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28 / 10 / 2024 | 110 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Inégalités femmes hommes parmi les personnels de soutien à la recherche : quels indicateurs ?

Le CEET (Centre d'études de l'emploi et du travail) (*) s'est penché sur le sujet. Célia Bouchet (**) dans le dernier numéro de Connaissance de l’emploi, qui vient d'être publié livre ses réflexions...

 

Les index d'égalité professionnelle femmes-hommes se fondent uniquement sur des indicateurs issus des services de ressources humaines, comme les écarts de rémunération, et ne prennent donc pas en compte les perceptions des salariés.

 

Dans cette publication  , elle met en lumière les apports d'indicateurs plus subjectifs, à partir d'une enquête sur les inégalités professionnelles entre femmes et hommes au sein d'un grand organisme public français de recherche.

 

Les avis exprimés par les agents sur leurs rémunérations mésestiment les écarts salariaux réels.

 

En revanche, d'autres critères renseignent des dimensions importantes des inégalités.

 

Les femmes, plus que les hommes, évoquent des dévalorisations quotidiennes, des obstacles à la progression professionnelle et des incertitudes sur le maintien en poste jusqu'à la retraite.

 

Ces informations directes sur les expériences des personnes apportent une perspective originale sur les inégalités prévues.

 

Un document à lire et faire lire...!!

 

(*) Le Centre d'études de l'emploi et du travail (CEET) est un programme transversal du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam)

cf: https://ceet.cnam.fr/ceet/centre-d-etudes-de-l-emploi-et-du-travail-accueil-947519.kjsp

(**) Célia Bouchet est affiliée au LIEPP.( Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques)

cf: https://www.sciencespo.fr/liepp/fr/

Elle  est post-doctorante au Centre d'études de l'emploi et du travail (CEET) depuis octobre 2023.

(***) Pour plus d'infos sur la note "Connaissance de l’emploi"
Pour télécharger la publication, cliquez ici.

 

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L’Apec a publié une étude révélatrice sur les inégalités persistantes entre les cadres femmes et hommes. Menée auprès de 2 000 cadres et 1 000 recruteurs, l'enquête met en lumière des écarts notables en termes de salaire, de progression de carrière, de conciliation vie professionnelle et personnelle, ainsi que des comportements sexistes perdurant dans les entreprises.

 

Des écarts de rémunération toujours flagrants

 

Les femmes cadres sont payées 12 % de moins que leurs homologues masculins. Malgré les compétences équivalentes et des parcours similaires, l’écart salarial reste significatif, et cela se ressent particulièrement chez les plus jeunes. À titre d’exemple, les femmes de moins de 35 ans gagnent 21 % de moins que les hommes du même âge. Cet écart, qui persiste même à profil identique, alimente un profond sentiment d'injustice chez les femmes cadres, 49 % d’entre elles estimant ne pas être rémunérées équitablement.

 

Peu d’entreprises prennent des mesures concrètes pour réduire cet écart. Seulement 25 % des grandes entreprises déclarent avoir alloué un budget spécifique pour l’égalité salariale, chiffre qui descend à 19% dans les PME et TPE. 

 

Des carrières freinées par des stéréotypes de genre

 

Un tiers des femmes cadres se sentent freinées dans leur carrière en raison de leur genre. L’observation confirme ce ressenti : seules 33 % des femmes accèdent à des postes de management (contre 46 % des hommes). Le "plafond de verre" reste une réalité tangible dans de nombreuses entreprises, où les postes à responsabilités sont encore majoritairement occupés par des hommes.

 

Ces inégalités d’accès aux postes à responsabilités demeurent souvent taboues. Le déni persiste autour de ces pratiques, notamment dans les PME et TPE, où les actions pour promouvoir l’égalité des chances au sein des équipes dirigeantes sont rares.

 

Une conciliation vie professionnelle et personnelle difficile

 

Les femmes cadres peinent davantage à concilier vie professionnelle et vie personnelle. Selon l’étude, 45 % des femmes cadres rencontrent des difficultés, contre 40 % des hommes. Ces difficultés sont exacerbées par la présence d’enfants en bas âge ou par l’occupation de fonctions managériales, ce qui pousse certaines femmes à devoir arbitrer entre carrière et vie personnelle.

 

Les inégalités dans la répartition des tâches domestiques jouent un rôle majeur. Par ailleurs, les mères cadres sont bien plus sollicitées que leurs conjoints pour s'occuper des enfants malades. Ce déséquilibre dans la sphère domestique complique encore la gestion de la double journée pour les femmes cadres.

 

Des conséquences sur la santé mentale des femmes cadres

 

Les difficultés à concilier vie professionnelle et personnelle peuvent avoir un impact direct sur la santé mentale. L’épuisement professionnel touche 54 % des femmes cadres, contre 42 % des hommes, une proportion inquiétante. De plus, 57 % des femmes cadres déclarent souffrir de troubles du sommeil liés à leur environnement de travail, un chiffre supérieur de 15 points à celui des hommes.

 

Le stress et l’épuisement émotionnel sont plus fréquents chez les femmes cadres. Près de 65 % d’entre elles rapportent une fatigue intense due à leur environnement professionnel, contre seulement 43 % des hommes. Selon l’Apec, ces différences montrent l’urgence d’instaurer des conditions de travail plus équilibrées et respectueuses de la santé mentale des femmes.

