est dotée à nouveau d’un maire en 1977.

Une grève qui a commencé en février de l’année dernière. On se dirige allégrement vers le quinzième mois de conflit. La revendication des grévistes est pourtant simple et guère extravagante. Obtenir une revalorisation de leur prime dominicale, actuellement de 45 euros, qui soit alignée sur celle de leurs collègues bibliothécaires qui perçoivent actuellement 100 euros. Pour toute réponse, la mairie, après avoir joué le pourrissement, brandit désormais des menaces de sanctions envers les récalcitrants tout en essayant de casser le mouvement en embauchant des vacataires pour remplacer les grévistes (lire ici).

« Ce qui est affligeant, c’est le niveau zéro du dialogue social. Si la Mairie pense pouvoir se la jouer Thatcher pendant la grève des mineurs en faisant intervenir  cette semaine des vacataires d’autres services municipaux, c’est déjà raté. » observe finement le journaliste du Nouvel Observateur puisque « l’intersyndicale (CGT, FO, Supap-FSU et SUD-CT) a aussitôt déposé un référé-liberté devant le tribunal administratif de Paris et ne reviendra pas à la table des négociations tant que la justice de première instance ou d’appel ne se sera pas exprimée ».

Avec chagrin, Guillaume Malaurie pointe l'un des plus gros défauts de sa profession « les médias, qui se contre-fichent de ce sport amateur sans cameras, ni breloques. Ça n’intéresse personne depuis treize mois et ça peut continuer treize autres mois ». Le journaliste du Nouvel Observateur est un peu sévère avec ses confrères car Le Parisien, Métro, 20 Minutes ou encore l’AFP ont régulièrement couvert le mouvement. Mais c’est vrai… pas Le Nouvel Observateur. Ni Le Monde, Libération ou Les Échos d’ailleurs. Lesquels, il est vrai, parlent assez peu de social. La dernière fois qu'ils se sont intéressés un tant soit peu à l’actualité syndicale, c’était pour évoquer l’appartement du, désormais ex-secrétaire de la CGT. Depuis, plus rien.

Pourtant, qu’une figure de la gauche parisienne proche de Martine Aubry et ancienne inspectrice du travail de surcroît, applique les méthodes digne d’un patronat archaïque (au hasard, le secteur de l’automobile jusque dans les années 1980) devrait faire les choux gras de la presse nationale. En tout cas, Guillaume Malaurie ne compte visiblement pas sur le réveil des consciences progressistes au Parti socialiste ou ailleurs mais sur les effets collatéraux que pourraient avoir cette grève sur la candidature de Paris pour l’organisation des Jeux Olympiques.

« La seule chance que ça se débloque, la seule, c’est par l’extérieur. Si les villes concurrentes de Paris dans le marathon olympique, c’est-à-dire Boston, Rome ou Hambourg, s’intéressent d’un peu plus près à cette mascarade et commencent à dauber dans les journaux télévisés, les journaux et sur les réseaux sociaux, sur les « no play zones olympiques » de Paris, et bien  réelles celles-là. Comme solution, désolé, on ne voit  que ça », remarque amer Guillaume Malaurie.

Et le journaliste du Nouvel Observateur de conclure : « Alors, sportifs, mes frères, sportives mes sœurs, si vous avez des relations à Rome, Hambourg ou Boston, caftez auprès de la presse, des conseils municipaux et des lobbies locaux… ». Pas très fair play ? Après tout, c’est un peu comme les relations sociales à la ville de Paris.

Pas encore de commentaires