Le sauvetage de Kem One semble en bonne voie
Deux des quatre projets de reprise du groupe chimique ont été présentés aux syndicats lors d’un comité central d’entreprise à Lyon. Le tribunal se prononcera le 12 décembre, selon les informations de FO Hebdo de cette semaine.
« Nous serons soulagés quand le tribunal désignera un repreneur le 12 décembre mais ça semble bien parti », reconnaît Franck Zarbo, coordinateur FO chez Kem One.
L’ex-pôle vinylique d’Arkema avait été racheté pour un euro symbolique par l’affairiste américain Gary Klesch en juillet 2012. Huit mois plus tard, la justice plaçait en redressement judiciaire sa branche amont (chlorochimie et fabrication de PVC), représentant la moitié des activités de l’entreprise et 1 300 emplois répartis sur sept sites de Rhône-Alpes et des Bouches-du-Rhône. Depuis, les salariés comme les 10 000 sous-traitants vivent dans l’angoisse.
Quatre repreneurs (les deux fonds de pension américains OpenGate Capital et Sun Capital, l’industriel français Alain de Krassny et le consortium Phoenix, initié par la CGT) ont déposé un dossier au tribunal de commerce de Lyon.
Tous proposent une reprise globale intégrant la branche aval (produits transformés), la seule rentable, que Gary Klesch s’est engagé à céder pour un euro.
Ils ont posé des conditions suspensives. Ils demandent l’annulation de tout ou partie de la dette auprès des fournisseurs, estimée à plus de 210 millions d’euros. Pour que l’entreprise soit viable, ils exigent également de leur part une baisse des tarifs de fourniture d’énergie et d’éthylène.
Après neuf mois d’intenses négociations à Bercy et Matignon, ces exigences, qui bloquaient l’avancée de la procédure et ont occasionné plusieurs reports, sont en passe d’aboutir.
- Les principaux créanciers (Arkema, EDF, Total, Solvay et l’État) acceptent d’effacer leur dette, d’un montant de 140 millions d’euros. Seule la dette de 70 millions d’euros contractée auprès des petits fournisseurs devra être honorée.
Sur la fourniture des matières premières, les négociations sont presque bouclées. Un dernier point reste à régler sur l’approvisionnement en éthylène par Total. « Dans leur « business plan », trois des quatre repreneurs tablent sur un excédent brut d’exploitation de 40 millions d’euros. Et ils en sont actuellement à 36 millions d’euros, un grand pas a été fait », explique Franck Zarbo.
Leurs restrictions quasiment levées, Alain de Krassny et OpenGate Capital ont accepté de présenter leurs projets, qui semblent viables, lors d’un comité central d’entreprise qui s’est tenu du 18 au 22 novembre à Lyon.
Les deux autres repreneurs restent pour l’instant en retrait. Sun Capital visait un excédent brut d’exploitation de 55 millions d’euros qui semble difficilement atteignable, même si les négociations se poursuivent avec les fournisseurs. Et Phoenix est toujours à la recherche de financements.
En matière d’emploi, les deux projets présentés suppriment cent trente postes dans le cadre d’un PSE. Mais en tenant compte des départs déjà effectués depuis le placement en redressement judiciaire de l’entreprise, seuls cinquante et un postes seront réellement supprimés. Arkema s’est engagé à reclasser tous ces salariés dans leur bassin d’emploi, sans rupture du contrat de travail et avec un salaire et une ancienneté équivalents. Elle a déjà transmis une liste de cent postes immédiatement disponibles.
« Sur ce dossier, tout le monde s’est mobilisé et a joué le jeu, l’État comme les partenaires. Les salariés se sont décarcassés pour faire tourner l’installation tout en étant au régime sec, les syndicats sont restés calmes. Pourtant, vivre neuf mois d’incertitude avec des délais sans cesse rallongés, ça rend fou », se félicite Franck Zarbo.