 

Des comportements sexistes encore trop fréquents

 

Malgré les efforts de sensibilisation, les comportements sexistes perdurent dans de nombreuses entreprises. 40 % des cadres déclarent être témoins de comportements sexistes au travail. Les femmes, en particulier, sont souvent confrontées à des remarques déplacées ou à des discriminations basées sur leur genre.

 

Les actions de sensibilisation ne suffisent pas à enrayer ces pratiques. Bien que certaines grandes entreprises aient mis en place des formations spécifiques, leur portée reste limitée. Le « sexisme ordinaire » continue de miner l’ambiance de travail et d’affecter le bien-être des femmes cadres.

 

Le chemin vers l’égalité professionnelle réelle et tangible semble donc encore bien long…

 

Lien vers l'étude : https://urlr.me/gpQ72

Alternance dans le supérieur: Un tremplin pour l'emploi et un levier de mixité

 

 

L'Apec a publié une étude sur l'alternance dans l'enseignement supérieur, soulignant son rôle crucial dans la formation des jeunes talents et la réduction des inégalités sociales. L'analyse met en lumière les bénéfices de ce dispositif pour les étudiants, les entreprises, et la société.

 

Un vivier de talents pour les entreprises

 

L'alternance, initialement dédiée aux jeunes peu qualifiés, s'est progressivement ouverte aux étudiants de niveau Bac+3 et plus. En 2023, plus de 400 000 étudiants étaient en contrat d’apprentissage, soit quatre fois plus qu’en 2018. Cette augmentation a été particulièrement marquée dans les écoles de commerce, où le nombre d'alternants a été multiplié par neuf. Pour les entreprises, l’alternance est une véritable stratégie de recrutement : 80 % d’entre elles embauchent des alternants avec l’objectif de les intégrer définitivement. Dans les trois dernières années, 52 % des entreprises ont embauché au moins un alternant à l’issue de son contrat, un chiffre qui grimpe à 82 % pour les grandes entreprises.

 

Un tremplin pour l'insertion professionnelle

 

Pour les jeunes diplômés, l'alternance représente un atout majeur dans leur entrée sur le marché du travail. Les diplômés ayant suivi un parcours en alternance accèdent à un emploi durable plus rapidement : 70 % d’entre eux décrochent un CDI, contre seulement 47 % des diplômés non-alternants. L’expérience en entreprise leur permet de développer des compétences pratiques et des savoir-être qui les rendent plus compétitifs. Par ailleurs, près de 90 % des alternants se disent satisfaits de leur immersion professionnelle, citant notamment la qualité de l’accueil et des missions confiées. Cela renforce leur confiance dans leur capacité à évoluer rapidement après leurs études.

 

Un accès élargi aux études supérieures pour les jeunes défavorisés

 

L’alternance joue également un rôle clé dans la démocratisation de l'accès aux études supérieures, notamment pour les jeunes issus de milieux modestes. Sans ce dispositif, plus d'un tiers de ces étudiants affirment qu’ils n’auraient pas pu atteindre le même niveau d'études, et plus de 50 % estiment qu'ils n’auraient pas intégré des établissements aussi prestigieux. En offrant une rémunération pendant les études, l’alternance permet à ces jeunes de financer leur scolarité tout en acquérant une expérience professionnelle précieuse. Toutefois, ils sont 75 % à signaler des difficultés dans leur recherche d’alternance, en raison de leur manque de réseau ou de discriminations, contre 63 % pour les autres.

 

Un levier contre les inégalités d'accès à l'emploi

 

Malgré les avantages financiers et pédagogiques de l'alternance, les jeunes issus de milieux modestes doivent souvent fournir plus d'efforts pour trouver une entreprise. Ils envoient plus de candidatures que leurs pairs et sont plus flexibles sur les conditions d’embauche. Seuls 25 % de ces jeunes décrochent une alternance après avoir envoyé moins de 10 candidatures, contre 40 % pour les autres étudiants. En outre, ces étudiants sont souvent contraints d’accepter des postes dans des secteurs ou à des conditions qui ne correspondent pas toujours à leurs aspirations initiales. 

 

Des perspectives de recrutement en hausse

 

L'étude de l'Apec montre que l'alternance n'est pas seulement bénéfique pour les étudiants, mais qu'elle est devenue un pilier dans les stratégies de recrutement des entreprises. En 2024-2025, 26 % des entreprises prévoient d’accueillir des alternants de niveau Bac+3 et plus, un chiffre qui monte à 80 % dans les grandes entreprises. Les petites structures, qui accueillent actuellement plus de la moitié des alternants (55 %), font face à des contraintes financières plus fortes, mais continuent d'y voir un moyen efficace de recruter des talents sur mesure, formés aux spécificités de leur secteur.

 

Ainsi, l’alternance, plébiscitée tant par les entreprises que par les étudiants, apparaît comme un levier essentiel pour l’emploi des jeunes diplômés et la promotion de l’égalité des chances. Elle s’affirme comme un modèle éducatif capable de répondre aux défis du marché du travail tout en participant à la réduction des inégalités sociales.


Lien vers l'étude : rlr.me/1CmL7