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Retour sur le Forum mondial de l’ESS à Bordeaux : une mobilisation exceptionnelle
Du 29 au 31 octobre 2025, Bordeaux a accueilli le Forum mondial de l’Économie Sociale et Solidaire — un événement d’une ampleur inédite, réunissant 10 800 participant·es, 907 villes et 109 pays. Pendant 3 jours, la ville est devenue le carrefour mondial de celles et ceux qui, aux quatre coins du monde, font vivre une autre économie plus juste, plus durable et plus humaine.
Avec 7 800 personnes inscrites, dont 4 500 venues de l’international, le Forum a témoigné de la vitalité d’un mouvement mondial et d’une conviction partagée : la solidarité doit être replacée au cœur de l’action économique.
Des temps forts politiques dès la plénière d’ouverture
Dès l’ouverture, le ton a été donné. Pierre Hurmic, maire de Bordeaux et président du GSEF (*), a rappelé l’urgence d’un changement de modèle face à un monde qui "se déchire de toutes parts" et plaide "pour une équité dans les financements publics : 200 milliards d’euros pour les entreprises, 16 milliards seulement pour l’ESS". Alain Garnier, vice-président de Bordeaux Métropole, a souligné que "le dialogue international n’est pas un luxe : c’est un levier concret pour rendre l’ESS plus visible, puissante et reconnue". Jean-Luc Gleyze, président du Département de la Gironde, a pour sa part rappelé que le Forum mondial, c’est avant tout "faire ensemble, du local à l’international".
Benoît Hamon, président d’ESS France, a replacé cette mobilisation dans le contexte mondial : "Nous faisons face à une nouvelle étape du capitalisme mondial, où l’alliance entre les Etats-Unis et les géants de la tech menace la démocratie et les liens sociaux." Il appelle à une "responsabilité inédite de l'ESS pour regarder les temps qui sont les nôtres et tracer un chemin." Simel Esim, Directrice de l’Unité de l’Economie Coopérative sociale et solidaire à l’OIT rappelle que "ce n’est pas seulement une crise géopolitique, c’est également une crise de confiance envers les institutions multilatérales".
Malgré les refus de visas ayant empêché plusieurs délégations étrangères, notamment africaines, d’être présentes, la détermination collective est restée intacte. Comme l’a rappelé Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine, cette mobilisation exprime "une attente immense, une demande forte". “Faire mouvement est une responsabilité (…) face à l'obscurantisme, il nous faut agir”, a conclu Stéphane Montuzet, co-président du GSEF et président de la CRESS Nouvelle-Aquitaine.
3 jours rythmés par des échanges internationaux et des débats
La deuxième journée du Forum s’est ouverte par une table ronde intitulée : "Quand une dystopie devient réalité, comment se situe l’ESS ?", animée par Thomas Legrand. Issa Kassis, maire de Ramallah, a rappelé que la résilience est une forme de résistance pour les populations palestiniennes, qui appliquent l’ESS au quotidien., tandis que David Cobb, coordinateur du réseau américain de l’économie sociale et membre du conseil d’administration du RIPESS - Réseau Intercontinental de Promotion de l'Économie Sociale Solidaire, a exprimé son respect pour le modèle français de l’ESS, faisant un parallèle avec les États-Unis où l’ESS se construit sans le gouvernement. Anne Savinel Barras, présidente d’Amnesty International France, a souligné que la France n’était pas à l’abri des pratiques autoritaires.
Benoît Hamon, président d’ESS France, a ré-exprimé l’importance de l’ESS pour nos sociétés : "L’ESS, c’est l’un des ingrédients par lesquels on étend le champ de la démocratie. C’est un antidote à la déshumanisation de la société (…) c’est l’un des modèles les plus inspirants pour les siècles qui viennent."
