Mélange détonnant d'applaudissements et de (quelques) huées pour accueillir Marisol Touraine lors de son intervention, aujourd'hui au 41^ème congrès de la mutualité à Nantes. Parmi les chantiers prioritaires, la ministre de la Santé a rappelé le soutien du gouvernement à la refonte du code de la mutualité et a annoncé un texte en 2016. « Je ne doute pas qu'il donnera lieu à des échanges nourris avec vous », a-t-elle ajouté. Concernant le tiers-payant, Marisol Touraine a assuré qu'elle n'« oublierait pas » l'engagement des mutuelles. Elle vient de signer un courrier aux présidents des familles de complémentaires pour leur présenter les attentes du gouvernement.

À propos de la généralisation de la complémentaire de santé aux salariés, Marisol Touraine a déclaré qu'il était « inenvisageable que cela se fasse au détriment des populations qui resteront couvertes par des contrats individuels ». Deux « directions » : garantir la couverture en entreprise et sa portabilité « pour les salariés dans des situations mal couvertes » (travail précaire ou défaillance de l'entreprise), sujets traités par la mission confiée à Dominique Libault. Ensuite « l'accessibilité et la qualité » pour les adhérents de contrats individuels, notamment les jeunes pour lesquels la ministre salue la résolution du dossier LMDE. Mais surtout les seniors, avec « plus de solidarité entre les types de couverture », appelant à travailler avec la mutualité sur ce dossier. Parmi les pistes : renforcer l'effectivité du droit au maintien du contrat prévu par la loi Évin de 1989 mais pas seulement.

Par ailleurs, Marisol Touraine a fait part de sa colère après le refus, cette nuit, de l'Assemblée nationale de revenir sur un amendement du Sénat à la loi Macron, assouplissant la loi Évin encadrant la publicité sur l'alcool.

En préambule, Étienne Caniard, président de la Mutualité Française, a appelé à une reconnaissance des mutuelles qui « n'est pas affaiblir la solidarité, au contraire, un moyen de la renforcer ». Également avancé le rôle « précurseur » des mutuelles sur le tiers-payant, ces dernières ne comprennent pas « qu'on ne leur fasse pas plus confiance » dans sa mise en œuvre. Parmi les autres sujets clefs : les données de santé notamment pour « mener à bien une réelle politique de gestion du risque ».

Pour ce congrès, la mutualité a réalisé un sondage. Parmi ses principaux enseignements, seulement 89 % de la population considèrent qu'une complémentaire de santé est une nécessité. Or, une fois la généralisation achevée, 98 % disposeront d'une couverture complémentaire. Par ailleurs, 72 % des Français font confiance aux mutuelles mais 87 % sont satisfaits. Se pose donc la question du ratio de satisfaction supérieur au sentiment identitaire...