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19 / 12 / 2024 | 280 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Inscrit(e) le 16 / 11 / 2007

Oasys Mobilité

Compétences des représentants du personnel, avec qui on en parle ?

Avant de savoir avec qui parler de ses compétences, encore faut-il savoir lesquelles ont tient à mettre en avant et de quelle manière. Découvrez les premiers résultats de l'enquête conduite par Oasys Mobilité en partenariat avec Miroir Social.


C'est entendu, représenter les salariés n'est pas considéré comme un métier. Pour cause, aucun employeur ne va recruter pour cela.
 

Les représentants des salariés développent pourtant des compétences applicables dans des métiers, des vrais. Ne pas être en capacité de les reconnaître est assurément un gâchis, tant pour les porteurs de mandats qui n'entendent pas faire une croix sur leur évolution professionnelle que pour les employeurs.
 

L'enquête menée par Oasys Mobilité en partenariat avec Miroir Social révèle à quel point le chemin d'une meilleure reconnaissance des compétences acquises est encore long, alors qu'une négociation interprofessionnelle sur les parcours des porteurs de mandats (des plus légers au plus lourds) est au programme pour 2025. 
 

Vous avez été plus de 450 [Qui êtes vous ?]* à répondre, merci. 
 

Voici les résultats bruts des résultats avec un soupçon de mise en perspective avant que nous vous proposions un support enrichi, intégrant notamment une synthèse des quelques 600 commentaires que vous avez pris le temps d'écrire pour apporter toutes les nuances que le sujet mérite.


Savoir, savoir-faire et faire-savoir
Q1


Si la capacité à saisir les enjeux globaux, tout à la fois économiques, sociaux et environnementaux, d'une entreprise est une compétence acquise pour la majorité des répondants, la capacité à partager cette compréhension avec l'ensemble des salariés est moins évidente. L'enjeu est fort pour notamment créer les conditions favorables d'un renouvellement des élus en CSE. C'est d'ailleurs avec cet objectif que la filiale informatique du Crédit Agricole permet à des salariés non élus de participer comme auditeur libre à des réunions du CSE [Sur abonnement].


La capacité à développer se trouve plus affirmée que celle qui vise à fidéliser. L'enjeu des élections professionnelles avec sa chasse aux voix prévaut sur les stratégies visant à faire adhérer aux syndicats.
 

Les compétences relationnelles

Q2

La capacité à gérer des situations sensibles se conjugue plutôt bien avec celle mariant autonomie et coopération dès lors que l'on additionne les deux premiers niveaux d'acquisition ("Tout à fait", "Plutôt oui"). 


La capacité à manager sans lien hiérarchique est en retrait tandis que celle du leadership l'est plus encore.

Des représentants polyvalents
Q3

C'est la principale conséquence du passage aux CSE que de contraindre les élus à plus de polyvalence. Avec la disparition du CHSCT, l'exigeante spécialisation sur la santé au travail devient difficile.

Des représentants qui se forment

Q4

Transfert d’expérience
Q5

Sans surprise, le partage d’expérience est plus facile entre élus qu’avec l’ensemble des salariés (Cf question 1)

1 représentants sur 5 ne parle de ses compétences qu'avec lui même
Q6

L'entretien de fin de mandat est prévu par la loi, encore faut-il que les représentants en fassent la demande si la DRH ne le propose pas. C'est l'occasion de faire le point sur les compétences acquises avec la DRH, son manager et parfois son syndicat. 
 

En pratique, 20 % des répondants n'en parlent à personne...
 

Sur les 80 % ayant répondu qu'ils en parlaient avec au moins le syndicat, le DRH, le manager ou un recruteur, l'éventail des croisements est large (les réponses pouvant en effet se cumuler).
 

Vous en parlez à :
 

  • 17 % avec la DRH, le manager et le syndicat
  • 9 % avec le DRH et le syndicat
  • 6 % avec le manager et le syndicat
  • 4 % avec le DRH et le manager


Vous en parlez seulement avec :
 

  • Votre syndicat à 17%
  • Votre manager à 13%
  • Votre DRH à 8 %


Si 3% n'en parlent qu'avec un recruteur, on passe à  6 % quand l'échange met dans la boucle le DRH, le manager ou le syndicat en plus du recruteur.


91 % des répondants à l'enquête sont en poste, avec un mandat.


Il est dès lors intéressant de se livrer à une comparaison avec les résultats de l'enquête conduite par Oasys Mobilité auprès de 44 ex élus accompagnés par le cabinet dans leur projet d’évolution professionnelle. Seuls 6 (14%) rapportent avoir fait, explicitement et systématiquement, état de leurs compétences avec les interlocuteurs rencontrés au cours de leur recherche d'un nouveau travail. Sortir du non-dit est donc encore plus difficile quand on quitte l'entreprise où l'on avait un mandat.

Un grand gâchis

Q7

Les compétences développées dans le cadre du mandat n'ont pas été exploitées ailleurs.

Une source de frustration

Gachis
Une majorité des répondants sont pourtant bien conscients de la valeur des compétences acquises pendant le mandat.

Un frein discriminant

Discrimination
Le temps passé à porter un mandat représentatif reste trop souvent considéré comme improductif.

Signe extérieur de reconnaissance

Trop tard, trop vieux

"Trop vieux", "trop tard", c'est ce qui revient le plus dans les commentaires des représentants ayant répondu non. 


Pour la majorité de ceux qui se sont engagés dans un parcours diplômant ou qui souhaitent le faire, l'objectif est de pouvoir mettre en avant son "parchemin" sans avoir à parler de son mandat.

Un engagement durable

Engagement durable
"Googlelisation"

Googlelisation

Plus d'un tiers des répondants tiendrait à supprimer toutes les traces numériques de leur activité représentative dans un contexte de recherche d'emploi. C'est ainsi que les médias se voient adresser des demandes d'anonymisation des propos tenus. C'est aussi en partie dans cette logique que les noms des signataires des accords d'entreprise que l'on trouve en accès public sur Legifrance sont anonymisés. Mais la tâche peut vite devenir schizophrénique si l'affichage syndical a été clairement affirmé dans les médias et sur les réseaux sociaux.


Mentionner son expérience syndicale sur son CV est une autre histoire. En fonction du nouveau métier visé, il peut y avoir un intérêt ou pas à afficher une ligne syndicale. A moins d'opter pour une stratégie de contournement en mentionnant les ressorts de l'expérience sans expliciter sa source. De l'art de la circonlocution.
 

Retenons que 64 % des répondants ne sont pas partisans du grand effacement numérique.

 

*[Qui êtes vous ?]

Sur les 464 répondants :
 

  • 91 % sont en poste, avec un mandat
  • 38 % sont des femmes
  • 72 % sont en poste dans des entreprises de plus de 500 salariés
  • 80 % portent un mandat depuis plus de 5 ans
  • 45 % affichent un taux de délégation supérieur à 50 % de leur temps de travail
  • 5 % ont moins de 35 ans et 39 % en ont plus de 55.