En parallèle, de nombreux temps d’échange institutionnels et politiques ont marqué l'agenda d'ESS France
- Rencontre entre ESS France, ESS France Outre-mer et le Réseau Ivoirien de l’ESS pour poursuivre l’implémentation de l’accord cadre de partenariat signé à l’été 2024
- Rencontre bilatérale entre le Conseil Economique et Social du Bénin et ESS France pour évoquer les pistes d'une coopération institutionnelle entre les deux pays visant à renforcer la structuration de l'ESS au Bénin.
- Echange entre Benoît Hamon et Simel Esim, cheffe de l'Unité COOP et ESS de l'OIT
- Rencontre entre Benoît Hamon et une délégation de parlementaires français des groupes ESS de l’Assemblée nationale et du Sénat, venus échanger autour des enjeux rencontrés par l'ESS. Parmi les sujets, la nécessité que le PLF pour 2026 ne vienne pas anéantir l'édifice des solidarités en France. Ce fut l'occasion d'échanger avec Juan Antonio Pedreño, Président de Social Economy Europe et de la CEPES, invité pour l’occasion, permettant de revenir sur la pertinence de donner les moyens à l'ESS française de piloter son propre développement et de s’inspirer de la stratégie espagnole en faveur de l’ESS.
- Rencontres entre ESS France, l’AFD et ESS France Outre-mer, autour d’un futur partenariat stratégique pour accompagner le développement de l’ESS dans le monde et favoriser la structuration de fédérations représentatives et de systèmes financiers solidaires.
- Rencontre avec ConcertES autour des enjeux actuels de l'ESS, tant français, que belge et européen.
- Rencontre entre Unipso et ESS France, pour à travers une interconnaissance mutuelle échanger sur les dynamiques de coopération, la représentation patronale en France et en Belgique et les enjeux du dialogue social au niveau européen.
- Rencontre avec une importante délégation québécoise et ESS France, autour des sujets plateforme de marque ESS en inspiration de ce qui est déjà fait au Québec mais aussi tracer des perspectives communes sur les enjeux de repreneuriat et réfléchir à travers la création d’un groupe de travail dédié à un futur accord de partenariat entre le Chantier et ESS France.
- Echange entre Benoît Hamon et Yves Coppieters, Ministre francophone de la Santé, de l'Environnement, des Solidarités, de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes en Belgique.
- Echange privilégié entre Benoît Hamon et le Ministre Serge Papin.
- Echange avec Marine Tondelier, Secrétaire nationale d'Europe Ecologie les Verts (EELV)
- ...
Autant de rendez-vous qui ont illustré la dynamique internationale du Forum et la volonté partagée d’ancrer l’ESS dans les politiques publiques à toutes les échelles.
Le Forum a également accueilli le lancement de la 18e édition du Mois de l’ESS
Le Forum mondial a également été l'occasion de lancer officiellement le Mois de l’Économie Sociale et Solidaire 2025, organisé par ESS France.
Benoît Hamon a animé cet événement en présence d’Alioune Dione, ministre de la Microfinance et de l’ESS du Sénégal, de Sarah de Heusch, directrice de Social Economy Europe, et de Fernando Zamban, du secrétariat national de l’économie populaire et solidaire du Brésil. Tous ont partagé leurs initiatives nationales, illustrant combien l’ESS est aujourd’hui un levier mondial de transformation.
La soirée s’est conclue par la remise du 10ᵉ Prix national de l’ESS à l’association Dédale, engagée contre le sans-abrisme en mettant à disposition des logements vacants. Un projet exemplaire, rappelant — comme l’a dit son président Morgan Garcia — que plus de 350 000 personnes sont aujourd’hui sans abri en France.
(*) Pour "Global Forum for Social and Solidarity Economy" : Organisation mondiale de gouvernements locaux et de réseaux de la société civile
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GSEF de Bordeaux, richesses et incomplétude
Le GSEF, Forum mondial de l’ESS, qui s’est tenu la semaine dernière à Bordeaux, aura été une incontestable réussite.
