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Quelle place pour la téléconsulation médicale dans la protection sociale des entreprises ?
La visioconférence du 8 juillet (la rediffusion) parrainée par Axa a été l’occasion d’illustrer en quoi la téléconsultation répondait à des demandes non satisfaites de consultations physiques.
Entre le 1er mars et fin mai, le service pionnier de téléconsultation mis en place par Axa dès 2015 a enregistré 25 000 demandes de prise en charge par la cinquantaine de médecins salariés à temps partiels. Durée moyenne des appels : entre 12 et 15 minutes. « Ces appels ont largement permis entre autre action de rassurer des patients en attendant leur rendez-vous avec leur médecin traitant Cette première réponse permet de mieux orienter. Nos médecins ne sont pas là pour court-circuiter les médecins traitants . Notre équipe a délivré 300 arrêts de travail sur 25 000 appels pendant cette période si particulière, afin d’isoler le patient en attente des résultats du test », explique Dr Maria Besteiro, directrice médicale adjointe au sein d’Axa Partners France, qui réfute toute dérive consumériste des bénéficiaires d’un service intégré dans l’offre de base des contrats de santé collectifs. « Nos téléconsultations sont intégralement prises en charge dans le cadre du contrat de santé et non par l’Assurance-maladie. En évitant à un bénéficiaire d’aller aux urgences pour une situation clinique qui peut être prise en charge autrement on peut même contribuer à être une source d’économie pour la solidarité nationale », souligne le Dr Maria Besteiro. L’exercice est collectif, notamment à travers les revues de dossiers. Une réflexion est en cours sur les conditions requises pour alimenter le dossier médical partagé des patients, comme c’est déjà le cas pour les médecins du travail, depuis un an,. L’autorisation ne vaut que pour déposer des informations, pas pour les consulter.
Un cadre indispensable
Les médecins du travail ont découvert la téléconsultation à la faveur de la pandémie car il a fallu un décret pris au débit du confinement pour autoriser la pratique jusqu’au 11 juillet. « La téléconsultation ne permet pas de faire des examens cliniques mais elle peut en revanche être très adaptée dans le cadre des visites de reprise ou encore lorsque les salariés demandent la consultation, pour parler de leur exposition aux risques psycho-sociaux notamment. La pratique ne doit en aucun cas devenir la norme et doit être encadrée. Les visites en santé travail s'adressent à des salariés au travail, il n'est donc pas question de téléconsulter avec des salariés qui se trouvent dans un vestiaire ou la réserve d’un magasin », considère Dr Anne-Michele Chartier, présidente CFE-CGC du syndicat général des médecins et des professionnels des services de santé au travail. Il y a deux ans, le rapport sur la réforme de la santé au travail produit par la député LRM Charlotte Lecocq, le consultant Bruno Dupuy et l’ancien médecin du travail Henri Forest n’avait pas manqué d’intégrer la téléconsultation comme un moyen d’action. « Il y a des trous dans la surveillance médicale des salariés. La téléconsultation fait partie des moyens d’action pour le combler. C’est particulièrement vrai pour les saisonniers en hiver, dans des zones enclavées », considère Bruno Dupuy qui plaide aussi pour que les médecins généralistes puissent prendre une partie de l’activité des médecins du travail en charge, sur « les populations les moins exposées ».
Convergence des médecines
La convergence entre la médecine générale et la médecine du travail va se développer. Des entreprises ayant investi dans des cabines de télémédecine pour permettre à leurs salariés de bénéficier d'un accès rapide à une consultation de médecin généraliste, se proposent ainsi d’en faire un support de visite dans le cadre de la médecine du travail. Pour Anne-Michele Chartier, « il faudrait commencer par placer les cabines dans des lieux qui garantissent la confidentialité et pas à la conciergerie ».
Le développement d’une culture de la prévention constitue la colonne vertébrale du rapport d’août 2018 sur la réforme de la santé au travail qui devrait faire l’objet d’une proposition de loi en 2021. Encore faut-il que les leviers soient utilisés par les salariés. Pour Sophie Mandelbaum, responsable des relations extérieures avec les partenaires sociaux chez Axa Santé et Collective : « qui dit prévention, dit sensibilisation. Ces services sont encore récents, peu connus, et il est essentiel que celles et ceux qui les ont mis en place (chef.fe.s d’entreprises, DRH et représentant.e.s syndicaux) puissent les faire connaître aux salariés.»
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