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18 / 12 / 2024 | 168 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Inscrit(e) le 16 / 11 / 2007

Direct Axa Santé & Collective

Comment la prise en compte de la santé mentale dans les entreprises doit-elle contribuer à mieux prévenir les RPS ?

La santé mentale sera la Grande cause nationale* en 2025. Retour sur le direct du 28 novembre organisé par MiroirSocial et porté par Axa Santé et Collectives où la place de l'organisation du travail n'a pas manqué d'être posée.

 

En 2023, selon l'enquête annuelle conduite par Santé Publique France, 24 % des Français de plus de 18 ans montraient des signes d'état anxieux et 10 % ont eu des pensées suicidaires (baisse de 2 points par rapport à 2022). 20 % de la population souffre d'un trouble psychologique (lien). Des niveaux qui marquent un avant et un après COVID. De quoi justifier que la santé mentale soit la Grande cause nationale* en 2025.
 

L’approche par la santé mentale permet de s’adresser au salarié de façon complémentaire aux dispositifs de prévention des risques psychosociaux (« RPS »). Il s’agit de lui apporter une formation, une sensibilisation, sur les déterminants de la santé mentale, de trouver des repères, pour savoir vers qui se tourner, ne pas hésiter à agir, même quand les problèmes relèvent à la fois, comme c’est souvent le cas, du domaine personnel et du domaine professionnel, l’un ayant la plupart du temps des conséquences sur l’autre.
 

"Nous constatons que les salariés hésitent à utiliser les services qui leur sont proposés dans le cadre de la complémentaire santé. Notre objectif est de leur donner les bons moyens d’agir en tenant compte de leur santé mentale. Nous impliquons pour cela leurs représentants dans les entreprises car ils sont en première ligne", explique Sophie Mandelbaum, chargée des relations extérieures / partenaires sociaux, chez Axa Santé et Collectives.

Les clés de lecture

C'est pour permettre à tous les salariés de différencier les troubles (et leur gradation) qui relèvent du stress, de l'anxiété, la dépression ou encore du burnout qu'Axa Santé et Collectives propose l'Odyssée de la santé mentale, une formation en ligne d'une durée d'une heure à la fois ludique et pédagogique. "Nous apportons les clés de lecture, pour soi et pour les autres, permettant de détecter les signes associés aux différents troubles pour savoir à quel moment il faut faire appel à la bonne personne pour se faire aider, tant en interne qu'à l'externe. Une mauvaise détection des troubles, entraîne un mauvais suivi. Il faut déconstruire les tabous en matière de santé mentale. Nous n'en sommes qu'au début", explique Géraldine Mandefield, la dirigeante de VerbaTeam, l'entité d'Axa Santé et Collective spécialisée dans les démarches de prévention santé en entreprise.


L'Odyssée de la santé mentale intègre pleinement la dimension organisationnelle du travail comme source de dégradation mais l'approche se veut avant tout globale. C'est l'occasion notamment pour les managers d'exprimer clairement leurs difficultés. "Les encadrants sont sur exposés à une dégradation de leur santé mentale car on leur demande de prendre en compte la santé mentale de leurs collaborateurs sans relâcher la pression sur les objectifs opérationnels. C'est une injonction contradictoire qui est source de risque", avertit Anne-Michèle Chartier, médecin du travail et présidente du syndicat CFE-CGC Santé Travail. Le développement du télétravail et les risques associés à l'isolement ont ainsi conduit la CFE-CGC (avec l'Anact) a proposer aux managers un autodiagnostic de leur pratique en télétravail sur le site Mieux Télétravailler.

 Charge mentale

"La charge mentale des cadres est encore trop peu appréhendée malgré les études**.. Il suffit de constater la réalité des conditions d'application d'un droit effectif à la déconnexion. Historiquement associée aux tâches manuelles, la notion de pénibilité n’est pas reconnue pour ces catégories professionnelles. Stress, Burn out, bore out, épuisement professionnel, santé mentale, sont encore considérés par beaucoup d’employeurs, comme de faux prétextes à une insuffisance professionnelle. Un motif illégitime d’arrêt maladie, qui ne peut en aucune façon être la conséquence de mauvaises conditions de travail. Lorsqu’un cadre flanche c’est qu’il n’était pas « taillé » pour le rôle ou bien qu’il ne bénéficiait pas d’un environnement social adapté à ses fonctions. La prévention des RPS directement liée au travail doit rester la priorité des représentants des salariés. La situation n'est pas satisfaisante", considère Emmanuelle Lavignac, Secrétaire nationale de l’Union générale des ingénieurs cadres techniciens CGT (Ugict-CGT) qui prône "un travail soutenable qui rendrait moins anxieux". Pour l’Ugict-CGT, l’urgence est de mettre à jour les DUERP en intégrant les Risques socio organisationnels, former les IRP sur le sujet et, à plus long terme intégrer l’épuisement professionnel au tableau des maladies professionnelles.

 
* Label national permettant à des collectifs à but non lucratif de diffuser gratuitement des campagnes de sensibilisation sur les médias publiques.
 
 ** Etude APEC : 54 % des cadres ressentent souvent ou occasionnellement un niveau de stress intense et plus d’1 sur 2 un sentiment régulier ou occasionnel d’épuisement professionnel