Plusieurs milliers de responsables de l’ESS venus de près de 130 pays auront durant trois jours échangé et fait le constat des dynamiques ESS au service des solidarités, de la préservation de l’environnement mais avant tout de l’humain et de la démocratie sociale.
L’ouverture des travaux par Pierre Hurmic, maire de la ville, suivie par celle d’Alain Garnier, vice-président de la métropole, de Jean-Luc Gleyze, président du Conseil départemental de la Gironde et d’Alain Rousset, président du Conseil régional de Nouvelle Aquitaine, l’intervention de Stéphane Montuzet, président de la CRESS Nouvelle Aquitaine, furent tout sauf protocolaires.
D’entrée de jeu était mise en évidence la dimension territoriale de l’ESS, une économie de femmes et d’hommes qui vivent et œuvrent dans leur territoire qu’ils contribuent à développer.
13 assemblées plénières et 169 ateliers ont permis de faire connaître et de discuter des centaines d’expériences et de réalisations concrètes, d’engagements coopératifs, associatifs et mutualistes.
Dans un monde qui paraît trop souvent le champ clos des prédations des seuls capitalistes et libéraux, on a pu prendre conscience, en cette année internationale des coopératives que des centaines de millions de coopérateurs et de coopératrices (de plus en plus nombreuses) contribuent à des productions et des échanges qui assurent le quotidien et le bien-être de centaines de millions d’autres femmes et d’hommes le plus souvent en butte au développement des inégalités et de la pauvreté.
Des millions de militantes et de militants ESS sont engagés dans l’éducation populaire et la culture, dans le sport et les loisirs, dans la santé et le médico-social, dans les batailles écologiques. Partout dans le monde ce sont des structures ESS qui le plus souvent assurent la défense des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux reconnus par l’ONU. Un tel Forum permet à travers les échanges et les rencontres militantes de découvrir de nouvelles pratiques ou de faire avancer les démarches communes.
Dans un monde en proie à l’exploitation des antagonismes, au développement des errements populistes identitaires et aux violences guerrières, l’ESS présente à Bordeaux s’est voulue résolument, pour reprendre le mot de Benoît Hamon, « une économie de la paix ». Le président d’ESS-France aura eu des propos très forts pour dénoncer les dérives autoritaires et xénophobes qui ont conduit les autorités françaises à refuser des visas à des délégations africaines en contradiction avec l’esprit de ce Forum.
La défense de la démocratie fut aussi le substrat des engagements de toutes et tous.
Une des réussites de ce GSEF sera, à coup sûr, un retour de ses participants enrichis par les échanges et renforcés dans leurs engagements par la conscience de cette universalité de l’ESS.
Alors pourquoi parler d’incomplétude ?
L’œuvre de l’ESS est assurée par des millions de bénévoles qui composaient une très large part des personnes présentes au Forum, mais ils ne sont pas seuls.
Des millions de salariés y contribuent et parfois de manière déterminante.
Si une dizaine d’ateliers abordèrent la question du travail et si SimelEsim, directrice de l’unité Économie coopérative sociale et solidaire de l’Organisation Internationale du Travail —dont la reconnaissance de l’ESS aura été essentielle — éclaira les débats, pas un intervenant n’était un syndicaliste en tant que tel.
Bien sûr il y a les pays où syndicats et ESS ont entretenus dès l’origine et entretiennent encore des liens étroits (parfois mêmes organiques) à l’instar de l’Italie et de la Belgique ; mais dans bien des pays et en premier lieu la France, l’ESS et le mouvement social connaissent trop souvent des développements séparés. ESS Forum international, que préside Alain Coheur, travaille à l’ouverture d’un chantier multinational sur le sujet.
Ces liens trop distendus, voire cette césure, entre les deux composantes majeures de la société civile est préjudiciable à leurs développements respectifs, mais davantage encore à la démocratie sociale à l’heure où les néo-libéraux, les libertariens, les populistes la remettent profondément en cause.
Si les propos de Benoît Hamon en évoquant une économie la paix font écho à ceux de Franklin Delano Roosevelt en ouverture de la Conférence de Philadelphie, d’avril 1944, cette économie de la paix ne peut de développer qu’en liaison avec les combats des travailleurs pour une démocratie sociale la plus avancée possible.
Sans la démocratie sociale, la démocratie politique ne peut se maintenir qu’à travers des postures, des discours trompeurs ; faire vivre l’Esprit de Philadelphie — pour reprendre le titre de l’ouvrage d’Alain Supiot— est donc un enjeu majeur qui se pose à l’ESS et devrait se poser aux organisateurs du prochain Forum.
La mobilisation est indispensable !
Du 27 au 31 octobre se sont tenus successivement à Bordeaux deux évènements internationaux majeurs, la 10ème conférence internationale de recherche en économie sociale du CIRIEC et le Forum Mondial de l’économie sociale et solidaire (GSEF).
Le premier avait pour thème « Le rôle de l’ESS dans la transition socio-écologique » et le second « L’ESS, une condition pour la transition juste vers des territoires résilients et le bien-être de leurs habitants ».
Ce sont plusieurs milliers de participants, chercheurs, dirigeants d’entreprises, responsables politiques, militants de l’ESS qui sont venus des cinq continents pour débattre de la nécessité de promouvoir et de mettre en œuvre cette forme de gérer l’économie autrement, pour plus de justice, d’égalité, de solidarité, de responsabilité dans un monde en plein bouleversement. De l’OIT à l’ONU, les institutions internationales ont déjà sonné l’alerte sur cette nécessité, et édicté des recommandations claires en faveur de l’ESS. L’Union européenne a défini un plan d’action pour construire une économie au service des personnes et du développement durable.
Au cours de ces dernières années des discours très volontaristes ont fleuri pour s’engager dans le développement durable, un « développement qui réponde aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs », ainsi que le premier ministre norvégien le définissait il y a près de 40 ans. Aujourd’hui, on précise que le développement durable est un développement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable.
Mais qu’en est-il vraiment de ces discours ?
On a certes voulu sensibiliser les populations et les entreprises aux enjeux environnementaux un peu partout dans le monde, et engager des actions, avec plus ou moins de succès. On verra ce qu’il ressortira de la COP 30 qui s’ouvre au Brésil. Mais le développement durable se résume-t-il à des effets d’annonce en matière de RSE et à quelques changements du mode de consommation des individus? Ou ne nécessite-t-il pas une profonde refonte des systèmes de production et de distribution ? La réponse est bien évidemment oui.
Mais pour cela il faut une prise de conscience encore plus grande sur les enjeux économiques, sociaux et environnementaux de ce XXIème siècle, et trouver le point d’équilibre entre redistribution de la valeur créée, niveaux de vie, et actions en faveur de la protection de la nature et de la biodiversité.
Car comment s’intéresser à la dégradation de l’environnement lorsque de plus en plus de nos concitoyens ont avant tout pour préoccupation celle des fins de mois ?
Il faudrait également que l’action des Etats concrétise mieux les discours et les bonnes intentions et que les entreprises s’engagent résolument dans cette indispensable transition.
Or, on peut sérieusement en douter lorsque l’on constate qu’au niveau international les pays les moins avancés socialement et les plus pollueurs sont dans le déni voire l’outrance, que les grands groupes mondiaux font fi de leur impact sur l’environnement et que dans notre pays, la gestion publique n’a depuis longtemps comme horizon que l’année budgétaire, et comme outil principal la réduction des moyens alloués au service public. D’ailleurs, nous sommes à un moment où faute de politiques claires pour résoudre les crises et donner confiance en l’avenir, le contrat social vacille tandis que la cacophonie règne dans la classe politique.
Ce paysage est loin de susciter la sérénité et la confiance dont notre pays a pourtant besoin pour appréhender les réalités du monde et prendre en compte les enjeux du futur.
A défaut d’une mobilisation générale sur ces thèmes du développement durable et d’une transition juste et équilibrée entre revenu décent et écologie, nous prendrions de graves responsabilités vis-à-vis des générations futures.
C’est pourquoi, le rassemblement impressionnant enregistré à Bordeaux, la clairvoyance des intervenants et la qualité des débats menés au cours de ces deux évènements mondiaux font du bien. La résolution générale qui a été prise donne un cap clair qu’il faudra savoir tenir. Elle est politique, au sens noble du terme, et volontariste dans ses convictions, en positionnant clairement l’ESS comme levier de transformation sociale devant intégrer l’ensemble des politiques publiques.
Les orientations et recommandations édictées par cette résolution, aux côtés de la résolution internationale pour la jeunesse et la résolution pour une paix durable, incitent à poursuivre résolument la recherche académique et le partage d’actions de terrain pour démontrer que l’économie sociale et solidaire, conjuguée avec l’économie publique locale, est le meilleur moyen de mettre en œuvre une transition socio-économique juste, qui réenchante la démocratie et préserve la paix.
C’est depuis 78 ans l’engagement pris par le CIRIEC, qui se poursuivra dans le cadre de l’important protocole d’entente signé solennellement avec le GSEF le 28 octobre 2025 afin de renforcer le partenariat entre deux réseaux engagés dans la promotion et la production de savoirs sur l'économie sociale et solidaire.
C’est une belle reconnaissance pour la qualité des travaux menés par la communauté des quelque 700 chercheurs du réseau du CIRIEC dans le monde, que l’on apprécie à sa juste mesure et qui est mobilisatrice pour contribuer à changer la société.
Parce qu’encore une fois la mobilisation est indispensable ! *******
GSEF: une éclaircie.....
5 jours intenses à Bordeaux durant lesquels l’ESS était mise à l’honneur.
5 jours où deux organisations se sont unies pour apporter des regards différenciés sur l’ESS.
5 jours qui ont permis à tous les participants de revenir requinqués pour poursuivre leur action pour une économie du partage, de l’écoute, du mieux faire ensemble, du respect, dans un contexte mondial et national désespérant.
Bordeaux du 27 au 31 octobre, c’est l’association du CIRIEC International et du GSEF (Forum Mondial de l’Économie Sociale et Solidaire) qui, chacun dans leur domaine, ont démontré l’importance de l’économie sociale et solidaire dans le développement économique et social de tous les pays.
Le GSEF
Et les réseaux sociaux (LinkedIn, Facebook, ...) bruissent du succès du GSEF. Chacun va de sa description dithyrambique des 2,5 jours (du 29 au 31 octobre) de rencontres, de conférences, d’interventions, d’échanges, d’apprentissage, de retrouvailles, de découvertes, ...
Aucune note discordante dans les propos tenus, si ce n’est sur le nombre de participants ou de pays présents, chacun y allant de son évaluation. Je retiendrai seulement les chiffres donnés par Timothée Duverger, l’un des maîtres d’oeuvre de ce grand moment : 10.200 participants, 109 pays présents.
Et une reconnaissance moyenne de la part de l’État français qui s’est contenté d’un discours en vidéo du Président de la République et d’une intervention de Serge Papin, nouveau Ministre des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir d’achat auquel est rattaché l’Économie Sociale et Solidaire. Le minimum syndical pour une économie qui représente 14% des emplois privés !
Alors, nous ne pourrions dire mieux que ce que tous ceux qui ont participé et qui ont le post rapide et facile ont dit.
Oui, ce fut une véritable réussite ; oui, les panels des tables rondes étaient ce qui se fait de mieux en la matière ; oui, les interventions en séance plénière ou les conférences étaient d’une qualité indéniable et donnent à penser, à s’engager, à poursuivre la défense de cette forme d’économie ; oui les tables rondes étaient de grande qualité, avec des choix pertinents dans les parcours proposés, les salles pourtant adaptées étaient toutes trop petites pour contenir les participants ; oui, l’organisation matérielle était on ne peut plus précise
13 séances plénières politiques et thématiques, 169 tables rondes sur des thèmes tous plus intéressants les uns que les autres : l’épuisement n’est pas loin en fin de journée lorsque l’on veut participer à un maximum de ces temps forts.
Mais la satisfaction de retrouver tant et tant de participants avec qui nous partageons les mêmes valeurs et pour qui l’humain prime sur le capital est entachée par la politique de gouvernement français qui a refusé 1000 visas à des participants, africains en particulier. Comment le pays des Droits de l’Homme peut-il avoir une telle attitude, comment le pays montré en exemple en matière d’économie sociale et qui a su inspirer de nombreux autres pays peut-il refuser aux ressortissants d’autres pays de se retrouver pour échanger et construire ensemble une autre société ? Nombreux furent ceux qui dénoncèrent cette décision et nous devons continuer à condamner ces pratiques injustes et injustifiables.
La 10ème conférence internationale de recherche en économie sociale
Si les articles, posts, commentaires, ... n’ont pas manqué sur le GSEF, plus rares furent ceux concernant la 10ème conférence internationale de recherche sur l’économie sociale organisée par le CIRIEC international et le CIRIEC France et qui s’est déroulée du 27 au 29 octobre 2025. Autre temps, autre lieu. Nous nous sommes retrouvés à Sciences-Po Bordeaux sur la question : « le rôle de l’ESS dans la transition socio-écologique ».
Cette 10ème conférence s’inscrit dans la suite des travaux menés par le CIRIEC International et les CIRIEC des différent pays dans lesquels il est présent et constitue « une plateforme essentielle pour les universitaires, les chercheurs et les praticiens qui souhaitent explorer l’impact et les contributions de l’économie sociale et solidaire (ESS) aux grands défis contemporains. » (texte de lancement de l’appel à contribution).
Cet évènement, regroupant 400 participants dont 80% provenant d’autres pays que la France, permet aux contributeurs de promouvoir leurs travaux sur et dans l’économie sociale. Ce sont plus de 50 pays qui sont représentés par près de 500 propositions dont 200 retenues pour présenter une communication à l’occasion de ces deux jours et demi.
La conférence du CIRIEC qui se déroule tous les deux ans est un moment de référence au plan mondial pour que chercheurs et universitaires puissent débattre, informer, communiquer sur tous les aspects de développement de l’économie sociale.
Cette 10ème conférence internationale de recherche du CIRIEC sur le thème central : « Le rôle de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) dans la transition socio-écologique » a marqué une étape importante, car elle a permis de consolider la reconnaissance de l’ESS comme un pilier essentiel de l’économie, aux côtés des secteurs public et privé, capable de répondre aux besoins sociaux, environnementaux et économiques de manière équilibrée.
Ces questions ont été explorées à travers des communications, tables rondes et ateliers, avec l’objectif de renforcer la visibilité et l’efficacité de l’ESS face aux enjeux globaux. Ce sont 13 séances plénières, 10 informations de partenaires et 60 ateliers qui ont permis de progresser dans la réflexion et les propositions, de partager des points de vue et des approches entre universitaires, chercheurs et acteurs. Les communications qui ont été présentées montrent le dynamisme et l’étendu du champ de la recherche dans le monde.
Les principales questions et sous-thèmes discutés ont été :
-Mesure d’impact et statistiques de l’ESS,
-ESS et secteurs écologiques/énergétiques,
-Écosystèmes territoriaux et transition,
-Identités,
-hybridations et innovations ,
-Financement et modèles économiques,
- Réseaux et collaboration.
Les conclusions soulignent l’importance croissante de l’ESS dans la réponse aux défis contemporains, notamment la transition écologique et énergétique, l’innovation sociale, et la création de modèles économiques hybrides et durables.
La qualité des interventions donne l’occasion de comprendre les avancées significatives en matière de recherche sur/pour/par l’économie sociale.
Nous en retiendrons deux.
La table ronde entre la Dr. Marie J. Bouchard (Université de Québec à Montréal, CIRIEC Canada) et Benoit Hamon (Président d’ESS France) a été particulièrement suivie et appréciée tant il est intéressant de confronter à la fois les perceptions de deux continents (Québec et France), mais aussi les approches différenciées entre la chercheuse et le responsable de réseaux de l’ESS, tous deux acteurs engagés.
Disons-le, ce fut un moment fort de cette 10ème conférence.
Autre temps fort, ce fut la communication du Dr. Pavlina R. Tcherneva (président du « Levy Economics Institute, professeur d’économie du « Bard College ») en conclusion des travaux de cette 10ème conférence.
La conférence a aussi été l’occasion de signer un accord de partenariat entre le CIRIEC international et le GSEF (Global Social Economy Forum), renforçant ainsi la collaboration entre chercheurs, acteurs de terrain, gouvernements locaux et organisations internationales pour accélérer l’impact de l’ESS à l’échelle mondiale.
Ce protocole d’entente a été signé par Pierre Hurmic, maire de Bordeaux et président du GSEF, et Bernard Thiry, président du CIRIEC International pour un partenariat qui prévoit de valoriser les travaux respectifs à travers les réseaux des deux organisations sur les cinq continents, de coorganiser des événements scientifiques et de produire ensemble des contributions académiques sur des sujets d’intérêt commun. « Ce nouvel accord vient consolider une collaboration déjà riche entre deux réseaux engagés dans la promotion et la production de savoirs sur l'Économie Sociale et Solidaire. Il traduit une volonté commune de faire dialoguer la recherche, les politiques publiques et les pratiques de terrain au service d’un développement plus juste et durable. » (Timothée Duverger)
Ces cinq jours ont été un véritable carburant pour poursuivre notre action tant en France que dans le monde au travers des actions du CIRIEC International et du CIRIEC France. D’autres étapes importantes pour le CIRIEC mais aussi pour l’ESS sont à venir et le partenariat avec le GSEF est un élément essentiel de la cohésion nécessaire pour la recherche et pour la défense de l’ESS.
Et surtout, une nouvelle étape a été franchie, comme elle le fut à Dakar lors du précédent GSEF, par la signature par tous les pays présents de trois déclarations importantes pour les deux ans à venir :
-la déclaration de Bordeaux du GSEF (https://www.gsef-net.org/fr/bordeaux-gsef-2025-declaration),
-la déclaration pour une paix durable (https://www.gsef-net.org/fr/bordeaux-gsef-2025-sse-peace-declaration),
- la déclaration internationale de la jeunesse pour l’ESS (https://www.gsef-net.org/fr/bordeaux-gsef-2025-sse-youth-declaration).
TZCLD présent au Forum mondial de l'ESS
Les 29, 30 et 31 octobre avait lieu le Forum mondial de l’économie sociale et solidaire à Bordeaux (GSEF).
Près de 10 000 participants en provenance de 100 pays étaient réunis pour démontrer que, loin de représenter une utopie, les acteurs de l’ESS œuvrent d’ores et déjà quotidiennement à travers le monde à construire une autre société, plus solidaire, plus humaine et plus coopérative.
Territoires zéro chômeur de longue durée y était présent à travers notamment la participation de Laurent Grandguillaume à une plénière consacrée au travail décent comme outil d'émancipation.
Mais au-delà, la question de la job guarantee et du droit à l’emploi a irrigué les journées marquées notamment par une conférence inaugurale de Pavlina Tcherneva, économiste, Professeure associée au Bard College, sur le sujet.
Lire l’interview de Pavlina Tcherneva “Il est possible de garantir un droit à l’emploi pour tous” Alternatives économiques oct.25